Quelques remarques sur une formule récurrente dans le monde politico-médiatique
Classement :
Le refus de l’amalgame comme notion
La notion sous-jacente à la formule « Pas
d’amalgame ! » est tout à fait correcte : on ne doit pas
« amalgamer », assimiler l’ensemble des personnes présentant telle
caractéristique non répréhensible avec ceux d’entre eux qui présentent de
surcroît une caractéristique répréhensible.
En pratique, dans le monde actuel, cela signifie qu’on ne
doit pas « amalgamer » les musulmans et les terroristes islamistes.
Le refus de l’amalgame comme formule
Malgré cela, vue sous un certain angle, la formule (la
formule, pas la notion) « Pas d’amalgame ! » est imbécile.
Pourquoi ?
Parce qu’elle a pour but ou pour effet de clore un débat, à couper court à
un raisonnement. Supposons qu’un attentat soit identifié comme
« islamiste ». La formule « Pas d’amalgame ! », en
voulant exonérer les musulmans de toute culpabilité, occulte le fait qu’il
y a un groupe particulier à l’origine de cet acte terroriste.
Dialogue imaginaire
On pourrait imaginer le dialogue suivant, consécutif à un
tel attentat :
« - Il y a un problème islamiste !
- Attention, pas d’amalgame !
- Quoi, pas d’amalgame ?
- Il ne faut pas incriminer les musulmans !
- Je n’incrimine pas les musulmans !
- Très bien, alors il n’y a pas de problème… »
Fin du débat, tout va bien, jusqu’au prochain attentat, mais le problème n'a pas été traité. En pratique, il n'y a pas de dialogue, une personne profère la formule « Pas d’amalgame ! » ou une formule analogue (« Attention aux amalgames ! », « Gardons-nous de tout amalgame ! » et passe à autre chose (déploration des victimes éventuelles, appel à l'action des forces de l'ordre, etc.).
Fin du débat, tout va bien, jusqu’au prochain attentat, mais le problème n'a pas été traité. En pratique, il n'y a pas de dialogue, une personne profère la formule « Pas d’amalgame ! » ou une formule analogue (« Attention aux amalgames ! », « Gardons-nous de tout amalgame ! » et passe à autre chose (déploration des victimes éventuelles, appel à l'action des forces de l'ordre, etc.).
On dira qu’il ne faut pas non plus amalgamer les islamistes
modérés aux islamistes terroristes (ou les « vrais islamistes » aux
« islamistes dévoyés »).
La seule formule acceptable serait donc « Il y a un
problème terroriste ! », ce qui est une tautologie, à moins qu’il ne
faille pas non plus amalgamer les terroristes légitimes et ceux qui ne le sont
pas : « N’oublions pas qu’en 1942, les résistants étaient considérés
comme des terroristes ! »* (ni que « Tout est dans tout et
réciproquement »).
D’ailleurs, il semble que François Hollande ait longtemps,
sinon toujours, été sur cette ligne : il dénonçait le
« terrorisme » (évidemment !), mais se refusait à énoncer
clairement de quoi il s’agissait.
Variante Plenel, qui lui a énoncé son origine : ce
terrorisme contre nous venait de nous-mêmes : « Nous avons enfanté
ces monstres », « Nostra culpa, nostra culpa, nostra maxima
culpa ». Il est bien évident que, bien qu’il dise « nous »,
Plenel n’inclut pas sa moustache (lien) parmi les responsables ; on
pourrait même penser que « nous » signifie ici « vous » :
« Vous, les salauds de laïcards, qui l’avez quand même bien un peu
cherché, non ? ».
*Cette formule « N’oublions pas qu’en 1942, les résistants étaient considérés comme des terroristes ! » mériterait aussi une analyse ; en l'occurrence, ce sont les autorités d'occupation et les autorités du régime de Vichy qui qualifiaient ainsi (de façon logique de leur point de vue et dans un but de propagande) des actes qui leur étaient hostiles ; en fait, la notion de « terrorisme » ne correspond pas aux actes les plus graves commis par les résistants (assassinats de soldats allemands ; sabotage matériel ou ne touchant que des militaires allemands) ; il correspond en revanche à certains actes commis par l'armée allemande (massacre d'Oradour-sur-Glane par exemple). Le mot « terrorisme. » était en fait utilisé pour connoter de façon extrêmement péjorative la violence (incontestable) de ces actions (et par amalgame des actions de résistance non violente, propagande, espionnage, aide aux évasions, etc.).
*Cette formule « N’oublions pas qu’en 1942, les résistants étaient considérés comme des terroristes ! » mériterait aussi une analyse ; en l'occurrence, ce sont les autorités d'occupation et les autorités du régime de Vichy qui qualifiaient ainsi (de façon logique de leur point de vue et dans un but de propagande) des actes qui leur étaient hostiles ; en fait, la notion de « terrorisme » ne correspond pas aux actes les plus graves commis par les résistants (assassinats de soldats allemands ; sabotage matériel ou ne touchant que des militaires allemands) ; il correspond en revanche à certains actes commis par l'armée allemande (massacre d'Oradour-sur-Glane par exemple). Le mot « terrorisme. » était en fait utilisé pour connoter de façon extrêmement péjorative la violence (incontestable) de ces actions (et par amalgame des actions de résistance non violente, propagande, espionnage, aide aux évasions, etc.).
Création : 6 janvier 2020
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 75. La bêtise de la formule « Pas d’amalgame ! »
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/01/la-betise-de-la-formule-pas-damalgame.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire