dimanche 13 décembre 2020

116. À mort l'arbitre (pour un oui, pour un non) !

A propos de l'affaire de l'arbitre roumain lors du match PSG-Basaksehir


Classement : antiracisme spectaculaire




Référence
*Le grand face à face, France Inter, 12 décembre 2020, à propos de l’affaire du match PSG-Basaksehir du 9 décembre à Paris [cette émission d'Ali Baddou réunit chaque semaine Natacha Polony et Gilles Finchelstein, ainsi qu'un invité politique qui intervient dans la seconde demie heure]

L'affaire
Un arbitre de second rang, de nationalité roumaine (comme les autres arbitres) a dit à un collègue en parlant d’un membre noir du staff de l’équipe turque : « Identifie qui est le Noir, là ». Mais comme il parait en roumain, il a utilisé le mot « negru », qu’un autre protagoniste a interprété comme « negro », « nègre ». Estimant qu’il n’avait pas proféré d’insulte, l’arbitre a refusé de présenter des excuses (en revanche, selon un professionnel de la profession, il aurait pu s'excuser de ne pas connaître le nom de quelqu'un qui était un protagoniste du match).
Suite à un épisode d’indignation collective, les deux équipes ont décidé de suspendre le match, qui a finalement été joué le lendemain.

L’émission
Cette affaire étant venue en discussion, Natacha Polony essaie de minimiser la faute de l’arbitre, mais elle pense tout de même qu’il a été « raciste ». Gilles Finchelstein, lui, estime qu’il n’a pas d’excuse. Tous approuvent la « saine réaction » des joueurs et développent sur le racisme des tribunes, qui relève d'un autre sujet, à mon avis.
Je leur ai donc adressé le message suivant (via la messagerie de France Inter, Relations auditeurs :

Message
« À l'attention de M. Ali Baddou, Mme Polony, M. Finchelstein
Professeur dans un collège de la banlieue de Nantes où il y avait quelques élèves noirs (ou faut-il dire "de couleur" ?), mais très peu, je me souviens avoir entendu un élève délégué de classe parlant en classe aux autres élèves : « Il faut vous adresser à X » et sentant que tout le monde ne savait pas qui était X, qui était d’une autre classe, il a ajouté « c’est le Black ! ».
Personne n'a catalogué cela comme "raciste" : tout le monde a compris qu’il donnait une indication caractéristique.
Est-il dès lors raciste de dire « le Noir », mais pas de dire « le Black » ? Si je me trouvais en Afrique « noire » (ou faut-il dire "subsaharienne" ?), dans une foule, je ne verrais pas de racisme à ce que quelqu'un (sans s'adresser à moi) me désigne comme « le Blanc, là » : a priori, c'est un moyen de repérage (c'est la suite qui peut dire s'il y avait du racisme dans cette formule).

Pour ma part et jusqu'à plus ample informé, je ne peux donc pas considérer que l'arbitre roumain désignant (sans s'adresser à lui) un collègue ou un joueur comme « le Noir, là » ait proféré ipso facto une parole raciste.
En revanche, je trouve effarant le fait que les joueurs aient cru bon d'exercer un « droit de retrait ». Il ne leur a pas suffi de manifester leur mécontentement (peut-être justifié, peut-être pas) à l'intéressé ; je suppose que celui-ci aurait compris la leçon. Non, ils se sont retirés, comme s'ils étaient face à une menace (se sont-ils brusquement identifiés à Samuel Paty ?) ! Qu'est-ce qu'un monde où des gens se sentent gravement menacés par une simple parole, fût-elle raciste (même en supposant que l'arbitre ait dit, volontairement et sciemment, « nègre ») ?
Il ne leur suffisait pas de déférer le « criminel » (le présumé coupable) devant les instances de l’UEFA ? De demander qu’il soit incarcéré jusqu’à son jugement ? Ces sportifs payés des sommes mirobolantes ont arrêté le travail pour une raison aussi futile ?
Et ils trouvent des journalistes et des commentateurs pour trouver ça admiraaaable ! Des joueurs si délicats qu'ils n'ont jamais réagi de cette façon quand tel ou tel joueur était réellement insulté, assimilé à divers animaux par des supporters !

On dirait qu'ils sont contents d'avoir tout d’un coup trouvé un coupable dont le principal crime aux yeux de ces glorieux sportifs est qu’ils n’ont absolument rien à redouter de lui : c’est un arbitre [à mort l'arbitre], c’est un Roumain [c'est quoi Roumain ?], c’est tout seul [contre 22]. Tout ça n'est pas aussi beau que vous voulez le croire. »

Commentaires
Ça commence par « les réseaux sociaux sur le stade » : vous captez un mot (que vous ne comprenez pas vraiment, mais qui ressemble à un mot dont vous savez qu’il est très grave, extrêmement grave, à la limite y’a pas plus grave), vous vous indignez, vous dénoncez, vous rameutez vos potes, vous vous mettez à 22 contre un ; à ce moment, vous revenez dans le monde réel, vous vous apercevez que vous ne pouvez quand même pas tuer le coupable, mais ça vous fout le moral dans les chaussettes, vous ne pouvez tout de même pas continuer de jouer à la baballe quand des faits aussi graves se sont produits ! Vous débrayez, ce qui vous permet d’attirer l’attention du monde entier sur l’insécurité qui règne dans les stades, qui ne sont pas des safe spaces. et où on risque à chaque instant de subir des micro-agressions !
Il y a quelque chose de grotesque dans la disproportion entre ce qui a été dit et la réaction des joueurs (cf. Pour un oui pour un non). Même si l’arbitre avait dit quelque chose qui méritait une sanction (par exemple « nègre »), est-ce qu’un arrêt de 5 minutes n’aurait pas largement suffi ? Mais ils n'était pas possible qu'ils continuassent à jouer, ces grands sentimentaux, avec un arbitre en qui ils n’avaient plus aucune confiance…



Création : 13 décembre 2020
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Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 116. À mort l'arbitre (pour un oui, pour un non) !
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samedi 12 décembre 2020

115. Vive ze To Lose School of Economics !

Quelques remarques sur une institution universitaire de prestige


Classement : France ; université ; Ecole d'économie de Toulouse




Référence
*France Inter, Le 13-14 (Bruno Duvic), 9 décembre 2020, invités au débat « Emploi, précarité des jeunes : comment éviter une génération sacrifiée ? » (vers 13 h 45) : Emmanuelle Auriol, économiste, professeur à l’école d’économie de Toulouse et Thibaut de Saint Pol, sociologue, directeur de l’institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire

Présentation
Présentant ses invités, Bruno Duvic annonce « Emmanuelle Auriol, de la Toulouse School of Economics ». Par la suite, cette dame profère quelques lieux communs sur les « jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme ».. Le blabla habituel du journaliste de base parlant du système scolaire.

Message 1 : « C’est quoi la To lose School of Economic ? »
Ça m’a un peu irrité, j’ai envoyé un message qui n’avait évidemment rien de sérieux :

« Un de vos invités de ce jour, avez-vous dit, est professeur à la « To lose school of economics », c'est-à-dire, si je comprends bien l’anglais « L’école d’économie pour perdre » (à la bourse ?).
D’ailleurs, ce que j’ai entendu m’a effectivement fait penser que j’avais affaire à une belle bande de losers, dont la pensée se résume à des lieux communs des plus inintéressants. »

Curieusement, j’ai reçu, deux jours plus tard, une réponse émanant des services de la médiation de Radio France :
« Nous avons bien pris connaissance de votre message.
Pour votre complète information, sachez que la Toulouse School of Economics (TSE) est un centre de recherche et de formation de renommée mondiale qui réunit plus de 150 enseignants-chercheurs et qui est classé 9ème centre d'économie au monde.
A toutes fins utiles, voici un lien pour découvrir ce centre https://www.tse-fr.eu/fr qui n'est, à proprement parlé, pas vraiment fréquenté par des "losers" (pour reprendre votre aimable expression).
Sachez que la Toulouse School of Economics est présidé par Jean Tirole, lauréat du Prix Nobel d’économie 2014.
Nous vous remercions pour votre fidélité Cher Monsieur. »

Message 2
Un peu surpris par cette réponse (à la fois par son origine et par son ton plein de gravité), j’ai envoyé un nouveau message :
« Je précise que mon message n'était pas destinée à la médiatrice, mais à M. Duvic ; simplement, le journal de 13 heures n'apparaît pas dans la liste des destinataires "Contact" de France Inter, c'est pourquoi je l'ai adressé à "Relations auditeurs".
Il est bien évident que je suis au courant de ce qu'est la Toulouse School of Economics. J'ironisais sur une école française qui s'affuble d'un nom anglais (dans la ville occitane qu'est Toulouse, de surcroît !), ce que personnellement je trouve ridicule, alors que M. Duvic semblait se gargariser en prononçant le nom de cette école. Je retire donc le mot de "losers", je mettrai à la place "ridicules".
Il me semble bien par ailleurs que l'association "Toulouse/to lose" a déjà .été faite il y a des années par Claude Nougaro. Je ne prétends pas en être l'inventeur. »

Dénouement provisoire
Cherchant à compléter mes informations, je me suis rendu sur la page correspondant à cette séquence (lien) et j’y fais une découverte amusante : il est indiqué « Emmanuelle Auriol, économiste, professeur à l’école d’économie de Toulouse ».
Il semble en effet que le nom premier de cette école soit "École d'économie de Toulouse", dans le cadre de l'université Toulouse 1-Capitole.
Mais le nom utilisé de façon systématique est "Toulouse School of Economics", sans doute pour faire branché, et c'est bien ce qu'a dit M. Duvic (en semblant se gargariser devant la beauté de son accent anglais).
Pourquoi ?
O moun païs, o to lose !



Création : 12 décembre 2020
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Auteur : Jacques Richard
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jeudi 10 décembre 2020

114. La « société patriarkale » : origine du concept néoféministe de patriarcat

Quelques remarques sur un concept foireux de la rhétorique féministradikale


Classement :




Ceci est une suite des pages :
*La bêtise du féminisme radikal : la « société patriarcale », dans laquelle je pars du cas d'une folliculaire de Télérama pour présenter une première approche la question .
*La « société patriarkale » : usages du concept, dans laquelle je présente divers usages actuels ou récents des termes qui lui sont associés.

B) Origines du concept féministradikal du « patriarcat »
1) Marilyn French, 1992
Douglas Murray se réfère à un ouvrage de Marilyn French, La Guerre contre les femmes (L'Archipel, 1992), publié en anglais en 1992 (The War Against Women, Hamish Hamilton).
Selon Murray, French indique au début de son livre (pages 1-2) que « pendant environ trois millions et demi d'années, l'espèce humaine a vécu dans une situation où hommes et femmes étaient égaux. [...] Mais depuis le quatrième millénaire avant Jésus-Christ, nous informe French, les hommes ont commencé à édifier "le patriarcat", un système qu'elle définit comme "une suprématie masculine reposant sur la force". Pour les femmes, "depuis, c'est la descente aux enfers". On nous explique qu'elles ont "probablement" été les premières esclaves et qu'elles ont été, depuis lors, "de plus en plus affaiblies, dégradées et soumises". Au cours des quatre derniers siècles, selon French, cette situation est devenue complètement incontrôlable, les hommes ("principalement en Occident") essayant de "resserrer leur contrôle sur la nature et sur ceux qui sont associés à la nature - les gens de couleur et les femmes" ».
La présentation que fait Murray de ce passage de l'ouvrage de French est-elle correcte ? C'est à vérifier, mais à première vue, elle ne paraît pas inepte. 
A noter que la problématique générale de French est que, après que les femmes ont réussi à conquérir des droits, il existe un phénomène de retour « retour de manivelle », « les hommes » s'apprêtant à revenir sur ces droits conquis (cf. l'ouvrage contemporain de Susan Faludi, Backlash La Guerre froide contre les femmes (Editions des Femmes, 1993) [Backlash The Undeclared War Against Women, Vintage, 1992], problématique assez irréaliste sous plusieurs aspects. On rencontre ici un avatar du grand thème stalinien (ou bolchevique) de « l'aggravation de la lutte des classes (du fait de la résistance des anciens exploiteurs) quand on approche de la fin du processus ». Du reste, il est clair que le mouvement intersectionnel prend facilement des postures staliniennes ou maoïstes (sans le vouloir probablement, du fait de la situation objective où il se trouve.

À suivre



Création : 10 décembre 2020 (par scission d'une page créée le 2 décembre 2020)
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Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 114. La « société patriarkale » : origine du concept néoféministe de patriarcat
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mardi 8 décembre 2020

113. À propos du fameux slogan « Collège unique, collège inique » (lol)

Quelques remarques sur un bouc émissaire de la pensée médiatique concernant l'enseignement en France


Classement :




Un des éléments souvent critiqués du système d’enseignement français est la «  collège unique ». Mais que critique-t-on au juste à travers cette notion qui est devenu un gimmick du prêt-à-porter médiatique, y compris de la part de quelqu'un qui fut un intellectuel, François Bayrou, avec son slogan « Collège unique, collège inique » (ce qu’on se marre !).

J’ai l’impression que beaucoup de gens ne savent pas ce que représente la réforme du « collège unique », incluse dans ce qui est couramment appelé « loi Haby », du nom du ministre de l’Éducation nationale sous la présidence Giscard d’Estaing. Mais pour comprendre, il faut remonter une quinzaine d’années en arrière.

L'enseignement secondaire au début des années 1960 : lycées et CEG
Si on remonte à cette époque un peu éloignée, mais pas tant que cela (pour ma part, je suis entré en 6ème en 1961), le système d'enseignement secondaire prolongeait  celui qui avait été établi au cours du XIXème siècle avec :
1) les lycées, créés par Napoléon (mais issus des « collèges humanistes » de la Renaissance, révisés par les Jésuites et les Oratoriens sous l’Ancien Régime) qui scolarisant les élèves de la 6ème à la Terminale, mais comportaient souvent des classes de niveau primaire (« petits lycées ») logiquement appelées : 7ème, 8ème, jusqu’à la 11ème . Bien entendu, entraient aussi en 6ème au lycée des élèves issus de classes primaires « normales », celles des « écoles communales » (soumis jusque vers 1960 à l'examen d'entrée en 6ème). Dans les lycées, on pouvait apprendre des langues variées ainsi que le latin et le grec ancien ; les professeurs étaient soit des agrégés, soit des certifiés (grade créé vers 1950)
2) l’ancien enseignement primaire supérieur, les Ecoles primaires supérieures d'avant la Seconde Guerre mondiale, dont le nombre avait été accru et qui étaient maintenant appelées « Cours complémentaires » ou, plus souvent, « Collèges d’enseignement général ». Les CEG s’arrêtaient à la 3ème ; ils ne proposaient pas le latin ni le grec ; le choix de langues vivantes était limité ; les professeurs étaient des PEGC (Professeurs d’enseignement général des collèges) bivalents, c'est-à-dire susceptibles d'enseigner deux disciplines séparées dans les lycées (français+histoire-géographie, français+anglais, etc.). Une bonne part des PEGC avaient commencé comme instituteurs, mais les plus jeunes étaient recrutés au niveau du DEUG (fin de la seconde année à l'université).
Noter que comme la scolarité obligatoire s’arrêtait à 14 ans, pas mal d’élèves n’allaient pas du tout dans l’enseignement secondaire, les écoles primaires ayant au delà du CM2 des classes de « fin d’études » qui pouvaient les emmener jusqu’à l’âge limite.

La réforme de 1963 : scolarité à 16 ans et CES
La principale mesure est l’allongement de la scolarité à 16 ans ; cela signifie que tout le monde devra passer par l’enseignement secondaire.
Une autre mesure importante est la création des Collèges d’enseignement secondaire (CES) qui regroupent les élèves de premier cycle (de la 6ème à la 3ème), mais répartis entre deux filières la filière 2 (classes de « type CEG ») et la filière 1 (classes de « type lycée »), chaque filière ayant ses professeurs attitrés (PEGC/agrégés et certifiés).
Les premiers CES fonctionnent dès 1963 (personnellement, élève en 6ème-5ème du lycée Clemenceau de Nantes, j’ai été envoyé à la rentrée 1963 à l’annexe de la Colinière, qui débutait avec le statut de CES).
Des centaines de CES ouvrent de 1963 à 1975 (au moins un par canton) et au fur et à mesure, les classes de 6ème-3ème des lycées ferment, ainsi que les CEG.
Vers 1975, la quasi-totalité des élèves de premier cycle sont dans les CES ; la répartition entre « type 1 » et « type 2 » ne se fait pas dès la 6ème, mais en 4ème , de sorte que des PEGC peuvent enseigner en 6ème et 5ème dans les mêmes classes que des certifiés voire des agrégés (normalement en lycée, mais il y en a tout de même en collège).

La réforme Haby : le « collège unique »
Cette réforme est le prolongement logique de la réforme de 1963 : les deux filières sont amalgamées pour toutes les classes de CES, de la 6ème à la 3ème (et un souci constant par la suite sera d'éviter de reconstituer des « classes de niveau », grâce aux options allemand et latin notamment).
Désormais, les deux corps professoraux, toujours séparés statutairement, peuvent enseigner dans toutes les classes de premier cycle. Quelques années plus tard intervient la décision de mettre fin au recrutement des PEGC ; le corps des PEGC va donc s’éteindre progressivement, au fur et à mesure des départs à la retraite.

Logique de la réforme Haby
En soi, cette réforme correspond à la tendance générale à reculer l’âge de la « sélection » : dans les CES, une sélection intervenait à la fin de la 5ème entre filière 1 (classique ou moderne) et filière 2 (moderne seulement ; les élèves de filière 2 étaient en principe destinés à l'enseignement professionnel ou technique, mais quelques uns pouvaient tout de même accéder au lycée général).
Que dirait-on actuellement si ces deux filières existaient encore ? Il est évident qu’il y aurait des « luttes » (acharnées) pour en obtenir la suppression ! La critique du collège unique est, dans son principe, injustifiable moralement, et peu justifiée factuellement.
En fait, ces critiques pavloviennes ne prennent pas en compte ce qu’était « le collège pas unique », dernier avatar du système objectivement inégalitaire qui venait du XIXème siècle.

Malgré tout, il y a sans doute lieu de lui faire des critiques
D’abord, pour des raisons factuelles : en premier lieu, la réforme Haby a été accompagnée, de façon illogique, puisque le principe était d’assimiler la filière 2 à la filière 1, par une réduction des moyens (c'est-à-dire du nombre d’heures d’enseignement) dans certaines matières (notamment le français).
Une autre raison factuelle a été dans les années 1980-2010  l'application d'un principe selon lequel, si on entrait au collège (hors des classes spéciales, les transitions, pratiques, SEGPA, etc.), il n'était pas question d'en partir avant la 3ème : d'où la suppression des classes de 4ème et 3ème technique (là encore, on applique l'idée louable moralement qu'il faut repousser la sélection à plus tard).
Ensuite, pour une raison de principe : la domination d'un antiélitisme en partie justifié, mais dont l'application systématique, voire dogmatique, a pu générer un certain nombre de problèmes (les mesures antiélitistes étant sources d'économies, elles bénéficient de l'appui inconditionnel des instances administratives). 
Enfin, pour une raison de politique éducative, mais l'erreur était difficilement évitable.
L’unification du collège par l'alignement disciplinaire de la filière 2 sur la filière 1 a été réalisée au détriment des PEGC, alors que ceux-ci, en tant que professeurs bivalents, étaient peut-être mieux adaptés à l’enseignement du niveau collège.
Peut-être aurait-il fallu réformer le corps des PEGC : tout en maintenant la bivalence, imposer un recrutement de niveau plus élevé que le DEUG dans les matières choisies et aligner le statut du corps (traitement et temps de service) au minimum sur celui des certifiés, voire plus : peut-être aurait-il fallu créer un corps de professeurs agrégés de collège, bivalents, mais avec un traitement aligné sur celui des agrégés. On aurait de vrais « professeurs de collège », qui ne pourraient pas être considérés comme des has been par certains jeunes professeurs certifiés (dans les années 1970-1980, un certain nombre de ceux-ci méprisaient les PEGC comme « profs au rabais », alors que les certifiés étaient eux-mêmes, au départ, des « profs au rabais » par rapport aux agrégés, mais cet aspect de l’histoire avait disparu de la conscience collective du corps).

Conclusion
Il est probable que le ce n'est pas « le collège unique » qui est la cause de tous les problèmes actuels de l’enseignement en France.

Note : les certifiés comme profs au rabais
Les certifiés étaient recrutés avec une licence, les agrégés avec une maîtrise (avant la masterisation du recrutement) ; les traitements et les temps de service sont différents (18 h de cours contre 15). Les certifiés et agrégés ont accès à toutes les classes secondaires ; en revanche, les classes préparatoires sont réservées aux agrégés.



Création : 8 décembre 2020
Mise à jour :
Révision : 
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 113. À propos du fameux slogan « Collège unique, collège inique » (lol)
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dimanche 6 décembre 2020

112. Les hauts faits des Jeunesses butlériennes 2

Quelques remarques sur la conférence (non tenue) de Sylviane Agacinski à Bordeaux en 2019


Classement : intersectionnalisme ; Judith Butler ; Sylviane Agacinski




Ceci est la suite de la page Les méfaits des Jeunesses butlériennes.
Je donne ci-dessous quelques détails supplémentaires sur l’affaire Agacinski vs Jeunesses butlériennes, c'est-à-dire l’annulation d’une conférence prévue le 24 octobre à la « demande » (très expresse) de diverses associations « étudiantes » impliquées dans la diffusion de la théorie du genre (qui n'existe pas).

Référence
*Fabien Leboucq, « PMA : pourquoi la conférence de Sylviane Agacinski a-t-elle été annulée à l'université de Bordeaux ? », Libération, 27 octobre 2019 (lien)   

Texte
« En prévision de cette conférence est publié, le 6 octobre, un communiqué signé par plusieurs associations étudiantes de l’UBM [...]
Le communiqué rappelle quelques citations de la philosophe et se termine sur ce paragraphe : « Nous appelons l’UBM à prendre ses responsabilités : dans un contexte d’homophobie et de transphobie décomplexées (médias, manifestations anti-PMA, agressions, refus de la PMA aux personnes transgenres,…), il est dangereux et inconscient que l’université offre une tribune à une personne aux discours dignes de la Manif Pour Tous. Nous appelons les étudiant-e-s à se mobiliser contre la venue de cette conférencière au sein de leur lieu d’étude et mettrons tout en œuvre afin que cette conférence n’ait pas lieu. »

Quelles étaient les organisations « butlériennes » et leurs alliés ?
*le GRRR, qui n’est pas un groupuscule antispéciste, mais un « collectif étudiant anti-patriarcat »
*Riposte Trans (collectif trans et non binaire)
*Mauvais Genre-s (association rattachée au Master en Études sur le Genre de l’UBM)
*Wake-Up ! (association des jeunes et étudiant·e·s LGBT+)
*Solidaires Étudiant·e·s.

Un argumentaire inepte
Remarquons comme est convaincant l’argumentaire des butlériens quand ils évoquent « un contexte d’homophobie et de transphobie décomplexées (médias, manifestations anti-PMA, agressions, refus de la PMA aux personnes transgenres,…) ».
Qu’il y ait des agressions, c’est absolument certain. Est-ce que cela connote à soi seul « un contexte d’homophobie et de transphobie décomplexées » ? Cela reste à démontrer.
A part cela, en effet, ils dénoncent des faits relevant de la liberté d’opinion, faits qui d’ailleurs se confondent: « refus de la PMA aux personnes transgenres » et « manifestations anti-PMA » (si on est contre la PMA, on est forcément contre son octroi aux transgenres ; il faut bien tirer à la ligne).
Dernier argument, très curieux : « médias ». Qu’est-ce que cela veut dire ?
Que, selon les butlériens, les médias en France seraient massivement sur la ligne d’une expression « décomplexée » de l’homophobie et de la transphobie.
Chacun sait que c’est inepte : un nombre notable de médias sont favorables à leur cause (Libération, Télérama, L’Obs, Le Monde, Les Inrocks, Politis, Mediapart, etc.) et la majeure partie des autres n’exprime pas d’homophobie ni de transphobie réelle, même s'il est vrai qu'ils ne manifestent pas forcément un appui enthousiaste : mais est-ce que qui est exigé, c'est un enthousiasme obligatoire et inconditionnel ?

Sylviane Agacinski homophobe ?
Elle est accusée d’être « homophobe » non pas parce qu’elle « boufferait de l'homo » à tous les repas (elle n'en mange même pas le vendredi), mais simplement parce qu’elle est opposée à certaines revendications des associations mentionnées (les butlériens rétablissent donc le délit d'opinion, à moins qu'ils considèrent cela comme un blasphème ?). En prime de l'accusation d'« homophobie », l’assimilation à la Manif pour tous, d’un très haut niveau intellectuel et éthique (surtout de la part d'étudiants en mastère).
Remarquons que Leboucq, de son côté, ne reproduit aucune des citations utilisées dans le communiqué : il craint sans doute que même les lecteurs décérébrés de Libération s’aperçoivent de la nullité de l'argumentaire butlérien. Honnêteté journalistique oblige !

Conclusion
Tout va pour le mieux dans le « Meilleur des mondes » et les jeunes butlériens sont des gros nazes.

A venir
Aperçus sur l'idéologie butlérienne et les théories du genre.



Création : 6 décembre 2020
Mise à jour :
Révision : 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 112. Les méfaits des Jeunesses butlériennes 2
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/12/les-mefaits-des-jeunesses-butleriennes-2.html







samedi 5 décembre 2020

111. Les « jeunes antiracistes » d’Esprit en ont-ils ?

Quelques remarques (caustiques) à propos d'une enquête de la revue Esprit sur l’antiracisme des jeunes, dont on peut se demander s'ils en ont (de l'esprit !)


Classement : antiracisme ; Anne Lafont ; revue Esprit




Référence
*Rosetta M’Bake, « Des jeunes contre le racisme », Esprit n° 469, novembre 2020, pages 53-65
     
Présentation : le questionnaire
Il s’agit d’une « enquête coordonnée par Rosetta M’Bake » auprès de six jeunes antiracistes, menée de façon sans doute non simultanée. Une série de questions réparties en six groupes est proposée aux intéressés :
1) « Qu’est-ce que le racisme ? Et l’antiracisme ? Le racisme fait-il mal ? Croyez-vous que les États-Unis sont un pays moins ou plus raciste que la France ? Pourquoi ? »
2) « Êtes-vous également engagé-es dans d’autres causes ? Pourquoi l’antiracisme a-t-il été un mouvement international au printemps 2020 ?
3) « Dans quelle mesure avez-vous eu le sentiment que le contrat social, tant vanté, et fondé sur l’égalité des chances, se rompait et qu’il n’était plus possible d’y croire ? »
4) « Quelle figure passée ou contemporaine vous inspire le plus ? »
5) « Quelles formes d’engagement vous semblent les pus efficaces : celles, traditionnelles, du parti politique ou de l’association, ou bien, depuis Act Up, des performances éphémères et spectaculaires, comme la marche des fiertés ou encore les mobilisations avec signatures gestuelles (genou à terre, poing levé) qui relèvent de formes esthétiques ? »
6) « Comment envisagez-vous l’art dans votre engagement ? La création et les formes artistiques sont-elles des formes de résistance au racisme ? »

Qui est Rosetta M’Bake ?
Une première dans l’histoire du journalisme : quand on arrive à la fin de l’article, on trouve la signature Rosetta M’Bake, assortie d'une note qui indique que :
« C’est le pseudonyme d’une des membres du comité de rédaction de la revue Esprit. Elle a opté pour cette signature cryptée en résonance avec le choix de certains de ses interviewés, qui partagent avec elle un même marqueur social, celui de ne pas appartenir, physiquement à tout le moins, au groupe majoritaire. En effet, alors que tous les jeunes gens s’étaient vus offrir la possibilité de dissimuler leur identité, Yasmina A., Antoine Bourbon et Ife Melu ont été les seuls à s’en servir. Ce n’est pas anodin. La plupart du temps, Rosetta M’Bake est Anne Lafont. ».
Là, j’avoue que les bras m’en sont tombés. Donc « Anne Lafont » (« la plupart du temps ») a choisi une « signature cryptée », mais qui est immédiatement éventée, car l’objectif est sans doute de faire savoir (de façon extrêmement subtile, on pourrait dire précieuse au sens de Molière) au lectorat d’Esprit que Mlle Lafont n’est pas « blanche » : elle « n'appartient pas, physiquement … au groupe majoritaire » ; elle partage avec certains interviewés un « marqueur social » : la couleur de la peau (c’est plutôt « physique » que « social » d'où « à tout le moins », mais l'ineptie est tout de même maintenue !).
Cette « Anne Lafont » est en fait une employée de l’EHESS ; cependant, elle n'y fait probablement pas le ménage, puisqu’elle serait (selon des sources Google) « historienne de l’art ».

L’opération « pseudonyme »
« Tous les jeunes gens s’étaient vus offrir la possibilité de dissimuler leur identité », mais seulement trois l’ont fait. La rédaction, à moins que ce soit Rosetta Lafont, nous indique que « ce n’est pas anodin ».
Que signifie cette phrase ? Qu’est-ce qui n’est pas anodin ? Que « trois l’aient fait » ou que « seulement trois l’aient fait » ? Syntaxiquement, la seconde solution paraît correcte, mais ça n’a pas grand sens. C’est donc le premier sens qui est censé être considéré comme sensé, malgré l’atteinte à la logique.
On peut donc supposer que, vu les pseudonymes utilisés, ces trois personnes ont le même « marqueur social » qu’Anne M’Bake ; donc, ce qui ne serait pas anodin (du point de vue d'Esprit), c’est que les antiracistes non blancs se sentiraient menacés, alors que les antiracistes blancs pas du tout (une nouvelle preuve du « privilège blanc »).
Comprenne qui pourra ! Je n’ai pas l’esprit suffisamment agile pour décrypter cette opération intellectuelle de haut niveau.

Les protagonistes
Je donne ici les indications fournies en note.
(sous pseudo)
*Yasmina A. : noire, musulmane
*Antoine Bourbon : élève de l’ENS Ulm
*Ife Melu : « Française des Caraïbes » (c'est-à-dire, probablement, des Antilles) ; 34 ans ; à Paris depuis 2010 ; précédemment assistante sociale, aujourd'hui doctorant en sociologie
(sans pseudo)
*Maël Bailly : musicien, compositeur, étudiant du Conservatoire ; grands-parents maternels algériens ; militant LO ; membre du collectif La Crécelle
*Cosima Degioanni : « jeune femme blanche », elle a été scolarisé « dans le Marais », puis « dans le Val-de-Marne » (!) ; fait un master à l’EHESS sur « l’engagement antiraciste chez les jeunes personne blanches »
*Paul Tommasi : 28 ans ; responsable d’une revue en ligne, Dièses, luttant contre les discriminations

Remarques
On remarque l’utilisation ostentatoire des normes les plus contemporaines en matière d'orthographe (écriture inclusive) et de vocabulaire branché (vocabulaire racialiste du néo-antiracisme) dans une revue qui semble prise dans une dérive qui l'entraîne hors de sa tradition humaniste (peut-être illusoire) qu'on lui prête volontiers..

Analyse et commentaire des interventions des jeunes antiracistes
À venir

14 mars 2023 : je n'ai rien à retirer de cette page ; j'avais acheté ce numéro, comme d'autres précédemment, je 'ai plus jamais acheté Esprit, ni lu gratuitement dans une bibliothèque, ni feuilleté dans chez un marchand de journaux. La complaisance néo-antiraciste de ce numéro était tout simplement vomitive.



Création : 5 décembre 2020
Mise à jour : 14 mars 2023
Révision : 14 mars 2023
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 111. Les « jeunes antiracistes » d’Esprit en ont-ils ?
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/12/les-jeunes-antiracistes-ont-de-lesprit.html







110. Les hauts faits des Jeunesses butlériennes

Quelques remarques sur la conférence (non tenue) de Sylviane Agacinski à Bordeaux en 2019


Classement : intersectionnalisme ; Judith Butler ; idéologie butlérienne




Les faits
Le 24 octobre 2019, Sylviane Agacinski devait faire une conférence à l’université de Bordeaux : « L’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique ». Comme on le sait, elle en fut empêchée du fait des menaces non voilées de plusieurs groupes d’activistes étudiants.

Interprétation (amusante)
Sylvianne Agacinski est, notamment, une adversaire des « thèses » de la « philosophe » US Judith Butler (professeur antisystème de philosophie subversive, exerçant à l’université de Baaahklèè, Californie).
Sylviane Agacinski est donc, en quelque sorte, une philosophe anti-butlérienne. Et il est normal que sa conférence ait été empêchée par un groupe de jeunes butlériens fanatisés (les Jeunesses butlériennes, en quelque sorte).



Création : 5 décembre 2020
Mise à jour :
Révision : 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 110. Les méfaits de l'idéologie butlérienne
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/12/les-mefaits-de-lideologie-butlerienne.html







jeudi 3 décembre 2020

109. Rokhaya Diallo, Bernard Maris et Luce Lapin

Quelques remarques sur la pétition de 2011 contre Charlie Hebdo et sur l'attentat du 7 janvier 2015


Classement : islamophilie ; intersectionnalisme ; extrémisme gauchisant ; Rokhaya Diallo




Exorde
Je condamnerais catégoriquement toute personne qui insinuerait que Mme Rokhaya Diallo pourrait avoir une responsabilité dans l’attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo.
CEPENDANT, car il y a un cependant (de même que beaucoup de gens ont dit : « Bien entendu, je condamne cet attentat, MAIS ils n'auraient peut-être pas dû.../ils l'ont peut-être un peu cherché, non ? »), j’aurais préféré que lors de l’attentat de 2011, qui n’avait causé aucun mort, elle ait eu une réaction différente.

Ce que Mme Diallo fit en 2011 après l'attentat contre Charlie Hebdo
Elle crut bon de lancer une pétition intitulée « Pour la liberté d’expression, contre le soutien à Charlie Hebdo », pétition qui affirmait que cet attentat, n'ayant fait aucune victime, ne valait pas la peine qu’on en parlât, mais qu’il fallait en revanche parler de toute urgence de l’absence de liberté d’expression
*des femmes musulmanes contraintes par la République de sortir « cheveux au vent » ;
*des chômeurs, des précaires, etc. toutes catégories qui n'ont jamais le droit de s'exprimer dans les médias. (C'était un peu opportuniste, elle aurait pu s'en préoccuper auparavant. Bon, c'est comme ça !)

Ce que Mme Diallo aurait pu faire en 2011
Elle aurait pu promouvoir une autre pétition, disant par exemple : « Nous ne sommes pas d’accord avec les attaques de Charlie Hebdo contre la religion musulmane, MAIS elles ne justifient pas des attaques physiques contre ce journal, dans lequel par exemple, Bernard Maris défend un point de vue économique que nous considérons comme correct, tout comme nous semble positive la chronique animalitaire de Luce Lapin. Par conséquent, nous estimons nécessaire que Charlie Hebdo continue de s’exprimer ». (Personne ne lui aurait reproché d’avoir démarqué la phrase bien connue attribuée à Voltaire).

Mme Diallo mérite-t-elle d’être excusée relativement à sa mauvaise action de 2011 ?
Il va de soi que Mme Diallo, n’ayant jamais envisagé de se « salir les mains » en feuilletant Charlie Hebdo, ignorait, comme la plupart des gens qui "n'aiment pas Charlie Hebdo", l’existence des articles de Bernard Maris et Luce Lapin, qui a survécu (mais pas Bernard Maris). C’est donc en toute bonne foi et avec la conviction (chère à Max Weber) et la sincérité qu’on lui connaît que Mme Diallo crut bon de lancer la pétition « contre le soutien à Charlie Hebdo ».
Or, peut-être que si, en 2011, Charlie Hebdo n’avait pas été explicitement et implicitement, réduit à son « islamophobie » (prétendue) et à une sorte d’indifférence (totalement injustifiée) au sort des plus pauvres, si cela avait été affirmé par une personnalité aussi notable que Mme Diallo, les frères K. (de sinistre mémoire) auraient réfléchi à deux fois avant d’aller décimer la rédaction du journal.
Mme Diallo dira certainement pour sa défense : « Je n’étais pas la seule à dénoncer l’islamophobie de Charlie Hebdo » ; elle proclamera assurément : « En plus, c’est pas moi qui a commencé ». Et, effectivement, elle était accompagnée dans ces opérations de désinformation par toute la clique intersectionnaliste, ainsi que par un certain nombre d’officines étrangères (pas du tout intersectionnalistes) se réclamant de l’islam, qui n'étaient pas sans influence sur l'esprit des frères K.

Conclusion
Il en résulte donc clairement que Mme Diallo n’a absolument aucune responsabilité légale dans l’attentat du 7 janvier.



Création : 3 décembre 2020
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 108. Rokhaya Diallo, Bernard Maris et Luce Lapin
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/12/rokhaya-diallo-bernard-maris-et-luce.html







mercredi 2 décembre 2020

108. La « société patriarkale » : compléments

Quelques remarques sur un concept foireux de la rhétorique féministradikale


Classement :




Ceci est une suite des pages La bêtise du féminisme radikal : la « société patriarcale », dans laquelle je pars du cas d'une folliculaire de Télérama pour analyser la pertinence de ce concept (foireux) et La « société patriarkale » 2, dans laquelle je présente quelques autres occurrences de ce concept, notamment son origine dans la sphère féministradikale.
Cette page est consacrée à des réflexions complémentaires (non synthétisées) sur ce concept.

Complément (21 janvier 2020) : le patriarcat des sociétés mafieuses
L’association qu’établit Mathilde Blottière (suivant la doxa féministe radicale) entre « société patriarcale » et « prédation sexuelle » est-elle justifiée ? À voir. On peut penser au cas des sociétés de style mafieux, où la liberté des femmes est limitée, mais où elles ont une certaine protection (voir le début du Parrain : l’entrepreneur des pompes funèbres vient solliciter l'intervention du Parrain pour venger sa fille violée, dont les violeurs n’ont pas été condamnés par la justice ; effectivement, le Parrain commandite des représailles). Cet exemple n’est pas une preuve, mais une indication intéressante que notre société n’a pas grand-chose à voir avec quelque « patriarcat » que ce soit !

Complément (23 janvier 2020) : le patriarcat du régime de Vichy (les allocs)
Une société que l'on pourrait qualifier de patriarcale est celle que souhaitait et a en partie réalisée le régime de Vichy ; il est vrai que le régime de Vichy a laissé des traces : les allocations familiales, dont le caractère « patriarcal » ne saurait être nié (cependant, peu de féministes en demandent la suppression, quoique certaines les dénoncent pour la forme).

Complément (3 mars 2020) : la sélection des naissances mâles
Une caractéristique de sociétés que l'on peut qualifier de « patriarcales » consiste à opérer une sélection à la naissance (soit par avortement, soit par infanticide, soit par mauvais traitements) à l'encontre des bébés filles ; à ma connaissance, une telle pratique n'a jamais existé de façon notable en France, ni en général en Europe occidentale ; en revanche, elle est pratiquée de façon massive et désastreuse dans des pays aussi peu anodins que la Chine et l'Inde, où les générations sont systématiquement déséquilibrées (beaucoup plus d'hommes que de femmes) ; les « chercheuses féministes » ne devraient-elles pas y aller voir un peu ?

Complément (3 mars 2020) : les féministes qui soutiennent le voile islamique
Bien sûr, on peut signaler, mais sans trop insister, que les féministradikales défendent mordicus « la liberté des femmes musulmanes à porter le voile » (liberté qui n'est du reste pas remise en cause en France sauf dans des cas précis) : mais qu'est-ce que cette « liberté » qui consiste à reconnaître l'infériorité féminine dans le cadre d'un système authentiquement patriarcal : c'est la « liberté » de ne pas se soumettre au « patriarcat blanc occidental hétérosexuel » (de le« niquer ») en se soumettant à un patriarcat musulman souvent très envahissant... Car pour les féministradikales, il n'existe qu'un ennemi : le mâle blanc occidental hétérosexuel (MBOH), d'où la prétention de certaines de ces « subversives » à défendre à la fois le voile des femmes musulmanes et le mouvement queer : bel exemple d'intersektionnalité et d'abnégation, mais à sens unique, car les mâles musulmans sont des partisans inconditionnels de l'hétérosexualité la plus radicale. 

Un slogan féministe inepte à l'université de Nantes
Sur une manifestation féministradikale de haine contre le MBOH, je renvoie à un slogan que j'ai pris en photo, avant qu'il soit « censuré » par le service de nettoyage, à la Faculté des Lettres de Nantes (lien), mettant dans le même pot de chambre, auprès du dessin d'une vulve(gaire), « les mecs cis et les racistes ». Anodin ? Non : une preuve que l'activisme féministradikal se manifeste « où il veut et quand il veut », mais surtout pour dire n'importe quoi.



Création : 4 décembre 2020 (par scission d'une page créée le 15 janvier 2020)
Mise à jour : 
Révision : 
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 108. Bêtise féministe : la « société patriarkale » 3
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/12/la-societe-patriarkale-3.html







107. La « société patriarkale » : usages du concept

Quelques remarques sur un concept foireux de la rhétorique féministradikale




Ceci est une suite de la page La bêtise du féminisme radikal : la « société patriarcale », dans laquelle je pars du cas d'une folliculaire de Télérama.

A) Quelques exemples de l'usage des termes « patriarcal »/« patriarcat » 
1) Littérature médiatique
*Mathilde BlottièreTélérama, 18 au 24 janvier 2020, page 108, note au sujet d’une émission sur « La révolution Metoo » (voir la page citée).
*Georgia Aspinall« Voici les pays où il est très difficile pour les femmes de voter », Grazia, 6 février 2018, citée par Murray 186 : « Nous vivons dans une société patriarcale, c'est notre seule certitude. »
*Dylan Jones« Editorial », GQ, décembre 2018, cité par Murray 187 : « Pour la première fois dans l'histoire, nous avons été appelés à rendre compte des péchés du patriarcat. »
Murray = [Douglas Murray, La Grande Déraison, Editions du Toucan/L'Artilleur, 2020 (The Madness of Crowds, Bloomsbury, 2019), pages de l'édition française]
*Laure Daussy,  « Les "sorcières", ces nouvelles fêlées du chaudron », Charlie Hebdo, n° 1481, 9 décembre 2020, pages 8-9 : « [Les sorcières de la Renaissance], C’étaient] celles qui dérangeaient l’ordre patriarcal et l’Église » (l'Eglise ne faisait-elle pas partie de l'ordre patriarcal ?) et un peu plus loin, « [Pour Odile Chabrillac, la sorcellerie, c’est] une manière de "s’opposer au patriarcat, au capitalisme, de renouer des liens avec la nature, de mettre en place une sororité avec les autres femmes, de se placer dans la lignée des femmes persécutées à la Renaissance" » [personnellement, je trouve que ce que dit cette « sorcière », c'est un peu n'importe quoi !]

Littérature politique et sociologique
*Caroline Fourest, Génération offensée, Grasset, 2020, page « Le patriarcat est rusé. Il a plus d’un tour dans son sac, sinon il y a bien longtemps qu’il aurait succombé. De nos jours, il a trouvé le masque du "féminisme intersectionnel" pour expliquer aux jeunes féministes que les combats contre l’excision ou le voile font le jeu des racistes » [il me semble que 1) « le patriarcat » n’est pas un « agent historique opérationnel », mais un concept (foireux) 2) les néo-féministes islamophiles étant de grandes utilisatrices de ce terme, il serait préférable de le leur abandonner sans le moindre remords]

À suivre



Création : 2 décembre 2020
Mise à jour : 10 décembre 2020
Révision : 
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 107. Bêtise féministe : la « société patriarkale » 2
Lien :https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/12/la-societe-patriarkale-2.html







lundi 30 novembre 2020

106. Le dossier SOUMAHORO : Pièce n° 3 (DDDD/1-S/3)

Quelques remarques sur les interventions médiatiques et académiques de la dame SOUMAHORO


Classement : sommités intellectuelles d'époque ; décononialisme




DDDD
Direction de la défense du deuxième degré
2, rue de l’Escalier-à-une-marche
06 Menton

Officier traitant : RJ (DDDD/06)

DOSSIER n° 1 : SOUMAHORO, Maboula (alias : Docteur Maboula)
Sexe : féminin
Née le : 3 février 1976
À : Paris
Nationalités : française ; ivoirienne
Études supérieures : anglais (Créteil, Jussieu, Columbia)
Emploi actuel : maître de conférences, Université de Tours
Grades universitaires : licence ; master ; doctorat (2008 ; Université de Tours)
Autres diplômes : CAPES d’anglais
Caractéristiques psychologiques : arrogante ; dominatrice et sûre d’elle-même ; de mauvaise foi ; certaine d’incarner la Justice ; méprise ses contradicteurs
Caractéristiques idéologiques : néo-antiracisme ; racialisme ; afroféminisme ; décononialisme ; indigénisme ; intersectionnalisme ; autres « –ismes » encore à déterminer.

Pièce n° 3
Référence du témoignage:
*Christian Eboulé, « À travers son histoire, Maboula Soumahoro questionne l’identité noire et le racisme en France », TV5 Monde (lien), 28 juin 2020 (lien)

Présentation :
Christian Eboulé est journaliste à TV5 Monde. L’article est une recension du livre de Maboula SOUMAHORO, Le Triangle et l’hexagone.

Témoignage concernant la dame SOUMAHORO, Maboula
Extraits de l’article

Sa situation actuelle 
« Maboula Soumahoro, docteure en civilisations du monde anglophone et spécialiste en études africaines-américaines et de la diaspora noire/africaine » 
« l’autrice, Maboula Soumahoro, aujourd’hui maîtresse de conférences à l’université de Tours et présidente de l’association Black History Month– dédiée à la célébration de l’histoire et des cultures noires » 

L’épreuve du racisme français 
« Née à Paris, de parents originaires de Côte d’Ivoire, arrivés en France dans les années 1960, à la recherche d’une vie meilleure, Maboula Soumahoro est très tôt confrontée aux stéréotypes raciaux et coloniaux. Durant toute son enfance, ses nom et prénom sont en effet perçus comme exotiques. En dioula nous dit-elle, la langue de ses parents, son prénom Maboula signifie : « celle qui ouvre la voie », « celle qui montre le chemin ». 
En France cependant, le poids de l’héritage colonial, conscient et inconscient, incite certains à la renvoyer systématiquement à ses origines africaines, à l’y assigner, notamment en raison de son corps noir et de ce « fameux » prénom. Ce dernier ne présente-t-il pas une ressemblance sonore avec le mot bamboula, qui, depuis le début du 20e siècle, s’est de surcroît transformé en insulte raciste ? 
Or, comme le rappelle la linguiste Marie Treps dans son ouvrage intitulé Maudits mots, la fabrique des insultes racistes, paru aux éditions TohuBohu, bamboula est issu de « ka-mombulon », qui signifie tambour dans les langues sara et bola parlées en Guinée Bissau.
Mais aujourd’hui encore, dans l’inconscient postcolonial français, bamboula renvoie surtout à l’idée que les Noir.e.s sont de grands enfants qu’il faut civiliser. « A moi seule, écrit Maboula Soumahoro, j’incarnais de manière concrète et tangible l’Afrique et l’être-noir, la négritude, la noirceur. » Comme si l'écrivain et psychiatre français Frantz Fanon n’avait jamais existé; lui qui, en 1952, dans son très célèbre Peau noire, masques blancs, appelait déjà à la désaliénation des Noirs et des Blancs. »

Des études brillantes, malgré les brimades subies dans l’université en France 
« Revenant sur sa trajectoire, Maboula Soumahoro affirme qu’elle a grandi pauvre, elle parle même d’extrême précarité, au sein d’une famille nombreuse. Cela ne l’a cependant pas empêchée de poursuivre de brillantes études, grâce notamment à des bourses. Et comme pour de nombreuses familles immigrées, la sienne a une foi inébranlable en l’ascension sociale. 
Après des études d’anglais et une maîtrise en civilisation du monde anglophone, Maboula Soumahoro se rend à New York, aux Etats-Unis, afin d’y étudier l’histoire des minorités et l’impérialisme britannique. Et ô surprise, là-bas, elle se définit comme française, sans que cela ne suscite ni doute, ni interrogation. Alors qu’en France, elle doit toujours s’expliquer, voire se justifier. »
« alors que tout se passe bien à la City University of New York, le retour en France et la validation de son DEA, diplôme d’études approfondies, est beaucoup plus difficile. Consacré au nationalisme noir, celui qui prône notamment le séparatisme racial, le mémoire de DEA de Maboula Soumahoro est retoqué. Ses travaux sont considérés comme racistes, et elle est perçue comme une victime consentante du « communautarisme » américain. 
Contrainte de quitter cette université parisienne pour un établissement de province, Maboula Soumahoro sera confrontée aux mêmes difficultés. Elle écrit à ce sujet : « Il me fallait cependant supporter en silence les remarques à la fois récurrentes et pesantes liées à mes origines si lisibles sur mon corps. »
Malgré toutes ces embûches, Maboula Soumahoro est allée au bout de ses études supérieures. Et après avoir hésité à rester aux États-Unis, elle revient s’installer définitivement en France à l’été 2009. Un retour au pays natal qui coïncidait alors avec l’obtention, toujours très difficile, d’un poste de maîtresse de conférences. »

Analyse de l'officier traitant
On a affaire à un texte de style plus ou moins hagiographique, dont le point de vue est aligné sur celui de l’auteur du livre, sans la moindre distance ni trace d’humour (pourtant, certaines notations prêtent au moins à sourire). Par ailleurs, la biographie de SOUMAHORO qu’il retrace présente plusieurs lacunes sur lesquels EBOULE n’insiste pas.
                                                                                                                Signature : RJ.

Notes
*Black History Month : à venir



Création : 30 novembre 2020
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 118. Le dossier SOUMAHORO Pièce n° 3 (DDDD/1-S/3)
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/11/le-dossier-soumahoro-piece-n-3-dddd1-s3.html