vendredi 31 mars 2017

17 Sur les pédants linguistiques

Quelques points de linguistique appliquée à l'usage des jeunes générations médiatiques : la prononciation des mots transcrits d’alphabets cyrilliques par les journaleux français


Classement : alphabet cyrillique ; langues slaves ; médias et langues étrangères




Ceci est une suite de la page Haro sur les livreurs de pizze, consacrée aux gens qui disent « scénarii » au lieu de « scénarios ».
Une autre erreur récurrente est de prononcer des noms transcrits du cyrillique, non pas selon les conventions du français, mais selon des conventions d’autres langues. Deux exemples :

Timochenko ou Timotchenko ?
La belle Ioulia, dont le nom dans la graphie cyrillique ukrainienne s’écrit Тимошенко, était gratifiée, aux temps lointains où elle faisait parler d’elle, par certains « native French speakers » de la prononciation /Timotchenko/.
Pour quelle raison ? Parce qu’ils supposaient que ce « ch » devait être lu comme en anglais ! Sans doute pour prouver leur bonne connaissance de cette langue ! Acquise avec beaucoup de peine à Sciences Po !
En l’occurrence, en anglais, le nom de Ioulia Timochenko est transcrit « Timoshenko », marquant clairement qu’on a affaire au son de « chat » ou de « shampooing » et non pas à celui de « Che Guevara ». C’est-à-dire qu’il suffisait, pour « avoir bon » et réussir le Grand Oral, de lire le « ch » de « Timochenko » comme on fait dans 99,9 % des cas en français.
Note
Il semble de bon ton (cf. Wikipédia) d'écrire en français non pas Timochenko, mais Tymochenko ; en effet, la lettre ukrainienne и ne correspond pas à i mais à un son intermédiaire entre i et é. Cependant, la transcription i reste usuelle dans la presse française.

Pédants timotchenkistes
*Claude Askolovich, le 28 novembre 2018, dans l'émission 28', sur Arte (à 20 h 35 environ) : « Monsieur l'Ambassadeur [d'Ukraine], est-ce que Monsieur Poutine ne souhaiterait pas le retour au pouvoir de Madame Timotchenko ? ». Hé, Monsieur Askolovich (de forme), va donc, espèce de banane !!!
Pédants loukatchenkistes
*Intervenant, le 27 avril 2020, dans le 7-9 de France Inter, vers 8 h 10 : il prononce Loukatchenko le nom qui s'écrit correctement Loukachenko (en français ; Lukashenko en anglais)

Soljenitsyne ou Solyénitsyne ?
Autre victime de ce phénomène : Alexandre Soljenitsyne (Александр Солженицын), dont le nom est parfois prononcé /Solyénitsyne/ (par exemple par Yean-Noël Yeanneney, dans son émission sur France Culture il y a quelques années ; et, récemment (23 mars 2017), dans une conférence de Stéphane Courtois, pourtant spécialiste de l’histoire du communisme ; il disait en revanche correctement, pour Iéjov, /Yéjov/ et non pas /Yéyov/).
Ce n’est pas l’anglais qui est ici responsable (on ne dit pas /Soldjénitsyne/), mais l’allemand (ainsi que plusieurs langues slaves à graphie latine), où le « j » correspond au son /y/ (semi-consonne, comme dans « yéyé »).
Eh bien, non ! Il faut prononcer /Solgénitsyne/, il s'agit d'un « j »  parfaitement français correspondant à la lettre cyrillique « ж », comme dans « Jitomir »*, « Le docteur Jivago »* (flûte, ce ne sont pas de très bons exemples), comme dans « Jean », « Jacques », mais aussi « jaja », « jojo », « jujube », « je le jure », etc. etc. En anglais, on écrit « Solzhenitsyn », en allemand « Solschenizyn » (ach... cette transcription est un peu moins ponne).
Notes
*Jitomir : Житомир, ville d'Ukraine
*Jivago : Живаго, en anglais Zhivago ; noter que ce nom est prononcé correctement, personne n’a l’idée de dire /Yivago/ (peut-être à cause du film...)

D’accord, c’est compliqué, « ça manque de lisibilité ». Mais un ouvrage a été consacré à ce problème (Pierre Maës, La prononciation des langues européennes, Paris, Centre de Formation Professionnelle des Journalistes, 1993), malheureusement méconnu par ceux à qui il est destiné en premier lieu. Dont certains, imbus de leur ignorance, font, de nouveau, preuve de pédantisme linguistique…

Compléments
*Alexandre Loukachenko : la crise de 2020 en Biélorussie amène de nombreux présentateurs de journaux radio (sur Radio France) à faire preuve de pédantisme inapproprié. J'ai envoyé plusieurs messages pour signaler que ce problème devrait être traité systématiquement par les rédactions. 

Langues utilisant des alphabets latins ou latins modifiés
Pédant djairistes (langue portugaise)
*Pierre Haski, dans sa chronique du 27 avril 2020, consacrée au Brésil : il parle de "Djair Bolsonaro", au lieu de "Jair".

Pédants djaneiristes
J'entends fréquemment des journalistes, y compris de France Culture, parler de "Rio de Djaneiro", sans doute parce que les Portugais et les Brésiliens prononcent (correctement, mais de façon elliptique): "Riud'jenèïru" pour le nom de la ville de Rio de Janeiro (du reste, en français aussi, on dit facilement : "Riod'janèro")
Dans les deux cas, le "j" est prononcé comme en anglais (John > "Djon", James > "Djèïms", etc.), alors qu'en portugais, il se prononce comme en français (ainsi que le "ch") !

Pédants tadégistes, voire pogakaristes (langue slovène)
*journalistes sportifs : le nom de Tadej Pogačar, vainqueur du Tour de France 2020, est estropié par plusieurs journalistes, mais ici il s'agit d'ignorance et de stupidité et non de pédantisme. 
Alors que pratiquement tout le monde prononce correctement "Tadeï Pogatchar", quelqu'un de France 2 s'obstine (le dernier jour) à prononcer "Tadège" ; et de nouveau, en 2021, la meuf du Véloclub qui l'interviewe, ce jour, 6 juillet 2021, après l'étape de Valence. 
Mais le plus bel exemple est celui de, encore lui, Claude Askolovitch, dans la revue de presse de France Inter (lundi 21 septembre 2020, 8 h 50), qui pousse la sottise jusqu'à dire "Pogakar", envers et contre tous, sous prétexte que le nom de Pogačar est parfois typographié "Pogacar", pour simplifier. 
Il est pourtant clair que pour une langue qui utilise des caractères latins, il est nécessaire pour un informateur professionnel, bref, un journaliste, de s'interroger sur la prononciation de ces caractères, au cas où elle serait différente de celle du français. A fortiori si le caractère est pourvu d'un signe diacritique. 
De ce point de vue, le sieur Astcholovik est manifestement un imbécile, ce que confirme le reste de sa production médiatique !

Tout cela montre qu'il n'existe pas dans le monde médiatique français de problématisation de la question : comment se prononcent les noms étrangers ? Mais il est probable que le monde médiatique français, ou si on préfère, les journaleux français, ne problématise jamais rien, se pose jamais aucun problème, sauf les problèmes totalement oiseux.



Création : 31 mars 2017
Mise à jour : 6 juillet 2021 (Pogačar ; Rio de Janeiro ; problème de la non-problématisation chez les journalistes français)
Révision : 22 septembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 17 Sur les pédants linguistiques
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/03/haro-sur-les-pedants-linguistiques.html








mercredi 29 mars 2017

16 Sus aux livreurs de pizze amateurs de scenarii !

Quelques points de linguistique appliquée à l'usage des jeunes générations médiatiques : prononciation de l’italien


Classement : linguistique ; italien ; médias




Je partirai d’un exemple concret, quoique un peu ancien : le lundi 19 novembre 2012, sur France Culture, durant le journal de 12 h 30, le correspondant de Radio France à Tel-Aviv évoquait « deux scenarii possibles » (en insistant sur le « hi-hi ») pour la suite du conflit entre Israël et le Hamas.

Question : Pourquoi dire « scenarii » et non pas « scénarios » ? Alors qu’il ne vient à l’esprit de personne de parler de « livreurs de pizze ».

C’est d’autant plus inapproprié, en l’occurrence, qu’en italien :
1) le pluriel de « scenario » est « scenari » et non pas « scenarii » (lien) ;
2) « scenario »  signifie en premier lieu « décor », tandis que « scénario » se dit « soggetto » ou « scenegiattura » ;
3) en italien, « sce- » se prononce /ché-/ (comme dans « schéma ») ; pour autant, l’homme des « scenarii » prononce /sénarii/ et non pas /chénarii/ ;
4) sans parler de l’accent tonique ;
5) enfin, le mot « scénario » est-il approprié pour une situation de conflit ? Si seulement il s’agissait d’une « mise en scène » !

Bref, sous prétexte de « respecter » l’origine italienne du mot, les amateurs de « scenarii » (ou de « concerti », etc.) ne font preuve que de pédantisme (mélange d’ignorance et de bêtise).

Quelques amateurs de « scenarii »
*2 janvier 2018 : Fabrice Drouelle sur France Inter (Affaires sensibles, Les tueurs fous du Brabant)
*24 janvier 2018 : Jean-Paul Brighelli dans son blog, article « Pendez les cinéastes octogénaires ! » (lien) : il écrit d'ailleurs « scénarii », mélangeant orthographe française (l'accent aigu) et grammaire italienne ; il est agrégé de lettres, ce gars-là ?
*23 février 2018 : Florian Delorme sur France Culture (Cultures Monde, consacrée à la situation politique en Allemagne)
*4 mars 2018 : Emilie Aubry sur France Culture (L'Esprit public, thème : les élections italiennes) ; curieusement, elle dit : « Quels sont les scénarios, les scénarii ? », comme si elle avait cru nécessaire de traduire pour les mal-comprenants !
*10 octobre 2018 : Thomas Cluzel sur France Culture (Journal de 12 h 30), sur le thème du remaniement ministériel récemment intervenu en France : il se demande quels sont « les différents scénarii possibles ? »
*4 juin 2019 : Camille Magnard sur France Culture (Les Matins, Revue de presse internationale), à propos des « scénarii » pour sortir de la crise politique au Soudan
*septembre 2019 : Henri Weber dans un article « Où va la macronie ? », dans Le Débat n° 206 (septembre-décembre 2019), pages 39 et suivantes ; on remarquera qu'il écrit le mot sans accent, ce qui est plus conséquent que dans le cas de Brighelli :
                                     (Page 39)
*16 octobre 2019 : Brice Couturier sur France Culture (Le Tour du monde des idées, « De quelques mythes "d'effondrement écologique" ») : « Selon l’archéologue  Guy Middleton, c’est notre conditionnement culturel qui nous pousse à privilégier les scénarii les  plus catastrophiques »
*28 février 2020 : Jean-Paul Brighelli dans une tribune de Marianne (n° 1198, p. 86), « Comment écrire un roman érotique » : « l'actualité, fertile en beaux exploits horizontaux, nous suggère des scenarii passionnants » ; cette fois, il écrit « scenarii ». Des progrès, professore Brighelli, ma non troppo !
*11 avril 2020 : Natacha Polonii dans l'émission de France Inter Le duel Natacha Polony Gilles Finchelstein, évoque « les scenarii »  d'après la crise, alors qu'Hubert Védrine, autre participant, venait de parler des « scénarios ». 



Création : 20 novembre 2012 dans Blogoliot (Haro sur les livreurs de pizze)
Transfert : 29 mars 2017
Mise à jour : 11 avril 2020 (Natacha Polony)
Révision : 16 octobre 2019
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 16 Sus aux livreurs de pizze amateurs de scenarii !
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/03/sus-aux-livreurs-de-pizze.html








jeudi 23 mars 2017

15 Voltaire a aussi écrit des sottises

Il n'en a pas seulement dit !




Classement : Voltaire ; Jean-Jacques Rousseau ; origine de la société


Référence
*Extrait de l'article « Homme » du Dictionnaire Philosophique (1770)

Texte
« Quelques mauvais plaisants ont abusé de leur esprit jusqu'au point de hasarder le paradoxe étonnant que l'homme est originairement fait pour vivre seul comme un loup-cervier, et que c'est la société qui a dépravé la nature. Autant vaudrait-il dire que, dans la mer, les harengs sont originairement faits pour nager isolés, et que c'est par un excès de corruption qu'ils passent en troupe de la mer Glaciale sur nos côtes; qu'anciennement les grues volaient en l'air chacune à part, et que par une violation du droit naturel elles ont pris le parti de voyager en compagnie. [...
...] Le même auteur, ennemi de la société, semblable au renard sans queue, qui voulait que tous ses confrères se coupassent la queue, s'exprime ainsi d'un style magistral :
”Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne !”
Ainsi, selon ce beau philosophe, un voleur, un destructeur aurait été le bienfaiteur du genre humain; et il aurait fallu punir un honnête homme qui aurait dit à ses enfants :
“Imitons notre voisin, il a enclos son champ, les bêtes ne viendront plus le ravager; son terrain deviendra plus fertile ; travaillons le nôtre comme il a travaillé le sien, il nous aidera et nous l'aiderons. Chaque famille cultivant son enclos, nous serons mieux nourris, plus sains, plus paisibles, moins malheureux. Nous tâcherons d'établir une justice distributive qui consolera notre pauvre espèce, et nous vaudrons mieux que les renards et les fouines à qui cet extravagant veut nous faire ressembler.”
Ce discours ne serait-il pas plus sensé et plus honnête que celui du fou sauvage qui voulait détruire le verger du bonhomme? »

Analyse
D'abord, il ne nomme pas l'objet de sa polémique (Rousseau), utilisant un procédé classique de désinformation (utilisé, me semble-t-il par les théologiens qui avaient à lutter contre une hérésie !)
D'autre part, il faut bien reconnaître que, dans la seconde partie de cet extrait, Voltaire raisonne comme un tambour mal accordé : Rousseau parle du « premier qui s'avisa d'enclore un champ... » ; Voltaire évoque, dans une scène affreusement sentimentale (préfiguration des séries américaines du style Bonanza ?) un homme qui ne fait rien d'autre que « d'imiter son voisin », ce qui ne l’empêche pas d’être le « premier homme qui… ».

Conclusion
On a connu Voltaire plus performant.
Tout ça me fait penser à une blague bretonne : qu’est-ce qu’un « Adam » dans un café breton ? 
Réponse : le premier rhum.



Création : 23 mars 2017
Mise à jour :
Révision : 28 septembre 2017
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 15 Voltaire a aussi écrit des sottises
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/03/voltaire-aussi-ecrit-des-sottises.html








mardi 21 mars 2017

14 A propos de la grammaire en Belgique

Sur une incongruité grammaticale proférée par le linguiste belge Marc Wilmet dans Télérama




Classement : grammaire ; linguistique

Référence
*Marine Landrot, « Un enseignement néfaste pour l’intelligence » (entretien avec Marc Wilmet), Télérama n° 3503, 1° mars 2017, pages 26-28

Présentation
Dans ce numéro, Télérama consacre à l’ « affaire du prédicat », sous le titre Faut-il supprimer l’enseignement de la grammaire à l’école ?, un dossier composé d’un article de Marion Rousset, « Grammaire : simplifier, c’est compliqué », et de l’entretien référencé.
Marc Wilmet énonce un certain nombre de choses plus ou moins intéressantes, puis il advient que son discours dérape sérieusement, sans que Marine Landrot s’en offusque.

Texte
 De « On nous a appris... » à la fin.

 Le texte se poursuit par « [voulez-]vous qu'il s'y retrouve ? »

Analyse
Pour ma part, ayant reçu mon instruction primaire dans les années 1950, je me rappelle parfaitement que pour trouver le sujet, on devait poser la question « Qui est-ce qui… ? ». Par exemple, pour la phrase « Le chat a mangé une souris » (ça arrive), on se demande « Qui est-ce qui a mangé une souris », réponse : « le chat », qui est donc « le sujet ». Si en revanche on s’intéresse à la souris, on pose la question « Qu’est-ce que le chat a mangé ? », réponse « une souris », qui est donc « le complément » (bien entendu, ce n’est pas la souris-animal qui est le complément, mais le groupe de mots « une souris »).
« Qui est-ce qui… ? » et « Qu’est-ce que… ? » : voilà les deux questions que j’ai appris à poser.
De ce fait, la question « Qu’est-ce qui… ? » me parait quelque peu bizarroïde pour localiser le sujet, ou même le complément. Du reste, Marc Wilmet l’abandonne aussitôt ; à propos de son exemple « Il pleut des hallebardes », il pose la question « Qu’est-ce qu’il pleut ? ». Or cette formulation correspond à la question « Qu’est-ce que… ? », avec élision du « e » de « que » devant voyelle ; elle ne peut en aucun cas être dérivée de la question « Qu’est-ce qui… ? ».
Si on veut respecter la norme de la pédagogie ancienne, pour trouver le sujet de cette phrase, il faut poser la question « Qui est-qui pleut des hallebardes ? », et la réponse ne peut être que « il ». « il » est le sujet grammatical, indépendamment de tout sens (puisque « il » ne renvoie a priori à rien). A partir de là, on peut s’intéresser aux hallebardes et poser la question « Qu’est-ce qu(e)’il pleut ? », réponse : « des hallebardes », qui est donc déterminé comme complément (la grammaire traditionnelle parlait de « sujet réel », ce qui est  absurde).
En fait, Marc Wilmet a choisi un exemple retors, la formulation « impersonnelle ». Il est évident que « il pleut », « il neige », « il faut » posent des problèmes d’articulation du sens avec la structure linguistique, étant donné qu'on ne sait pas du tout ce que représente ce « il »
Et sur son exemple retors, il pose une question tordue (« Qu’est-ce qui… ? »), une question qu’il a inventée de toute pièce, une question qui ne peut pas être posée en français ! Peut-être a-t-il pensé à un énoncé du type « Qu’est-ce qu’i fait, s'gars-là ? ».

Conclusion
Bravo la linguistique belge (ou téléraméenne ?) !!!



Création : 21 mars 2017
Mise à jour :
Révision : 2 septembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 14 A propos de la grammaire en Belgique
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/03/a-propos-de-la-grammaire-en-belgique.html








jeudi 16 mars 2017

13 Le Monde, repère du journalisme haut de gamme

Comment Le Monde, torchon de qualité, parle du voile islamique


Classement : presse de caniveau ; Le Monde




Référence
*Le Monde, 15 mars 2017, page 1, « Europe : les entreprises peuvent interdire le voile sous conditions »

Texte
Le Monde annonce donc :
  
Remarquons surtout la quatrième colonne du chapeau

  
Analyse
Le Monde, journal objectif, ne se permettrait pas d'émettre la moindre opinion sur le sujet, mais sa rédaction (où se trouve notamment le célèbre Parmentier) n’en avertit pas moins la Cour de Justice européenne : faudra pas s’étonner qu’il y ait des réactions (d'ailleurs, deux jours après, Erdogan, leader politique objectif, a réagi). 

Conclusion
Ce n'est plus du journalisme d'information, mais de la littérature d'anticipation !
Par ailleurs, mal écrite : on ne « soulève » pas un débat, mais un problème ; un débat, on le « provoque », on le « suscite ».



Création : 16 mars 2017
Mise à jour : 23 mars 2017
Révision : 2 septembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 13. Le Monde, repère du journalisme haut de gamme
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/03/le-monde-repere-du-journalisme-haut-de.html








jeudi 9 mars 2017

12 Elles se creusent, les inégalités !

Quelques remarques sur un lieu commun médiatique à propos du système scolaire français : « les inégalités se creusent »


Classement : tics médiatiques ; système scolaire




Thèse
Pour tout journaliste sachant journalister, il va de soi que le système scolaire français est mauvais, notamment parce que « les inégalités se creusent », assertion récurrente que l’on trouve par exemple dans Télérama n° 3503 (1° mars 2017), page 23, en relation avec « l'affaire du prédicat » : « Une réforme qui peut paraître dérisoire alors que se creusent les inégalités scolaires. ».
En y réfléchissant un peu, je trouve cette formule peu claire. Que peut-elle vouloir dire au juste ?

Analyse
Supposons une société dans laquelle, à un moment donné, les catégories sociales A, B et C ont des niveaux scolaires de 100 %. respectivement  dans le primaire, le secondaire et le supérieur  De quelle façon les inégalités peuvent-elles se creuser, au cours d’une période de mettons, 20 ans ?
Par exemple, on peut imaginer que 20 ans après, la catégorie B n’ait plus que 50 % de son effectif de niveau secondaire et 50 % de niveau primaire. Le recul du niveau secondaire dans la catégorie B marquerait bien un « creusement des inégalités » entre le groupe C (les privilégiés) et les deux autres.
Si en revanche, la catégorie B avait désormais pour niveaux scolaires : secondaire 50 % et supérieur 50 %, pourrait-on parler de « creusement des inégalités » ? Peut-être d’un point de vue relatif (du point de vue de la catégorie A), mais en ce qui concerne B et C, il y aurait réduction des inégalités, et globalement (en moyenne) ce serait aussi le cas.
Encore plus si la catégorie A avait elle aussi progressé et se répartissait désormais en : primaire 30 %, secondaire 50 %, supérieur 20 %. Bien sûr, il serait très injuste qu'elle n’ait que 20 % de diplômés du supérieur, face aux 100 % de la catégorie C (privilégiés). Surtout que cette catégorie (nantis) aurait, c'est bien évident, pris soin de « se réserver les filières les plus prestigieuses, celles qui assurent l’accès à l’emploi ». Malgré cela, cette situation serait moins injuste que celle de 20 ans auparavant et ne correspondrait nullement à un « creusement des inégalités ». Or il me semble que fondamentalement, c’est ce cas de figure qui correspond le mieux à l’évolution actuelle.

Conclusion
Ce qu’on devrait donc déplorer, c’est que le système scolaire français ne réduise pas suffisamment les inégalités scolaires entre catégories sociales (moins que d’autres systèmes, selon des sources bien informées). Mais cette assertion manque sans doute de panache pour un journaliste sachant journalister ; par conséquent et sans appel, « les inégalités se creusent » et le système scolaire (qui leur a permis, tout de même, de devenir de si bons journalistes) est mauvais.

Ajout (2 septembre 2018)
France Culture programme la semaine prochaine (3 au 7 septembre) une émission « LSD » consacrée au problème des inégalités scolaires : il ne s'agit plus (ou plus seulement) des « inégalités qui se creusent », mais des « nouvelles inégalités » que créerait l'école. 
Cette obsession d'égalité scolaire (une sorte de « bolchevisme scolaire ») des médias main-stream est un phénomène assez curieux.



Création : 9 mars 2017
Mise à jour : 2 septembre 2018
Révision : 2 septembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 12. Elles se creusent, les inégalités !
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/03/elles-se-creusent-les-inegalites.html