Quelques remarques sur la notion devenue d’usage courant de « charge mentale »
La notion de « charge mentale des femmes » a fait
son apparition dans l’idéologie féministe à une date relativement récente. Les études
sociologiques et statistiques montrent que globalement, le souci pour le soin
de la famille pèse plus sur les mères que sur les pères, néanmoins l’usage de
la formule « charge mentale » a une dimension polémique abusive.
La situation jusqu'aux années 1960
Il fut un temps où, dans les milieux urbains du moins, les femmes mariées n’avaient pas d’emploi extérieur ; il y avait une division du travail fondée sur des stéréotypes très anciens : l’homme rapporte à la famille de quoi vivre ; la femme s’occupe des enfants, du ménage de la cuisine, de tous ce qui est « domestique » ; dans les milieux bourgeois et petit-bourgeois, les épouses avaient justement des domestiques (mais il leur revenait d’organiser leur travail), pas chez les ouvriers ni les employés.
Dans les années 1950 et 1960, les femmes urbaines ont
commencé à travailler après le mariage, et il est certain qu’à cette époque,
elles ont été victimes d’une conjoncture défavorable. Elles étaient souvent
plus demandeuses de travail que contraintes par leur époux, dont elles devaient
obtenir l’autorisation formelle (jusqu'en 1965), de sorte qu’elles ont dû assumer à la fois le
travail domestique et leur emploi extérieur (l’époux considérant, implicitement,
que son « autorisation » compensait largement la charge de travail qu’avait
souhaité l’épouse).
Il faudrait tout de même tempérer l’aspect inégalitaire de
ce pseudo-échange (puisque l’autorisation de l’époux n’avait aucune valeur d’un
point de vue humain) : les hommes assumaient une partie du travail
domestique, en ce qui concerne les travaux de bricolage, de réparation,
considérés comme « travail d’homme » ; mais cela représentait
une moindre « charge », une charge moins quotidienne, et plus
valorisante. On doit aussi noter que : l’homme avait le « droit »
d’aller seul au café, pas l’épouse ; l’homme avait le « droit »
de jouer au tiercé, pas l’épouse ; que l’homme avait le « droit »
de dépenser un peu d’argent en tabac, pas la femme, etc. etc.
L'évolution depuis les années 1960
Le problème des discours féministes actuels, c’est qu’ils
donnent l’impression que rien n’a changé depuis les années 1960 !
Il semble évident que dans nombre de couples (formés par
des personnes qui étaient enfants dans les années 1960, ou qui sont nées plus
tard, donc moins influencés par l'exemple des couples traditionnels), une répartition des rôles plus égalitaires s’est établie, et que même
dans les couples inégalitaires, la situation n’a rien à voir avec ce
qui se passait à l’époque.
Du reste, le changement de la phraséologie le montre :
dans les années 1980, le discours féministe dénonçait « la double journée », notion qui mettait l’accent sur le travail concret effectué par les femmes, sur la « charge de travail ».
La notion de « charge mentale » est apparue sans
doute parce que le thème de la « double journée » n’était plus
réaliste, plus vraiment crédible. L’idée, c’est que, certes les hommes travaillent plus qu’autrefois
dans le domaine domestique, mais ils n’assument pas les tâches organisationnelles,
ils se contentent en quelque sorte d’obéir aux ordres de leur épouse. Curieusement, cette
situation semblerait plutôt valorisante pour les femmes, mais les féministes (ou
plutôt les néo-féministes) préfèrent percevoir la situation comme un nouvel avatar de leur éternelle situation de victime, situation que (selon elles) rien ne pourra jamais changer.
Dans ces conditions, pourquoi être « féministe » ?
Non pas pour améliorer la situation des femmes (puisque, selon elles, rien, en définitive, ne peut l’améliorer, de même que pour l'extrême-gauche des années 1960, aucune amélioration de la situation des travailleurs n'était possible dans le système capitaliste ; il est vrai qu'après les années 1970, la situation des travailleurs a subi une détérioration, mais l'extrême-gauche a alors préféré tourner son attention vers d'autres sujets que la situation de la classe ouvrière).
Non pas pour améliorer la situation des femmes (puisque, selon elles, rien, en définitive, ne peut l’améliorer, de même que pour l'extrême-gauche des années 1960, aucune amélioration de la situation des travailleurs n'était possible dans le système capitaliste ; il est vrai qu'après les années 1970, la situation des travailleurs a subi une détérioration, mais l'extrême-gauche a alors préféré tourner son attention vers d'autres sujets que la situation de la classe ouvrière).
Il s'agit plutôt de s'installer dans des petits fromages idéologiques, voire matériels (activités de « consultation », de « coaching »), fondés sur la dévalorisation morale de l'homme et sa détestation (le thème des violences conjugales, beaucoup plus rentable, a d'ailleurs été substitué à celui de la charge mentale).
Le problème vient des gens de médias qui reprennent de telles notions approximatives et mystificatrices comme s'il s'agissait de vérités d'évidence.
En revanche, les femmes n'accordent pas d'importance aux propos des Coffin et autres pasionarias du féminisme radikal, sauf une minorité surmédiatisée des plus jeunes.
Création : 16 mars 2020
Mise à jour :
Révision : 5 novembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 88. Quelques réflexions sur la trop célèbre « charge mentale »
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/04/quelques-reflexions-sur-la-charge.html
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