lundi 23 novembre 2020

103. Sur l'humour musulman

Quelques remarques sur des traits d’humour d’origine spécifiquement musulmane


Classement : 




On sait que l’humour caractérise la culture britannique traditionnelle ; il existe un « humour juif » bien connu ; l’humour français est souvent moins raffiné ; des journaux publiés dans certains pays musulmans pratiquent la caricature politique et l'humour populaire algérien est assez connu ; mais existe-t-il un humour spécifiquement musulman ?
J’analyserai quelques exemples qui ont des liens avec l'islam et avec l’humour.

Références
1) Marianne, janvier 2015, photographie de manifestants musulmans à Peshawar (Pakistan)
2) Causeur, novembre 2018, photographie d’une manifestante musulmane
3) France 3 Hauts de France, 14 novembre 2019, « Ils miment une rafale de kalachnikov devant un théâtre pendant un spectacle sur Charlie Hebdo » (lien)

1) Photographie : musulmans manifestant à Peshawar après l’attentat contre Charlie Hebdo (le 7 janvier 2015)


Il y a incontestablement un jeu de mots dans la formulation anglaise, fondé sur l’assonance (qui existe aussi en français) entre « heros » et « zeros ».
Si on examine le détail de l’affiche, on constate que la qualification de « zéros » s’applique à 4 personnes dont les photographies ont été rayées d’une croix rouge, dans lesquelles on pourrait reconnaître 4 des rédacteurs abattus le 7 janvier (notamment « Charb », Stéphane Charbonnier).
La qualification de « héros » s’applique à un individu cagoulé tenant une arme (une kalachnikov précisément) : un des frères K., auteurs du massacre.
Ce massacre est caractérisé sur une autre partie de l’affiche comme « a strong message » (un signal fort), ce qui pourrait à la rigueur passer pour de l’humour noir (fondé sur l’euphémisation du massacre en « message »).
En revanche, le jeu de mots sur « héros/zéros » n’est absolument pas humoristique, en raison de son caractère redondant avec le point de vue des manifestants. Il y aurait de l’humour si les héros étaient les rédacteurs abattus et les zéros les (ignobles) frères K.
L'allure des manifestants ne prête du reste pas à rire.

Ces traits d’« humour musulman » le rattachent à la tradition de l’ « humour totalitaire » (par exemple, les caricatures produites par les nazis au sujet des Juifs) : « humour » dans lequel les forts (ici, les amis des tueurs) se moquent sans aucune retenue des faibles (ici, les rédacteurs assassinés).

Noter en relation l’humour du fameux polygraphe Emmanul (et même très nul, je le qualifierais volontiers de « zéro ») Todd, qui considère l’islam comme « la religion des plus faibles » !

Dans le domaine de l'humour totalitaire, on peut aussi évoquer la musulmane Houria Bouteldja avec l'invention de la dénomination « souchiens » pour « Français de souche » ; la connotation de « souchiens » par « sous chiens » peut difficilement être évitée, quelles que soient les « intentions » que prétend avoir Mme Bouteldja. Par ailleurs, autre gag qu'elle a imaginé : poser en souriant aux éclats avec une pancarte « Les sionistes au Goulag » ; ce qu'on se marre ! (Elle ne les envoie pas à Auschwitz, mais c'est sans doute parce que, pour elle, le Goulag a une existence certaine).

2) Photographie : musulmane manifestant contre l’islamophobie à Paris en novembre 2019

(Il me semble bien avoir vu une photo antérieure de la même manifestante, arborant sa pancarte libellée: « Si je vous dérange, je vous invite à quitté mon pays ». La faute a ensuite été corrigée, mais pas à la perfection.)

Le trait d’humour réside dans la phrase : « Si je vous dérange [par le port du voile], je vous invite à quitter mon pays ».
Précisément l’humour consiste dans le retournement de l’injonction « de droite », éventuellement xénophobe, d’origine américaine : « This is our country. Love it or leave it ! ».(« Ceci est notre pays. Aimez-le ou quittez-le ! », dont le sens est ici librement transcrit en « Ceci est mon pays. Aimez-moi telle que je suis ou quittez-le ! »
Malgré l'apparence « bon enfant » de la scène (sans comparaison avec celle des six barbus de Peshawar), l’« invitation » de cette brave musulmane conserve la tonalité de menace et de rejet qui se trouve dans l’injonction américaine, et n’est finalement pas amusante du tout. Cela aurait été un peu moins menaçant, moins moqueur, à défaut d'être plus drôle, si elle avait écrit : .« Si je vous dérange, venez en discuter avec moi. » (Ce serait plus « inclusif »). 

3) Intervention artistique (novembre 2019)
Il s'agissait d'un spectacle fondé sur le texte de Charb Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu qui font le jeu des racistes. Des jeunes gens pleins d'humour ont donc apporté une contribution cocasse à ce spectacle. Rien ne prouve cependant qu'il s'agissait de musulmans.

Conclusion
Ces exemples me semblent montrer qu’il n’existe pas à l’heure actuelle d’humour spécifiquement musulman, un humour qui pratiquerait l'ironie envers les musulmans, voire les islamistes, plutôt que la moquerie envers des gens considérés comme des ennemis ou des adversaires.
Les musulmans sont d’ailleurs sur ce point en accord avec d’autres groupes militants, intersectionnels : toujours sérieux comme des papes !.



Création : 23 novembre 2020
Mise à jour : 28 novembre 2020 (intervention théâtrale, novembre 2019)
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 103. Sur l'humour musulman
Lien : hthttps://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/11/sur-lhumour-musulman.html







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