samedi 18 avril 2020

89. Alain Corbin dans Télérama

Quelques remarques sur des assertions surprenantes d’Alain Corbin


Classement :




Référence
*Lorraine Rossignol, « L’invité : Alain Corbin », Télérama, n° 3666, 15 avril 2020, pages 3-6, notamment page 4

L’auteur
Alain Corbin, né en 1936, est historien ; Lorraine Rossignol est journaliste à Télérama. L'entretien est justifié par la publication d'un nouveau livre d'Alain Corbin, une Histoire de nos ignorances.

Texte 1
« […] le fait que le jeune Proust ignorait tout, en 1900, de l’existence des pôles Nord et Sud, découverts ultérieurement, n’a sans doute eu aucune incidence sur l’écriture de son œuvre. Il n’empêche qu’il ne vivait pas dans la même cartographie que la nôtre, même s’il en savait déjà beaucoup plus sur la Terre qu’un Goethe, un Stendhal ou un Chateaubriand. »
Analyse
La formulation « en 1900, Proust ignorait tout de l’existence des pôles Nord et Sud, découverts ultérieurement » parait curieuse. Certes, personne n’était allé aux pôles, mais le concept des « pôles terrestres » comme « points (réels) où passe l’axe de rotation de la Terre » est connu depuis longtemps (depuis que la rotation de la Terre a été admise comme un fait scientifique) ; d’autre part, le climat régnant aux pôles était depuis longtemps connu comme, disons, très froid, par simple exploration des zones arctiques et antarctiques ; peut-être ne savait-on pas à coup sûr s’il y avait de la terre ou de la mer précisément aux pôles, mais de toute façon, cela ne change pas grand-chose en pratique : on a affaire à des étendues glacées (banquise au nord, glaciers au sud) et les explorateurs des pôles (au pôle Nord : Robert Peary en 1909 ; au pôle Sud : Robert Scott et Roald Amundsen en 1911), qui se préparaient depuis plusieurs années savaient qu’ils devraient utiliser des traîneaux.

Texte 2
« Peut-être découvrira-t-on un jour que l’échec essuyé par Napoléon à Waterloo en 1815 fut certes dû, au-delà de ses choix tactiques, à d’épouvantables conditions météorologiques… mais qui étaient les conséquences, inexplicables à l’époque, de l’éruption du Tambora. Le 5 avril de la même année, ce volcan indonésien émit en effet un nuage de cendres si épais qu’il plongea le monde dans l’obscurité pendant trois ans, de 1815 à 1818. »
Analyse
A proprement parler, les conditions météorologiques n’ont pas plus causé la défaite de Napoléon qu’elles n’ont causé la victoire de Wellington : ces conditions étaient les mêmes pour tous.
A fortiori, que ces conditions aient été déterminées par une éruption volcanique n'a aucun impact sur le déroulement de la bataille de Waterloo.
C’est un fait tout à fait intéressant, qui a sans doute créé une perturbation de la vie quotidienne sur une bonne partie de la Terre, mais a priori sans conséquences politiques.
En ce qui concerne Waterloo, il me semble plus intéressant de dire que Napoléon a été vaincu parce qu’il devait l’être : s’il ne l’avait pas été à Waterloo, cela aurait été à la bataille suivante, étant donné qu’il était confronté à une coalition de toute l’Europe qui avait des ressources de loin supérieures à celles dont il disposait en 1815.

Commentaires
Alain Corbin aurait-il parlé sans suffisamment réfléchir ?



Création : 18 avril 2020
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 89. Alain Corbin dans Télérama
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/04/alain-corbin-dans-telerama_18.html







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