A propos
d’un lieu commun inadéquat
Classement :
Dans l’émission Répliques
du 4 novembre 2017, consacré au film d’Hubert Charuel, Petit paysan, Alain Finkielkraut a repris une formulation fréquemment
utilisée à l’époque de la crise de l’ESB : « Les vaches tombaient
malades parce qu’on les avait rendues carnivores ».
Il me semble que cette formule n’est pas adéquate.
1) Tout d’abord, les vaches sont tombées malades parce qu’on
leur fournissait une nourriture (farine de viande) contaminée par la tremblante du mouton ; en revanche les
farines de poisson n’ont provoqué (pour autant que je sache) aucune maladie
chez les vaches, ni les farines de viande non contaminées.
2) D’autre part, peut-on qualifier de
« carnivore » l’absorption de farines de viande ?
Lorsqu’on prononce ce mot, on évoque presque
automatiquement des images de dents acérées, de lacération, d’arrachement de
chairs sanguinolentes, etc. Ce n’est évidemment pas le cas. Les dents des
vaches n’avaient nul besoin de devenir plus pointues, ni leur pelage de se
doter de rayures noires.
D’un point de vue plus scientifique, peut-on assimiler la
consommation de viande (fraîche ou cuite), de fibres, de graisse, de sang,
donc, avec la consommation de farine produite à partir de viande animale. Il
est évident qu’il n’y a pas d’analogie de structure (ce qui aurait des
conséquences sur le plan digestif). Qu’en est-il sur le plan chimique :
les composants de ces farines sont-ils équivalents à ceux de la viande ?
(de la même façon, par exemple, qu’absorber du charbon de bois réduit en
poudre, ce ne serait pas manger du bois, mais du carbone).
Il me semble qu’il y a dans cette phrase une dimension
exagérément catastrophique. Une espèce de lieu commun apocalyptique (une évocation
de l’inverse de l’ « âge d’or », période durant laquelle nos carnivores mangeaient de l’herbe).
Ce qui ne signifie pas qu’il y ait lieu de donner des
farines, en particulier animales, à des vaches ! Mais pas non plus de dire
un peu n’importe quoi…
Par
ailleurs, cette émission montre qu’Alain Finkielkraut n’est pas préoccupé exclusivement par l’islam : ce jour-là, il s'intéressait aux problèmes de la paysannerie, de l'agriculture...
Ajout (14 décembre 2017)
Les déclarations d'Alain Finkielkraut sur l'affaire Weinstein (destinée à détourner l'attention du machisme musulman) et sur les funérailles de Johnny Hallyday (les non souchiens n'y étaient pas) sont, disons, extrêmement décevantes...
A son sujet, un texte très intéressant de Claude Askolovitch sur Slate (lien).
Ajout (6 septembre 2018)
Ce jour, dans l'émission de France Inter Le téléphone sonne, thème : « Vegans contre viandards ».
Au début de l'émission, le scandale des vaches carnivores a été dûment quoique rapidement évoqué.
Envoyé un message :
« Est-ce qu'une vache qui absorbait des farines
d'origine animale, était devenue "carnivore" (attentant ainsi à
l'ordre établi par Dieu, qui a justement puni le responsable, l'homme) ?
Les farines ne contiennent ni sang, ni "chair" :
c'est de la chair qui a subi une telle transformation qu'elle n'en est plus
vraiment. Être carnivore, cela implique de déchirer des fibres musculaires ; ce
n'est plus le cas avec des farines (comment être carnivore quand on a perdu
toutes ses dents en 1 leçon).
Le vrai problème dans l'histoire de la vache folle, c'était
de donner des farines contaminées par la tremblante du mouton. Bon, je dis ça,
je dis rien. Je ne suis pas journaliste...»
Création : 23 novembre 2017
Mise à jour : 6 septembre 2018
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 24. Alain Finkielkraut et les vaches carnivores
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/11/alain-finkielkraut-et-les-vaches.html
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