mercredi 12 juin 2019

62. Qui est Romain Cachou ?

Quelques remarques sur le nom d’origine de Romain Gary et sur l’histoire de la Pologne au XXème siècle


Classement : linguistique ; polonais ; 




Référence
*Guillaume Erner, Les Matins, France Culture, 10 mai 2019

Texte
À l’occasion de la publication d’œuvres de Romain Gary dans la collection « La Pléiade », Guillaume Erner recevait Mireille Sacotte, responsable de cette édition.
Curieusement, à plusieurs reprises (au moins 2), il prononce « Cachou »  le nom d’origine de Gary (Roman Kacew) ; il s’agit d’un nom polonais qui se prononce /katsef/. Mireille Sacotte le lui signale ensuite discrètement en disant « Romain Katsef ».

Commentaires
La prononciation /kashu/ s’explique (mais ne se justifie nullement), en ce qui concerne le « ew/ou » par une influence de l’anglais (to chew, it grew, it flew) ; pour ce qui est du « c/sh », en revanche, je ne vois pas d’explication.
Noter que Guillaume Erner ne semblait pas très au fait des vicissitudes de la ville de Wilno/Vilna/Vilnius, lieu de naissance de Gary : « il est né à Vilnius en Lituanie », « il est passé sous le contrôle de la Russie, avant de revenir à la Pologne après la Première Guerre mondiale » : en 1914, au moment de la naissance de Roman Kacew, Wilno faisait partie de l’Empire russe depuis le troisième partage de la Pologne (1795) ; une forte proportion de la population restait cependant de langue polonaise. Après la Première guerre, la République de Pologne réussit à prendre le contrôle de la ville au détriment de la Russie soviétique et de la Lituanie ; en 1940 Wilno est intégrée à l'URSS, d'abord à la RSS de Biélorussie, puis à la RSS de Lituanie.



Création : 12 juin 2019
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 62. Qui est Romain Cachou ?
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2019/06/qui-est-romain-cachou.html








61. Quelques arguments antiplatistes

Deux arguments simples et vérifiables à l’encontre de la théorie de la Terre plate


Classement :  épistémologie ; cosmologie




Référence
*Alan Burdick, « "La Terre est plate mais on nous le cache !" », Books, n° 93, décembre 2018, pages 24-30.

Aperçu des théories platistes
L’article part d’un « congrès platiste » qui a eu il y a peu aux États-Unis, et donne à partir de là quelques informations sur les théories platistes.
Les platistes considèrent que la Terre est un disque plat, dont le centre est le Pôle Nord, autour duquel se répartissent continents et océans jusqu’à un mur de glace (l’Antarctique) qui borde le disque ; il n’y a donc pas de Pôle Sud (au-delà du « mur de glace », il y aurait des espaces incroyablement riches, mais dont les puissants veulent se réserver l’usage). Par ailleurs, les platistes sont géocentristes : pour eux, le Soleil tourne autour de la Terre, à une distance de quelques dizaines de kilomètres.
L’auteur de l’article de Books ne défend nullement ces points de vue : il accepte la théorie de la sphéricité de la Terre, mais ne pense pas à fournir d’arguments en faveur de cette théorie (acceptée par les scientifiques et philosophes grecs depuis le 5ème siècle avant J.-C., ce qui ne les empêchait pas d’être presque tous géocentristes).

Arguments anti-platistes élémentaires
Quels argument simples peuvent être opposés aux « platistes », sans recourir ni à l’histoire de l’astronomie, ni à des considérations un peu compliquées (le problème de la course rétrograde de certaines planètes), ni à des preuves (l’exploration spatiale) qu’ils récusent par principe parce qu’ils pensent que tout ce qui concerne l’espace relève d’un vaste « complot » orchestré par la NASA ?
Il me semble qu’il y a deux arguments de ce type en faveur de la sphéricité de la Terre ; laissant de côté la question de la rotation et de la révolution, je considère ici le mouvement diurne apparent du Soleil (déplacement du Soleil d’Est en Ouest).

Argument 1 : Le Soleil « se lève » partout, mais pas en même temps
Si on est réveillé au moment adéquat (et s’il n’y a pas de nuages), de préférence au bord de la mer (là où on voit le mieux « l’horizon »), on peut voir le Soleil « se lever » (apparaître au-dessus de l’horizon) ou « se coucher » (disparaître derrière l’horizon). Cela se produit partout sur la Terre (il y a cependant des cas particuliers, que je verrai plus loin). Les cartes postales stéréotypées de « couchers de soleil » attestent que le phénomène n’est pas l’exclusivité de l’endroit où réside un platiste allergique à tout voyage. 
Or, le lever du Soleil ne se produit pas partout en même temps, ce qu’il est facile de vérifier grâce à une liaison vidéo avec quelqu'un résidant beaucoup plus à l’Ouest (le Soleil se lève là où je suis, alors qu’il fait encore nuit plus à l’Ouest ; quelques heures plus tard, le Soleil se lèvera plus à l’Ouest, tandis que je le verrai plus ou moins haut dans le ciel).
Une seule personne peut elle-même vérifier cela, au prix d’un déplacement : en relevant l’heure au moment du lever du soleil à, par exemple, Long Island (mettons : 7 h 35) ; en se rendant alors en Angleterre, au bord de la Mer du Nord, sans changer l’heure à sa montre, il constaterait le lendemain que le Soleil ne se lève pas à 7 h 35 (+ ou – 2 mn), mais à 2 h 35 (heure qu’il est à ce moment à Long Island, encore plongée dans la nuit). On peut noter que les marins calculent la longitude de cette façon (différence entre l’heure solaire locale et l’heure donnée par une horloge à l’heure du lieu de référence, Greenwich en général) depuis le XVIIIème siècle !
Dans la conception platiste, ce phénomène n’a pas d’explication, étant donné qu’il ne peut même pas se produire : dans cette conception, le Soleil se lève au même moment pour le monde entier (au moment où il apparaît au-dessus du bord Est du disque).
Au contraire, la sphéricité de la Terre permet de comprendre ce phénomène, puisque dans ce cas il n’y a pas de « bord » de la Terre ; un endroit donné de la Terre se trouve à un moment face au Soleil au zénith (il est midi solaire), quelques heures plus tard, le Soleil « se couche » ; quelques heures plus tard, l’endroit se trouve à l’opposé du Soleil (minuit) ; quelques heures plus tard, le Soleil « se lève ». Aux endroits qui ont la même heure solaire correspond un méridien, une même longitude.

Argument 2 : le « Soleil de minuit »
Un phénomène concomitant est inexplicable dans la théorie platiste : le fait que quand on va vers le nord en été (en Scandinavie, voire en Ecosse), on constate en été un allongement considérable de la période du jour, et même, quand on atteint une certaine zone, on peut ne pas voir le Soleil se coucher (ni se lever) pendant plusieurs jours : à midi, le Soleil est assez haut dans le ciel (mais moins qu’en France) ; à minuit, il est bas dans le ciel, mais toujours visible (en l’absence de nuages) : d’où une autre carte postale stéréotypée des régions du nord des pays scandinaves : « le Soleil de minuit » (rassemblant 24 photos du Soleil prises à une heure d’intervalle).
Il est facile de vérifier le fait soi-même en se rendant en Norvège au Cap Nord, où chaque année en été se rendent des milliers de touristes, ou même un peu moins loin (à Narvik par exemple ou aux îles Lofoten).
Comment s’explique ce phénomène ? L’axe de rotation de la Terre n’est pas perpendiculaire au plan de la révolution autour du Soleil ; en juin-juillet, le Pôle Nord est exposé au Soleil (qui est à la proche de la verticale du Tropique Nord), tandis qu’en novembre-décembre, c’est le Pôle Sud (le Soleil est à la verticale du Tropique Sud).
Ce balancement (qui est aussi la cause, dans les pays de climat tempéré, de la variation saisonnière des températures) ne serait pas possible si la Terre était plate.



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Auteur : Jacques Richard
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