Quelques remarques, agrémentées d’un sonnet satirique, sur un livre grotesque et nul de « Pascal Junghans » (?)
Classement : système scolaire ; post-bourdieusisme
Référence
*« Pascal Junghans », La Fracture scolaire,
Paris, Éditions Syros, collection « École et société », 1997
L’auteur
Voici un texte que j’ai trouvé en 2013 sur le site Cadre
dirigeant (lien, mais il ne renvoie plus à la notice de l'intéressé)
« Pascal Junghans, 55 ans, est professeur à
l’International University of Monaco, chargé de cours à l’Université de
Technologie de Troyes et à l’Université de Poitiers. Docteur en sciences de
gestion, ses recherches portent sur l'intelligence économique, la criminalité
financière, le traitement de l'information et les médias. Il a été auparavant
directeur de programme dans une école de commerce, journaliste pendant 26 ans
(la Tribune, Capital, Libération ...) et cadre dirigeant dans un important
cabinet de courtage d'assurance. Il est l'auteur de huit livres dont le dernier
traite des services de renseignement français. »
Rétrospectivement et compte tenu la qualité de l’ouvrage
cité, j’ai de la peine à croire que son auteur puisse être la même personne que
celle décrite ci-dessus ; pourtant la consultation de plusieurs sources
sérieuses tend à prouver que j’ai tort. Certaines de ces sources indiquent que
« Pascal Junghans » serait né en 1958 (le 9 novembre !).
*Cairn (lien)
*BnF (lien)
*SUDOC (lien)
*Linkedlin (lien)
L’ouvrage
C’est un ensemble mal écrit, mal construit, mal pensé (on
pourrait synthétiser par la formule « nul à chier »), dans lequel on
trouve une dose d’antiélitisme passant les bornes du supportable, assorti de
formulations absurdes dans leur excès.
Le livre de Junghans est un exemple, relativement ancien,
de ce qu'on pourrait appeler « bourdieusisme pathologique », qui imprègne
largement le discours médiatique actuel, sans atteindre les mêmes excès.
Sonnet
satirique
Hommage à « Pascal Junghans » pour son
amour de l’éducation
D'abord, « Junghans »,
apprends ce qu'est une litote,
Toi pour
qui c'est bien peu que Descente aux
enfers,
Catastrophe, Train fou,
visions d'âge de fer,
D'apocalypses
relookées à Gravelotte.
Ne
confonds pas fusillade et mauvaise note,
Le
baccalauréat n'est pas la der des ders ;
D’abus
métaphoriques ne sois pas si fier,
Ne te
satisfais pas de tes formules sottes.
Ta
sociologie, pavée de grands sentiments,
Conduit
au cimetière des raisonnements,
Où,
joyeux chantre de l’harmonie patronale,
Avec des
arguments aussi tordus qu'une S,
Tu ne
cherches qu'à déconsidérer le SNES
Et
diaboliser l'Éducation nationale.
Annexe
Quelques citations de l'ouvrage de « Pascal
Junghans », classées par thèmes
Le livre
de « Pascal Junghans, docteur en sciences de la gestion », c'est
:
Un style immonde
Page 24 :
« …cette tendance a tendance à se poursuivre, voire à s’amplifier »
Page 30 :
« les réponses pédagogiques [à ce problème] sont infiniment
multiples. »
Page 63 :
« la démocratisation de l’école tant chantée sur toutes les estrades de
France et de Navarre n’est qu’un véritable leurre »
Page 76 :
« gangrenées par des idées subversives, voire de gauche ! »
Page 219 :
« une demi-dizaine d'années plus tard »
Page 247 :
« … développer la possibilité de pouvoir entamer des études »
Des formules choc
Page 27 : « … catastrophe »
Page 42 : «… Moloch qui broie des
milliers de jeunes »
Page 84 : «… l’enseignement technique entame
sa lente descente aux enfers »
Page 64 : « le niveau des enfant d’ouvriers
monte mais beaucoup moins vite que celui de la moyenne des autres élèves,
montre une étude – une véritable bombe –, réalisée par l’[INSERM] »
Page 81 : «… fonce à tombeau ouvert vers
le précipice » (quoi ? Allez-y voir !)
Page 107 : «… le ministre Chevènement,
véritable Gribouille, lance l’école, tel un train fou, sur des rails débouchant
sur un précipice »
Une métaphore chiadée
Page 83 : « Les « nouveaux
collégiens » arrivent dans le secondaire comme les poilus de 1917
sortaient des tranchées : en se disant que sinon ils seraient fusillés par
les leurs, tout en étant persuadés que beaucoup d’entre eux resteraient au
tapis.
Ceux des « nouveaux collégiens » qui survivent au
massacre sont récompensés de […] leur énergie en monnaie de singe. »
« Monnaie
de singe » : pas mal vu, non ?
Des prétentions à la littérature
Page 131 : « Lorsque Claude Gros – un homme au
mince collier de barbe sans lequel un fonctionnaire de l’Éducation nationale ne
serait pas tout à fait complet – arrive comme proviseur, il y a quatre ans, il
découvre un établissement qui dérive comme un bateau ivre. »
Page 171 : « Chaque année c’est le même
pensum : de vieux directeurs d’administration centrale quittent la Rue de
Grenelle et, dans de poussifs véhicules, se dirigent vers le ministère des
Finances comme en d’autres temps on allait à Canossa. Dans l’immense immeuble
du plus pur style stalinien, construit par l’architecte Chemetov, un jeune chef
de bureau soupire. Ce jour, il reçoit le vrai, le seul ministère dépensier,
celui de l’Éducation nationale, de loin le premier budget de la nation. [Suivent des chiffres –
catastrophiques, évidemment - sur le budget de l’EN]… Le jeune chef de
bureau piaffe d’impatience à l’idée de tailler à pleine calculette dans la
grosse chair molle de ces masses financières qu’il soupçonne d’être largement
improductives. »
Des remarques pertinentes sur François Bayrou et
Jean-Pierre Chevènement
Page 54 : « cet
agrégé de Lettres, père d'une polytechnicienne. » (cela doit être su !)
Page 139 : « le
ministre Bayrou est doté d’une ambition féroce …. »
Page 107 : «… le ministre Chevènement,
véritable Gribouille …. »
De l'amour pour les livres
Page 52 : « Quelles solutions préconise alors
Bentolila pour réduire l’illettrisme ? D’abord, évidemment, mettre en garde
contre la télévision, diatribe convenue, car « la grande masse de la
production télévisuelle impose un mode de relation au sens qui est en
contradiction formelle avec celui qu’implique la lecture » [citation de Bentolila, 1996, page non
indiquée]. Il faudrait donc interdire la télévision aux enfants. En voilà
une suggestion parfaitement opératoire ! »
« Pascal écrit » : « Mettre en
garde », « Junghans » comprend « Interdire » !
Bravo, « Junghans » ! Recommence !
Page 67 : « …les livres qui encombrent les bibliothèques
parentales » (des privilégiés, les riches et les professeurs)
Un peu de prof-bashing
Page 130 : « Mais les consommateurs d’école les
plus avertis, c’est-à-dire les professeurs, ne se contentent pas de la
stratégie triviale qui consiste à choisir un lycée. Après tout, un excellent
établissement peut être encore sectorisé. Quel dommage de ne pouvoir y
accéder ! Alors choisissons le collège qui mène à ce lycée. Mieux,
attaquons-nous à l’école primaire. Et pourquoi pas à l’école maternelle !
Environ 59,9 % des professeurs bravent les impératifs de la carte scolaire et
choisissent la maternelle où leur rejeton fera ses premières expériences de vie
collective. On choisit la meilleure maternelle qui conduit à la meilleure
primaire, puis au meilleur collège et enfin au meilleur lycée… Peu à peu se
constituent des filières d’élite. Et aussi, par voie de conséquence, des
filières poubelles. »
Il n’est pas à la portée de tout le monde de saisir un
concept aussi pertinent que « environ 59,9 % ».
À mon avis, il est peu probable que l’Éducation nationale
puisse fournir des statistiques aussi fines sur un phénomène qui existe
principalement dans les fantasmes des « spécialistes de
l’enseignement ».
Conclusion
Ben, oui, quoi, mais y’a quand même du vrai, alors
!
Création : 9 avril 2019
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 58. Pascal Junghans : pédagogue ou démagogue ?
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2019/04/pascal-junghans-pedagogue-ou-demagogue.html
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