mardi 26 mai 2020

94. Les journaleux 2. Amaia Cazenave et France Inter

Quelques remarques à propos d'un papier d’Amaia Cazenave sur France Inter


Classement : 



Références
*Amaia Cazenave, « Le déconfinement à Anglet », dans le Journal de 13 h, France Inter, samedi 23 mai 2020 (11ème minute du journal) (réécoutable pour le moment, lien)
*« "On sait qu'on prend des risques" : à Anglet, certains habitants bravent les interdictions pour faire un peu d'activité », sur le site de France Info (lien)

L’auteur
Amaia Cazenave est « journaliste sport » à Radio France (ntice sur le site de France Inter, lien), ancienne élève de l’ École de Journalisme et de Communication d'Aix-Marseille (promotion 2008-2010), à Radio France depuis août 2010, a travaillé simultanément pour L’Équipe, puis Le Parisien, puis Infosport, puis Eurosport-FR, (page Linkedin, lien)

Texte
Je reproduis ci-dessous le verbatim du sujet sur Anglet le samedi 23 mai 2020. J’ai mis en majuscule la déclaration gratinée proférée par une certaine « Nina » :
« Présentateur (Yves Decaens), [suite à un sujet sur le vaccin contre le coronavirus en cours d’activité]
« En attendant le vaccin, le respect des règles de sécurité sanitaires continue de s’imposer à tous, même s’il fait beau, que les activités de plein air sont autorisées,  mais  de façon individuelle et en gardant les distances, ce que ne permettent pas, rappelons-le, les sports collectifs.
Pourtant, en ce pont de l’Ascension, beaucoup ont cédé à la tentation et bravé les interdictions, comme ici à Anglet, sur la côte basque. Amaia Cazenave »
Amaia Cazenave
« Sur l’esplanade de la Barre, les barrières qui entouraient le City-Stade n’ont pas résisté bien longtemps à la fin du confinement. Le petit terrain en synthétique désormais accessible est pris d’assaut, notamment par Thomas et ses amis.
Thomas
« Je ne suis pas sorti une seule fois en 2 mois. Ça fait du bien de prendre l’air un peu… Je trouve ça  plus logique que de faire, je ne sais pas moi, un repas ou un apéro entre amis, enfermés dans un appartement. Ça je ne l’ai pas fait, mais je préfère venir faire un foot en plein air »
Amaia Cazenave
« À quelques mètres, une aire de musculation. L’accès y est interdit, mais là aussi les barrières de protection ont été déplacées. Jean Lou s’y entraîne tous les soirs.
Jean-Lou
« On a des masques, on a du gel pour les mains, etc… Après, on sait que, ouais , on sait qu’on fait quand même une connerie. »
Amaia Cazenave
« Nina, son épouse et son fils n’ont pas l’impression de prendre de risques, bien au contraire ! »
NINA
« CORONA ? QUEL CORONA ? AH, AH, AH, AH » [rire]. ON N’A PAS DU TOUT RESPECTÉ LE CONFINEMENT, ON A ÉTÉ DEHORS TOUS LES JOURS. ON A CONTINUÉ À VIVRE COMME SI DE RIEN N’ÉTAIT. MON SYSTÈME IMMUNITAIRE NE S’EST JAMAIS AUSSI BIEN PORTÉ » [le mot « jamais » prononcé avec insistance]
Amaia Cazenave
« Un petit frisson parcourt tout de même ces sportifs quand une voiture de police s’approche puis, finalement, repart sans réprimande ni contravention.
« Ils sont … compréhensifs  » nous dit un des jeunes pratiquants.
Yves Decaens
« En rappelant que les mesures de protection, c’est aussi pour les autres »

Analyse et commentaire
1) en ce qui concerne la dame « Nina »
Tour d’abord, cela vaut la peine de réécouter ce journal, afin notamment d’entendre le rire dont « Nina » a eu l’impudence d’accompagner sa proclamation de « braveuse d’interdits » (Ricanement ? Rire gras ? Un doute subsiste).
Si on se reporte à la page France Info, on constate qu’elle se prévaut d’une  « désobéissance civile » autoproclamée, mais c’est un bien grand mot pour l’imbécile qu’elle est.
Non seulement elle fait dans le négationnisme de l’épidémie, mais elle crache à la gueule de tous ceux qui ont eu la maladie, y compris ceux qui en sont morts. Mais « tout cela est très exagéré », bien sûr.
Notons l’affirmation selon laquelle « on a été dehors tous les jours. on a continué à vivre comme si de rien n’était » (elle parle manifestement de la période de grand confinement) ; en l’occurrence, durant cette période, il était tout à fait possible de rester dehors tout le temps : il suffisait de se faire des attestations successives valables d’heure en heure ; si on était contrôlé, on pouvait présenter la « bonne » attestation ; encore fallait-il ne pas se tromper, et je doute qu’une « Nina » ait été capable de ne pas se tromper. En revanche, elle est certainement assez con pour avoir été capable de faire des attestations multiples ! Mais je pense tout de même qu’il ne s’agit que des rodomontades d’une bonne femme qui profite de la présence d’un journaleux pour acquérir ses 5 minutes de gloriole. Je l’imagine très bien, ayant enregistré le sujet, et le diffusant devant ses « potes » et « potesses », ébaubis et jaloux : « Putain, Nina, c'est envoyé, ça ! Ah, ah, ah, ah ! » [Rires gras]
Cela dit, le problème n’est pas la psyché malade d’une prétendue « mère de famille », c’est le fait que cette déclaration ait été diffusée sur une chaîne de service public, et non pas sur une chaîne de désinformation (style Russia Today, voire pire).

2) en ce qui concerne Amaia Cazenave
J’aime beaucoup le ton « pédagogique », un peu mielleux, vis-à-vis de l’auditeur (assez caractéristique de France Inter et de Radio France en général) qu’utilise Mme Cazenave dans son sujet.
Mais comment n’a-t-elle pas perçu le caractère débile et scandaleux de la déclaration de la dame « Nina » ?
Notons que celle-ci contredit son mari, qui exprime des réserves sur ce qu’il fait (Est-il sincère ? Peu importe). Nina non ! Elle y va franco : « On n’a pas du tout respecté le confinement » Apparemment, elle aurait ajouté « on n’en avait rien à cirer », mais ce n’est tout de même pas passé sur l’antenne !
Donc Mme Cazenave avait tous les moyens de laisser de côté cette déclaration, elle ne peut pas arguer du « respect de la liberté d’expression », puisqu’elle a « censuré » d’autres parties des déclarations des « braveurs d’interdits ». Et non seulement elle l'a passé, mais elle n’a émis aucune réserve sur cette déclaration, au moins pour marquer une distance. Elle ne peut donc pas arguer du « souci pédagogique », l’idée « voyez ce qu’il ne faut pas penser ou dire » (« souci » qui de toute façon ne serait pas un bon argument)
Elle a donc laissé passer quelque chose qui est une insulte pour des gens que par ailleurs à 20 h, Fabienne Sintes prend soin de « faire applaudir » en direct sur l’antenne, à la fin de l’émission « Le téléphone sonne ».
C’est pourquoi je pense que Mme Amaia Cazenave appartient bien à l’ignoble con frérie des journaleux.

3) en ce qui concerne France Inter
J’ai l’impression qu’Yves Decaens n’avait pas entendu le sujet au préalable : d’où, je pense, sa déclaration finale, grâce à laquelle il essaie de rétablir un certain équilibre et de rattraper la bourde d’Amaia. Effectivement, « Nina » ne pense manifestement qu’à elle-même ; elle se fout complètement d’être, elle, à l’origine de la contamination de quelqu'un d’autre. « Mon système immunitaire ne s’est jamais aussi bien porté. » C’est cela, oui ! (Sûrement une groupie de Raoult).
Donc, ou bien quelqu'un d’autre (rédacteur en chef ?) l’a entendu et a laissé passer ; ou bien personne ne l’a entendu, et il y aurait une responsabilité par négligence.
En tout cas, y’a quèquechose qui cloche là-d'dans et il est à craindre que la rédaction de France Inter appartienne aussi à l’ignoble con frérie des journaleux.



Création : 26 mai 2020
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 94. Les jounaleux 2. Amaia Cazenave et France Inter
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/05/les-jounaleux-2-amaia-cazenave-et.html







mardi 12 mai 2020

93. Les journaleux 1. Kauffmann, du Monde

Les membres de l’ignoble con frérie des journaleux, étude de leurs performances journaleuses


Classement :




Référence
*Sylvie Kauffmann, dans L’Esprit public« Demain, quel retour au travail ? », France Culture, 10 mai 2020 (lien)

L’auteur
Kauffmann (Sylvie), née en 1955 (OK, boomer !), est journaliste au Monde.

Texte
Déclaration faite à 11 h 45 : « Il y a eu énormément de commentaires à l’étranger sur les attestations dérogatoires françaises, sur ce génie français de la bureaucratie. La manière dont étaient formulées ces attestations a beaucoup fait rire à l'étranger »

Commentaire
Le fait de travailler au Monde est déjà un mauvais point : c’est être associé à l’individu assez imMonde qu’est Le Parmentier, con pourrait qualifier de « roi des journaleux ».
Mais Kauffmann va plus loin : dans cette émission consacrée au déconfinement, durant laquelle les lieux communs (« bien français », « esprit français », « jacobinisme », etc.) ont été enfilés avec ardeur, elle se distingue avec sa sortie sur les rires qu’auraient suscités « à l’étranger » le système des attestations de sortie.
Je remarque qu'aucun des ses interlocuteurs n'a fait écho à ce thème, à mon avis, , sans doute par « courtoisie ». Ils étaient sans doute tous un peu gênés (car, à part l'animateur de l'émission, c'était tous des hommes, et même des hommes blancs)..

Premier point
Pour ma part, je ne crois pas une seconde que ce système ait intéressé le moins du monde « les étrangers », si ce n’est quelques journaleux en mal de copie, ni a fortiori provoqué leurs « rires ».

Second point
En quoi les opinions des journaleux étrangers ont-elles le moindre intérêt ? Rappelons la campagne des journaleux US (pas seulement eux, il y avait dans le coup tous les autres imbéciles américains brandissant leurs Liberty Fries) au moment où le gouvernement français avait décidé de ne pas cautionner à l’ONU l’attaque de l’Irak (2003). Une campagne spécifiquement dirigée contre la France, épargnant l’Allemagne, qui avait pourtant pris la même décision.
C’est curieux, mais on ne voit jamais en France de véritable campagne de presse contre un pays étranger, alors que les journaux britanniques de caniveau en sont friands envers  « le pays des froggies »).
On peut aussi évoquer l'obsession pathologique de la sous-caste journaleuse US sur les histoires de voile musulman et de burqa en France (voir par exemple Marianne, lien). Le journaleux US se prend vraiment pour un « Intouchable » !

Troisième point
En réalité, c’est Kauffmann qui, du bas de son ignoblesse journaleuse, a trouvé ce système ridicule, pour on ne sait quelle raison. Et qui trouve intelligent d'en informer le monde entier, et même l'auditorat de France Culture, au moment où il va prendre fin. Bravo. Contre l’avis de la plupart de gens qui l’ont en fin de compte accepté. 
Comme aurait dit Raoul Volfoni, Kauffmann, c’est du top, Kauffmann, c’est de l'happy few (bien qu’elle ignore sûrement qui peut bien être Stendhal).

Quatrième point
Je ne suis pas sûr qu’on puisse justifier l’argument « le système des attestations était risible » autrement que par un réflexe journaleux pavlovien, mais je ne vais pas m’engager dans cette discussion (pour le moment).

Conclusion
À mon avis, c’est clair :
Kauffmann, du Monde, fait bien partie de l’ignoble con frérie des journaleux.



Création : 12 mai 2020
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 93. Les journaleux 1. Kauffmann, du Monde
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mercredi 6 mai 2020

92. Rhétorique bourdivine dans Télérama

Quelques remarques sur un réflexe pavlovien de la presse « de gauche »


Classement : école ; inégalités sociale ; Bourdieu




Référence
*Juliette Bénabent, « Les élèves fragiles décrochent, leurs profs s’accrochent », Télérama, n° 3668, 29 avril 2020, page 12

L’auteur
Juliette Bénabent est rédactrice à Télérama.

Texte
« Les élèves fragiles décrochent, leurs profs s’accrochent »
« "Les portes de l’école se sont fermées sur une institution qui va mal, avec des enseignants épuisés et certains élèves de plus en plus éloignés de la culture scolaire", rappelle Gabrielle, professeure de français dans un collège d’éducation prioritaire. "L’école est un miroir des inégalités. Cette banalité saute aux yeux aujourd'hui : les élèves favorisés s’approprient l’enseignement à distance, tandis que d’autres disparaissent des radars. On a affaire à deux mondes totalement distincts." »

Analyse et commentaire
Il s’agit pour l’essentiel d’une citation, de paroles prononcées par une professeure, mais cela cadre parfaitement avec ce qu’on pourrait appeler « idéologie bourdivine » caractéristique de Télérama et de nombreux médias « de gauche ».

To work or not to work
Une analyse un peu cynique pourrait conduire à dire que ceux « qui disparaissent des radars » sont, non pas « les élèves fragiles », mais ceux qui n’en foutent pas une à l’école, ceux qui traitent d’autres élèves de « bouffons » parce que ceux-ci se comportent comme des élèves corrects. Il est donc normal qu’ils en fassent encore moins (si c’est possible ; en fait, ils perturbent moins le travail des autres) dans un moment où la surveillance scolaire se relâche, où elle incombe entièrement aux parents. De même qu’il est normal que les élèves qui « travaillent bien » à l’école, continuent de « travailler bien » à la maison, parce qu’ils ne considèrent pas l’école exclusivement comme une privation de liberté.

Des élèves favorisés et des élèves fragiles ?
Ces élèves-ci, « Gabrielle » et Télérama les appellent « favorisés ». « Favorisé » est en fait un synonyme de « qui travaille à l’école » ; mais c'est aussi un terme péjoratif, parce qu’il renvoie à une notion sociologique,  l’origine familiale de l’élève. Il travaille bien, mais c’est parce qu’« il a de la chance : sa mère est prof » (graffiti à la Faculté des Lettres de Nantes en 2019) ; apparemment, durant leur grossesse, les professeures nourrissent leurs fœtus non seulement d’aliments matériels riches, mais aussi de leur immense culture (trop cool). Quid de ceux dont seulement « le père est prof » ?
Remarquer aussi la formule : « les élèves favorisés s’approprient l’enseignement à distance » qui peut aussi vouloir dire qu’ils le confisquent, qu’ils empêchent les « élèves fragiles » d’y accéder. Salauds de fils de profs et de cadres !

Origine sociale et réussite scolaire
Cette conception n’est pas totalement absurde dans le sens où il existe une relation entre « origine sociale » et « réussite scolaire » (pas un « déterminisme »), mais la mise systématique en avant de cette relation par des procédés rhétoriques divers aboutit à l’occultation du fait que la réussite scolaire exige (hic et nunc) un minimum de travail (wooo, l’bouffon !). En présentant les élèves qui ne foutent rien comme « fragiles », Télérama occulte aussi cela, laissant croire que tous les élèves ont une égale « soif de savoir ». Bien sûr, il faut tenir compte de cette relation, mais la profération de lieux communs n’aide pas à la résolution des problèmes. Ainsi « l’école est le miroir des inégalités », formule qui n’a strictement aucun sens, dont « Gabrielle » perçoit d’ailleurs la « banalité », mais qu’elle utilise tout de même.

L'école est-elle un miroir qu'on promène le long du chemin ?
Formulation curieuse pour une « professeure de français » : « L’école est un miroir des inégalités. Cette banalité saute aux yeux aujourd'hui ». Elle ne veut pas dire « la banalité de ma formule saute aux yeux » mais « le fait évoqué par ma formule banale est vérifié aujourd'hui de façon évidente ».
En tout état de cause, je ne comprends pas la métaphore du miroir, appliquée au système scolaire. En fait, ce sont les résultats scolaires qui « reflètent » les inégalités, pas  « l’école » (de même que si je plante un clou de travers, c’est le résultat de l’opération qui « reflète » ma maladresse, pas le marteau !).



Création : 6 mai 2020
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 92. Rhétorique bourdivine dans Télérama
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/05/rhetorique-bourdivine-dans-telerama.html







mardi 5 mai 2020

91. La prose de Julliard ne vaut pas un liard

Quelques remarques sur un éditorial débile de Julliard et un article ignoble de Franquebalme dans Marianne


Classement :




Références
*Jacques Julliard, « Débâcle à la française », Marianne, n° 1207, 1er mai 2020, page 4
*Benoît Franquebalme, « Pourquoi Chris nous crispe », Marianne, n° 1124, 28 septembre 2018, pages 84-87.

Les auteurs
Jacques Julliard
Normalien, agrégé d’histoire, universitaire (CNRS, université de Vincennes, IEP de Bordeaux, IEP de Paris, EHESS), syndicaliste au SGEN-CFDT et membre des instances de direction de la CFDT ; éditorialiste au Nouvel Observateur ; actuellement à Marianne, où il a tendance ces temps-ci à jouer le rôle de plumitif légèrement exalté.

Benoît Franquebalme
Il s’agit d’un plumitif qui écrit de temps à autres dans Marianne, plus ou moins spécialisé dans la rubrique « Spectacles » ; auteur d’un ouvrage (dispensable) sur Gérard de Villiers.

Commentaire sur l’éditorial de Julliard
Cet éditorial m’a paru tellement nul, absurde, hors de propos et inepte que j’ai envoyé dans la foulée au courrier des lecteurs de Marianne le message suivant, intitulé « Pourquoi Julliard me crispe ? ».
Mon message à Marianne
« Ça n'assone pas aussi bien que « Pourquoi Chris nous crispe », mais l’éditorial de Julliard est aussi nul que cet article, paru il y a quelques mois, sur Christine and the Queens : ce sont deux chefs-d’œuvre de stupidité satisfaite.
Julliard n’est pas toujours aussi con, je le reconnais, mais il essaie souvent, et là, il passe les bornes.
« Personne ne se demande pourquoi avec sa Sécurité sociale, ses CHU, son CNRS, ses ARS, etc., la France compte autant de morts ».
Si je comprends bien, il reprendrait volontiers une chanson con des années 1970 : « Oublier la Sécurité Sociale, les allocations familiales…. ». Il est aussi con tre les CHU, con tre le CNRS, et il ne le dit pas, mais le cœur y est, con tre l’Université qui lui assure des revenus plutôt dodus.
Comme si la Sécurité Sociale était responsable de quoi que ce soit !
Oui, mais, comme il le disait quand il baignait dans l’idéologie libérale (car il a été néolibéral, lui aussi) « notre système social est hors de prix ». Ce qui est comique, c'est de le voir dénoncer les morts dans les EHPAD, alors que les vieux (dont il refuse de voir qu'il fait partie, d'ailleurs) sont une des causes majeure de coût du système social (avec les longues maladies, dont il convient de dénoncer la prise en charge à 100 %, qui « nous coûte un pognon de dingue »).
Il est évident que la Sécurité Sociale n’est pas faite pour gérer des crises sanitaires ; il faut être un imbécile pour croire le contraire.
La crise sanitaire exige des dépenses que ne peut pas assumer la Sécurité Sociale, des décisions qu’elle n’est pas chargée de prendre.

Julliard trouve aussi que l’État en France est un mammouth, reprenant la formule d’un autre con, pas étonnant, qui se ressemble s'assemble. 

Qu’il émigre aux États-Unis, où il n’aura pas à souffrir d’un État surprotecteur, ni d’une Sécurité Sociale impuissante (même si Biden est élu). 
Qu’il cesse de répandre sa bave et ses borborygmes dans les colonnes de Marianne. »

Analyse
1) Franquebalme et Christine and the Queens
L'article de Franquebalme que je cite est un chef d’œuvre de mauvaise foi. Il s’agit d’une « instruction exclusivement à charge » contre une chanteuse que je n’apprécie pas particulièrement, mais il se trouve que
1) j’ai connu « Chris » quand elle était « Héloïse Letissier » au collège ;
2) d’une façon générale, je ne tolère pas certains procédés merdiques de polémique, notamment l’insinuation mensongère.
Un exemple : dans un encart « Chris dans le texte » (page 86): Franquebalme fait le montage suivant
.
Telle quelle, la phrase de Christine est certes grandiloquente et on pourrait légitimement s'en moquer, mais le commentaire de Franquebalme est carrément ignoble (fait accentué par l’emploi de termes vulgaires : « Normale Sup », « profs » en contraste avec l'emploi tout à fait superfétatoire du passé simple) à moins que ce soit de la pure incompétence journalistique (aucune tentative de comprendre ce qu'elle dit, aucun « recoupement »).
En effet, dans un entretien avec Télérama, Christine avait évoqué non pas l'appartenance de ses parents (tous deux professeurs, ce qu’elle ne cachait pas) à la classe ouvrière, mais leurs origines ouvrières. Fait qui n’a rien d’étonnant, nombre de professeurs recrutés dans les années 1970 provenant de milieux « moyens ou populaires ».
Ce n’est qu’un exemple : tout l’article baigne dans une atmosphère de sordide calomnie qui laisse des doutes sur la santé mentale du rédacteur.
À l’époque, j’avais eu l’intention d’écrire à Marianne, je ne l’ai pas fait (de toute façon, ça ne sert jamais à rien). J'ai donc profité de la production inepte de Julliard pour dire quelque chose de la production inepte de Franquebalme.

2) Julliard et la crise du coronavirus
J’ai déjà parlé (en pas trop bien) de Julliard (Jacques Julliard, linguiste indigne d'être loué).
En tant qu’éditorialiste, il fait preuve sur certains sujets d’une certaine stupidité ; dans Marianne, ses éditoriaux d’il y a quelques semaines me paraissaient acceptables (sans être d’accord à 100 %, mais j'avait l’impression qu'une discussion avec l’auteur aurait été possible, ce qui n’est pas le cas si celui-ci est manifestement stupide et borné, même ponctuellement).
Julliard, éditorialiste outrancier
Depuis le début de la pandémie, j’ai retrouvé cette stupidité julliardesque (son absence m’étonnait un peu), dont l’éditorial du 1er mai est une émanation radicale. Cette stupidité apparaît par exemple, dans l’outrance des termes employés (« débâcle », « bilan indigne, catastrophique »); dans le dénigrement implicite d’institutions qui, les ARS mises à part, ne peuvent avoir aucune responsabilité dans le nombre des décès (le CNRS) ou qui au contraire sont plutôt « responsables » d’avoir empêché des décès (les CHU). En ce qui concerne la Sécurité sociale, Julliard veut certainement dire « l’assurance-maladie », puisque, conceptuellement, la Sécurité Sociale concerne aussi la vieillesse, le chômage et la famille, Mais même l’assurance-maladie (les CPAM) n’ont pas de pouvoir décisionnaire en matière médicale, elle peut accepter ou refuser de financer telle ou telle décision médicale, mais cela ne vaut que pour une période « normale », pour du moyen ou du long terme, pas pour une période de crise, où les décisions reviennent au pouvoir politique (de même qu’il n’appartenait pas aux CAM de décider si l’IVG serait remboursée ou non).

La France, le pays des sigles
Dans la phrase que je cite, Julliard accumule des sigles pour « dénoncer », « stigmatiser » un trait négatif caractéristique selon lui de « la France » (la suradministration) ; c’est un procédé de bateleur comique, pas de « penseur politique » (même pseudo-). 
Je remarque qu’il n’a pas indiqué le sigle, pourtant extrêmement « riche », de l’institution où il a travaillé le plus longtemps : l’EHESS (il a aussi travaillé au CNRS et dans divers IEP). Ça n’aurait pas été mal pour faire le poids !

« Dans le pays de Pasteur, de Claude Bernard et de Laennec » c’est indigne 
À quoi rime au juste l’idée selon laquelle la France a fait aussi mal que l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, mais « dans le pays de Pasteur, de Claude Bernard et de Laennec » c’est indigne ? 
Cela relève de la pensée magique : la France serait « le pays de la médecine d’avant-garde » (comme elle serait, magiquement, « le pays des droits de l’homme »). Je ne pense pas que les exploits des chercheurs français du XIXème siècle aient quoi que ce soit à voir avec l’évolution de la pandémie de Covid-19 en France en 2020 ; dans les cas d’épidémie majeure, le problème est d’abord politique (par exemple, pour la peste de Marseille en 1720, aucune solution médicale n’était disponible ; la solution a été politique : le confinement militaire de la Provence, puisque on n’avait pas confiné Marseille à temps).
Il est clair pour tous (surtout rétrospectivement) qu’il y a eu en janvier-février des erreurs politiques (par exemple, je suppose : ne pas bloquer les avions venant de Chine ; ne pas fermer la frontière avec l’Italie ; aller au théâtre ; le comportement de Buzyn) ; elles ne sont sans doute pas pénalement répréhensibles, elles s’expliquent par une certaine idéologie à la fois « bon enfant » et mortifère (la mondialisation), par une certaine inertie (paralysie devant le danger ; crainte des moqueries).

Conclusion
La « réflexion » de Julliard est du même ordre que celle d’imbéciles de réseaux sociaux qui disent : « Comment se fait-il qu’avec 57 % de prélèvement obligatoires, la France n’ait pas assez de masques ? ». Du reste, en arrière-plan de l’article de Julliard, cette idée de « l’excès des prélèvements obligatoires » est présente, sans aucune distance, sans aucune réflexion sur le sujet. Je ne dis pas qu’il faut toujours « augmenter les prélèvements obligatoires », mais il faut savoir de quoi on parle. Pour un soi-disant social-démocrate, proche de la CFDT, ça la fout mal !



Création : 5 mai 2020
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Révision :
Auteur : Jacques Richard
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Page : 91. La prose de Julliard ne vaut pas un liard
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