dimanche 24 février 2019

55. L'idéologie de la concurrence et la bêtise

Quelques remarques sur l’idéologie de la concurrence


Classement : économie




Texte
Il y a quelques années, le groupe Leclerc (je crois, ou un autre groupe de la grande distribution), voulant s’introduire sur le marché de la distribution de carburants sur les autoroutes, avait diffusé la photographie d’un panneau annonçant les prix dans les quatre ou cinq stations à venir. Les prix étaient égaux (ou peut-être affichaient une différence d’un centime seulement). Commentaire (de la pub') : regardez, il n’y a pas de concurrence sur les autoroutes.

Analyse
Cette publicité « informative » accusait de fait les intéressés d’entente sur les prix, mais je ne sais pas s’il y a eu des suites judiciaires. En l’occurrence, cette accusation était inepte en l’état (sur la base de cette seule « documentation ») : en toute logique concurrentielle, pour un produit aussi standardisé que les carburants, il semble tout à fait possible qu’il n’y ait aucune différence de prix. Ce panneau affichant des prix identiques ne prouvait qu’il y avait entente (sans que cette possibilité soit exclue) ; il est parfaitement possible que le prix affiché ait été le « prix concurrentiel » indépassable à ce moment (car garantissant une marge minimale).
Sinon, on aboutit à l’idée qu’il doit toujours y avoir un prix « plus bas », chose impossible à réaliser en pratique, car la seule limite théorique dans ce cas serait un prix égal à zéro (en réalité, une seule entreprise survivrait, son gérant crevant de faim, mais ayant réussi à tenir le coup le plus longtemps que les autres, à un niveau de prix supérieur à zéro, et la concurrence aurait disparu).

Conclusion
L’idéologie sous-jacente à cette publicité (qui ne correspond évidemment pas à la pratique de l’entreprise auteur, qui réalise des bénéfices), l’idée que la concurrence permet d’avoir des prix « toujours plus bas », et donc que les prix doivent toujours « être (devenir) plus bas », est profondément inepte ; mais elle imprègne gravement la pensée économique vulgarisée, au nom de « l’intérêt du consommateur » : c’est ainsi que certains considèrent comme nécessaire (Le Monde, par exemple, repaire sinistre de la « pensée » néolibérale, naguère le boucher, aujourd'hui le parmentier) d’importer des vêtements chinois, car sinon, « Comment les pauvres pourraient-ils s’habiller ? » : sans tenir compte du fait que ces importations sont un facteur d’appauvrissement, du fait du chômage généré dans le secteur textile.
Cette idéologie exprime parfaitement l’obscénité de l’économie actuelle (une modalité extrémiste du système capitaliste) et la bêtise de ses thuriféraires.



Création : 24 février 2019
Mise à jour :
Révision : 19 octobre 2019
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 55. L'idéologie de la concurrence et la bêtise
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2019/02/lideologie-de-la-concurrence.html