Quelques remarques sur des assertions surprenantes d’Alain Corbin
Classement :
Référence
*Lorraine
Rossignol, « L’invité : Alain Corbin », Télérama, n° 3666, 15
avril 2020, pages 3-6, notamment page 4
L’auteur
Alain
Corbin, né en 1936, est historien ; Lorraine Rossignol est journaliste à Télérama. L'entretien est justifié par la publication d'un nouveau livre d'Alain Corbin, une Histoire de nos ignorances.
Texte 1
« […]
le fait que le jeune Proust ignorait tout, en 1900, de l’existence des pôles
Nord et Sud, découverts ultérieurement, n’a sans doute eu aucune incidence sur
l’écriture de son œuvre. Il n’empêche qu’il ne vivait pas dans la même
cartographie que la nôtre, même s’il en savait déjà beaucoup plus sur la Terre
qu’un Goethe, un Stendhal ou un Chateaubriand. »
Analyse
La
formulation « en 1900, Proust ignorait tout de l’existence des pôles Nord
et Sud, découverts ultérieurement » parait curieuse. Certes, personne n’était
allé aux pôles, mais le concept des « pôles terrestres » comme
« points (réels) où passe l’axe de rotation de la Terre » est connu
depuis longtemps (depuis que la rotation de la Terre a été admise comme un fait
scientifique) ; d’autre part, le climat régnant aux pôles était depuis
longtemps connu comme, disons, très froid, par simple exploration des zones
arctiques et antarctiques ; peut-être ne savait-on pas à coup sûr s’il y
avait de la terre ou de la mer précisément aux pôles, mais de toute façon, cela
ne change pas grand-chose en pratique : on a affaire à des étendues
glacées (banquise au nord, glaciers au sud) et les explorateurs des pôles (au
pôle Nord : Robert Peary en 1909 ; au pôle Sud : Robert Scott et
Roald Amundsen en 1911), qui se préparaient depuis plusieurs années savaient
qu’ils devraient utiliser des traîneaux.
Texte 2
« Peut-être
découvrira-t-on un jour que l’échec essuyé par Napoléon à Waterloo en 1815 fut
certes dû, au-delà de ses choix tactiques, à d’épouvantables conditions
météorologiques… mais qui étaient les conséquences, inexplicables à l’époque,
de l’éruption du Tambora. Le 5 avril de la même année, ce volcan indonésien
émit en effet un nuage de cendres si épais qu’il plongea le monde dans
l’obscurité pendant trois ans, de 1815 à 1818. »
Analyse
A
proprement parler, les conditions météorologiques n’ont pas plus causé la
défaite de Napoléon qu’elles n’ont causé la victoire de Wellington : ces
conditions étaient les mêmes pour tous.
A
fortiori, que ces conditions aient été déterminées par une éruption volcanique
n'a aucun impact sur le déroulement de la bataille de Waterloo.
C’est
un fait tout à fait intéressant, qui a sans doute créé une perturbation
de la vie quotidienne sur une bonne partie de la Terre, mais a priori sans conséquences politiques.
En
ce qui concerne Waterloo, il me semble plus intéressant de dire que Napoléon a
été vaincu parce qu’il devait l’être : s’il ne l’avait pas été à Waterloo,
cela aurait été à la bataille suivante, étant donné qu’il était confronté à une
coalition de toute l’Europe qui avait des ressources de loin supérieures à
celles dont il disposait en 1815.
Commentaires
Alain
Corbin aurait-il parlé sans suffisamment réfléchir ?
Création : 18 avril 2020
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 89. Alain Corbin dans Télérama
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/04/alain-corbin-dans-telerama_18.html
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