dimanche 22 novembre 2020

102. Anticommunisme, islamophobie, fascisme

Quelques remarques sur l’islamisme et le terrorisme islamiste


Classement :




Certains termes sont utilisés de façon particulière : de signification assez floue, quoique reliée à un sens fondamental facilement perceptible, ils visent surtout à disqualifier ou à discréditer un adversaire, voire à lui faire peur.
Aux États-Unis dans les années 1950, par exemple, le terme de « rouge » était largement utilisé pour amalgamer quelqu'un à l’horreur absolue qu’était le communisme pour beaucoup d’Américains (le mot contenait en fait une menace latente d’action non verbale).

« Islamophobie » / « anticommunisme »
L’accusation d’anticommunisme
Pendant plusieurs décennies, les communistes français ont utilisé les termes « anticommunisme » et « anticommuniste » (parfois augmenté d’un qualificatif : « primaire », « viscéral ») pour qualifier certains de leurs adversaires, pas tous ceux qui étaient en désaccord avec le communisme, seulement ceux qui franchissaient certaines limites : parler des « camps soviétiques » notamment, ou d’une façon générale, de la répression, de la police politique ; de la famine survenue en Ukraine dans les années 1930 ; etc. Si on se limitait à des critiques abstraites, on pouvait éviter de tomber sous le coup de l’accusation d’« anticommunisme ». Cette accusation faisait de sa victime un individu douteux, vendu à des intérêts occultes (les services secrets américains), infréquentable par les communistes et par leurs sympathisants, ainsi que par « les gens honnêtes », qui ne voulaient pas se mettre mal avec eux. L’usage du terme a survécu à la déstalinisation de 1956, alors même que Khrouchtchev avait reconnu l’ampleur de la répression à l’époque stalinienne. Mais dans les années 1970, la répression brejnévienne, quoique incomparable à celle de l’époque stalinienne, ne devait pas non plus être évoquée de façon trop claire. La puissance du terme s’est affaiblie au cours de cette décennie : de plus en plus de gens l’assumaient désormais sans difficulté, ou s’en faisaient un honneur. Par exemple, Jean-François Revel. Mais la gauche non communiste, soucieuse de l’alliance entre le PS et le PCF, y était encore sensible (cf. l’affaire Soljenitsyne à Apostrophes en 1976). L’usage a cessé dans les années 1980, alors que l’URSS était en train de sombrer en Afghanistan puis en Europe.
Quelle signification avait-il ? « Anticommuniste » n’était pas synonyme de « opposé au communisme » (les communistes français acceptaient que dans un pays occidental, tout le monde n’adhère pas à leurs points de vue), mais « opposé au communisme de façon inacceptable pour les communistes » ; il correspondait à une sorte de pouvoir idéologique que détenaient alors les communistes dans la société française, fondée sur leur ancrage ouvrier, mais aussi sur leur influence dans les milieux intellectuels et universitaires.

L’accusation d’islamophobie
Depuis quelques années (indépendamment d’usage antérieurs plus ou moins lointains), les termes « islamophobie » et « islamophobe » est utilisé par des membres d’organisations islamistes (c'est-à-dire d’organisation politiques liées à une certaine vision et instrumentalisation de la religion musulmane) pour « stigmatiser » un certains nombres de gens comme des adversaires, voire des ennemis.Une organisation s’est même explicitement spécialisée dans la lutte contre l’islamophobie : le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) de Marwan Muhammad.
Comme avec « anticommunisme », il s’agit de discréditer la personne désignée comme « islamophobe ».Sur quoi se fonde le pouvoir de discrédit du mot « islamophobie » ? Principalement sur le fait qu’il contient de façon non explicite, mais effective, une accusation de « racisme », assez curieuse, puisqu’il n’est pas question de « race » ; parfois cette accusation est explicite dans la formule, « raciste et islamophobe », dont la signification réelle est « raciste parce qu’islamophobe ». Or qui dit « raciste » dit « extrême droite », donc l’islamophobe est (subrepticement, parfois explicitement) amalgamé à l’extrême droite, au « fascisme ».

Le champ d’application du mot « islamophobie » est plus vaste que celui d’ « anticommunisme » : seuls ceux qui disent du bien de l’islam et ceux qui n’en disent rien (et qui n’en pensent pas plus), peuvent y échapper. D’autre part, le mot « islamophobie » est utilisé par toutes sortes de gens qui ne sont ni islamistes, ni même musulmans ; un nombre assez élevé de journalistes ou d’hommes politiques l’utilisent désormais sans y prêter plus d’attention (sans peut-être lui donner subjectivement de connotation raciste), ce qui accroit notablement son pouvoir de nuisance.
Les actes relevant de l’incrimination d’ « islamophobie »
Contrairement à « anticommunisme », qui ne visait que des adversaires « non récupérables » du communisme, le mot « islamophobie » est applicable à toutes sortes de pratiques, qui peuvent être anodines ou extrêmement graves : toute expression d’une réserve sur l’islam peut être taxée d’islamophobe ; ainsi que des faits plus « graves » d’ordre idéologique (dire que « l’islam est la religion la plus con du monde ») ; des infractions d’ordre délictuel (mettre du jambon dans la boîte aux lettres d’une mosquée ; se moquer de ou insulter un ou une musulmane) ou criminels (dégrader matériellement une mosquée ; agresser physiquement un ou une musulmane ; tirer à la kalachnikov sur une groupe de musulmans ou se servir d’un camion pour écrabouiller un groupe de musulmans) ; des infractions d’ordre « théologique », non reconnues comme telles en France (dessiner de façon moqueuse ou vulgaire le prophète Mahomet, alors que la religion musulmane en interdit la représentation).
Le regroupement de tous ces faits dans la catégorie « islamophobie » permet de tout amalgamer avec ce qui est potentiellement le plus grave (tirer à la kalachnikov, utiliser un camion-bélier), ce qui est d’autant plus intéressant que des faits aussi graves ne sont jamais survenus en France à l’encontre de groupes (spécifiques) de musulmans.En quelque sorte, celui qui dit « Ouais, l’islam, moi, c’est pas mon truc » peut être qualifié d’« islamophobe », tout comme celui qui entrerait dans une mosquée et abattrait les personnes présentes (ce qui ne s’est jamais produit en France, plaise à Dieu qu’il en aille toujours de même !).
Cet amalgame est évidemment absurde : il y aurait lieu de nuancer entre les positions de chaque non musulman envers l’islam. Le mot « islamophobie » évite toute nuance. Cela lui donne une grande facilité d’emploi.

Lutte contre l’islamophobie et violence terroriste
Il existe une grande différence entre « anticommunisme » et « islamophobie » :c’est que dans le cas de la France et des autres pays occidentaux, la dénonciation par les communistes de l’ « anticommunisme » d’une personne était purement idéologique et rhétorique (il n’en allait pas de même en URSS et dans les démocraties populaires). Cela pouvait avoir des effets sociaux, mais, a priori, « il n’y avait pas mort d’homme ».
En revanche, la lutte contre l’ « islamophobie » comporte un volet violent, que certains qualifient de « terroriste ».
Le cas emblématique est l’attentat du 7 janvier 2015 contre la rédaction de Charlie Hebdo, organe de presse qui depuis au moins une dizaine d’années, était considéré comme un phare de l’ « islamophobie » en France, voire dans le monde entier. Le reproche fait à Charlie Hebdo était d’avoir représenté à plusieurs reprises le prophète Mahomet et d’avoir fait (ou eu l’intention de faire) de l’humour à son sujet ; dans certains cas, on avait affaire à des représentations que le fameux sociologue Emmanul Todd a qualifié d’ « obscènes ». Plusieurs personnes ont été « exécutées » par les abjects frères K. pour ces raisons.
Il y a eu de nombreux autres attentats (depuis 2012, année de la virée meurtrière de l’ignoble M. M., « Qu’il soit Maudit »), dans lesquels l’« islamophobie » des victimes est moins avérée : rien ne prouve que le père Jacques Hamel, que les fidèles de la cathédrale de Nice, que les promeneurs du 14 juillet 2016 à Nice, que les spectateurs du Bataclan aient été « islamophobes ». Leur « islamophobie » est en quelque sorte métonymique : la France est un pays « islamophobe », donc toute personne se trouvant en France doit l’être. Le fait d’être des chrétiens a sans doute accentué la « culpabilité » des victimes de la cathédrale de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray, en vertu d’une analyse islamo-terroriste selon laquelle « chrétien = croisé ».
Avec la décapitation du professeur Samuel Paty par une crapule tchétchène, l’islamo-terrorismes est revenu à la lutte pure et dure contre l’ « islamophobie » :

Les conséquences du terrorisme islamiste
Quels que soit leurs motifs, la répétition des attentats produit évidemment un effet plutôt négatif, incite au minimum à la prudence ; cela amène les gens à réfléchir à deux fois avant de dire ou d’écrire quoi que ce soit au sujet de ou en rapport avec l’islam (« Vous pouviez vous exprimer librement sur tout, à condition de ne pas parler de l’islam, de l’islamisme, de la religion musulmane, de ne pas douter que « l’islam soit une religion d’amour et de paix », et qu’Erdogan soit le démocrate le plus sincère du monde ».)
En conséquence, il me semble que les terroristes islamistes sont objectivement des soutiens à la « lutte contre l’islamophobie » menée par les organisations islamistes légales, notamment par le CCIF.
En disant cela, je n’accuse pas le CCIF ni les autres organisations islamistes légales d’avoir le moindre lien organisationnel avec les cellules ou réseaux terroristes d’Al Qaida ou de Daech. Je pense simplement qu’elles tirent profit des actions terroristes pour promouvoir leurs « petites boutiques antiracistes ».
Lorsque M. Marwan Muhammad proclame que « les musulmans sont aussi qualifiés que tous autres pour définir l’identité de la France » (ou quelque chose d’approchant), l’arrière-plan des attentats donne à ses paroles un poids bien supérieur. De même, lorsque quelqu'un dit « Je suis contre les attentats, mais ils n’auraient pas dû faire des caricature du prophète », cela rappelle que la menace d’un attentat existe toujours pour le « contrevenant » futur, qu’il faut tout de même tenir compte des terroristes et ne pas se mettre en infraction vis-à-vis de l’islam.
Du reste, les islamistes et même la plupart des musulmans, évitent de trop s’engager dans la voie de la condamnation des attentats. La raison est qu’il y a chez nombre de musulmans une certaine fascination pour leurs auteurs, et que ce groupe fait peser une menace de réaction sur les simples musulmans (avec qui ils sont liés par des liens quotidiens) mais aussi sur les islamistes dont l’influence repose sur une certaine radicalité rhétorique (même ceux qui subjectivement sont réellement opposés au terrorisme).
Cette faiblesse de la réaction des islamistes par rapport au terrorisme est confortée par l’attitude de certains milieux non musulmans qui en rajoutent dans la lutte contre l’islamophobie, voire dans une certaine « justification » du terrorisme (pétition Badiou-Ernaux établissant un lien entre ce terrorisme et la politique étrangère française ; non pas qu’il n’y ait pas un tel lien, mais alors, il faudrait demander des comptes au gouvernement français et non pas diffuser une pétition aux effets confusionnistes, justifiant objectivement des attaques par exemple contre des fidèles catholiques, opération totalement inepte par rapport à des enjeux géostratégiques, sans parler de son abjection morale.

Islamisme et fascisme
L’idée exprimée par Mme Autain, Clémentine, que « la France est dans une situation préfasciste » signifie que, selon elle, les musulmans vivant actuellement en France sont menacés dans un proche avenir par des « ratonnades » venant de milieux islamophobes d’extrême droite (avec la complicité du gouvernement et d'une bonne part de la population). Un certain nombre de militantS islamophiles présentent les musulmans vivant actuellement en France comme se trouvant dans la situation des Juifs en France dans les années 1930.
En réalité, s'il existe un phénomène « fasciste » en France, il réside dans l’association objective entre les revendications islamistes légales et la perpétration d’une violence terroriste islamiste.
Le soutien objectif (indépendant de toute complicité avérée) du terrorisme islamiste à l’islamisme permet en effet d’établir une analogie entre la situation actuelle dans les pays d’Europe occidentale, surtout en France, et la période des débuts du fascisme en Italie, à l’époque antérieure à la prise du pouvoir où les commandos fascistes exerçaient une violence quotidienne à l’’encontre des syndicats, des maisons du peuple, etc.
Mais les commandos fascistes, les commandos de squadristi, étaient une composante (illégale, mais pas du tout clandestine), du parti fasciste ; en réduisant à néant la capacité de réaction de la gauche, ils ont permis d’imposer à la droite plus ou moins complice l’accession au pouvoir de Mussolini en 1922 (les SA ont joué un rôle analogue en Allemagne, mais l'idéologie a joué un beaucoup plus grand rôle en Allemagne qu'en Italie).
La violence islamiste (qui s’exerce aussi à travers les « manifestations » (vociférantes) de « musulmans indignés » au Pakistan et en d’autres lieux plus éloignés) n’amènera évidemment pas un « parti islamiste » (qui n'existe pas) au pouvoir après une « Marche sur Paris », mais elle permet dès maintenant d’imposer une emprise islamiste sur l’espace médiatique en restreignant la « liberté d’expression » : interdiction de facto des « caricatures de Mahomet », par exemple (puisqu’il existe une de facto une menace de mort non négligeable, comme le montre le cas de Samuel Paty, dont l’intervention n’était pas pourtant même pas antimusulmane).

Conclusion : perspectives de l'emprise islamiste sur le champ médiatique
Jusqu’à quel point ce contrôle de la « liberté d’expression » peut-il s’exercer ? Il peut être très élevé dans les salles de classe, à l’encontre d’énoncés considérés comme « antimusulmans » (théorie de l’évolution, par exemple). Dans la société française, telle qu’elle est actuellement, il ne parait pas possible que les islamistes arrivent à « interdire de facto » la présence de la théorie de l’évolution, ou même l’expression de l’athéisme. Sur ce dernier point, on peut cependant avoir des doutes.
Est-ce que l’expression de l’athéisme n’en viendra pas à être considérée comme une « provocation inutile » par des « gens de gauche » « responsables » ?
Est-ce que la gauche islamophile ne pourrait pas en venir à dire : « Qui a besoin de dire « Dieu n’existe pas ! » ? D’ailleurs en est-on bien sûr ? »). Et que se passerait-il si les terroristes revendiquaient lors de leurs attentats l’abrogation des lois « islamophobes » (celle de 2010 sur la bourka et celle de 2004 sur les signes religieux à l’école) ?



Création : 22 novembre 2020
Mise à jour :
Révision : 23 novembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 102. Anticommunisme, islamophobie, fascisme
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/11/anticommunisme-islamophobie-fascisme.html








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