Quelques remarques à propos d’un ouvrage sur les « faits alternatifs »
Classement : épistémologie
Référence
*Arnaud
Esquerre,, Le vertige des faits
alternatifs Conversation avec Régis Meyran, Paris, Textuel, 2018
Les auteurs
*Régis Meyran
« Régis Meyran est anthropologue
(docteur EHESS) et chercheur associé au LIRCES (Université de Nice - Sophia
Antipolis). Il s'occupe de la collection "Conversations pour demain"
chez Textuel et collabore aux magazines Sciences
Humaines et Pour la Science. Il a
publié notamment "Claude Lévi-Strauss, un regard neuf sur l'autre"
("Les génies de la Science", 2009); "Le Mythe de l'identité
nationale" (Berg, 2009) et (avec Valéry Rasplus) "Les pièges de
l'identité culturelle" (Berg, 2014). » (lien)
*Arnaud Esquerre
« Chargé de recherche CNRS HDR Discipline :
Sociologie
Les travaux d’Arnaud Esquerre se
déploient en suivant trois axes de recherche. Le premier axe porte sur les
déplacements de l’État contemporain, mettant l’accent sur le rapport au
psychisme (à travers la question de la « manipulation mentale » associée aux
groupes qualifiés de « sectes »), et sur le rapport au corps (l’angle choisi
portant sur les corps morts). Suivant un deuxième axe, Arnaud Esquerre explore
ce que l’on considère en général comme des « croyances », en s’attachant à
étudier différentes formes d’énoncés, tels que les prédictions de fin du monde,
les prédictions astrologiques, les récits rapportant des événements
extraterrestres. Un troisième axe prend comme objet les variations de richesse
: soit qu’il s’agisse d’enrichissement à la fois des choses et des personnes,
au sein d’une économie dite « de l’enrichissement » qui exploite le passé, soit
qu’il s’agisse du jeu d’argent. » (lien)
Texte
La lecture de la préface, due à la plume
de Meyran, augure plutôt mal du traitement du sujet.
Je reproduis un extrait de cette préface (pages 8 et 9).
Je reproduis un extrait de cette préface (pages 8 et 9).
En gras : passage soulignés par moi.
« Nous
sommes dans une période où, à côté de ces « faits alternatifs »,
fleurissent rumeurs et théories du complot en tous genre, qui contestent les
vérités établies par les autorités "légitimes" : ainsi, sur
Internet, 500 000 personnes ont visionné une vidéo expliquant en français
que la Terre est plate… Entre faits
alternatifs, fake news et théories du
complot, l’idée de vérité est en crise – certains parlent même de
« post-vérité ». Voilà le sujet que le sociologue Arnaud Esquerre
prend ici à bras-le-corps. Le modèle
classique de la vérité, imprégné de positivisme, qu’on trouvait chez le
philosophe Karl Popper, expliquait qu’il
n’existe qu’une seule vérité, inatteignable, en parfaite adéquation avec le
réel. La tâche de la science était alors de s’en approcher, par sauts
successifs, de plus en plus près. Si
déjà Thomas Kuhn, dans les années 1960, critiquait une telle conception et
proposait un modèle dans lequel chaque période historique, marquée par un
paradigme, possède sa propre vérité, nous nous en sommes encore plus
éloignés aujourd'hui. La science a pris
ses distances vis-à-vis d’une conception unique et absolue de la vérité,
comme en témoigne le nombre de controverses scientifiques où s’affrontent
désormais chercheurs, experts et citoyens (OGM, nucléaire, gaz de schiste…).
Certes, à côté de cela, un autre modèle de vérité a toujours cours, celui qui
se pratique dans les procès judiciaires ou les enquêtes policières et où une
enquête minutieuse tend à faire émerger un récit qui soit en adéquation avec
les faits. Mais, dans la conversation qu’on va lire, on va se rendre compte que
le doute qui affecte la vérité touche largement l’espace médiatique. Il s’agit
alors de placer les "faits alternatifs" dans ce tableau plus
général, et c’est ce que fait Arnaud Esquerre, de façon inattendue. »
Analyse et commentaire
Oui, tout à fait inattendue, car ce
« tableau général » ressemble à un gloubi-boulga relativiste dans
l’ensemble duquel il parait difficile de placer quoi que ce soit.
A) La crise de l'idée de vérité
Pour
quelle raison est-ce que « l'idée de vérité est en crise » ? Parce qu’elle se trouverait prise en étau « entre faits alternatifs, fake news et théories du complot ».
Autrefois, les philosophes pensaient que « la science » (la vérité scientifique) était en crise parce que par exemple, Einstein avait proposé la théorie de la relativité restreinte, puis celle de la relativité générale ; ou parce que Heisenberg avait constaté qu’on ne pouvait pas connaitre en même temps la position et la vitesse d’une particule ; sans parler du chat de Schrödinger !
Maintenant, il suffit que Bonnet, Alain, dit « Soral », voie la main du Mossad dans les attentats de 2015 ! Que Trump, Donald, affirme qu’une foule clairsemée est « la plus grande jamais réunie pour l’intronisation d’un président des Ztats-Zunis » ! Que des gens consultent des sites affirmant la platitude de la Terre (on pourrait imaginer que Meyran dénonce cette addiction à une erreur, mais les guillemets dans la formule « autorités "légitimes" » » laissent planer un doute. Bon, il est anthropologue, il n’est pas tenu d’avoir des compétences en cosmologie, même élémentaire).
Autrefois, les philosophes pensaient que « la science » (la vérité scientifique) était en crise parce que par exemple, Einstein avait proposé la théorie de la relativité restreinte, puis celle de la relativité générale ; ou parce que Heisenberg avait constaté qu’on ne pouvait pas connaitre en même temps la position et la vitesse d’une particule ; sans parler du chat de Schrödinger !
Maintenant, il suffit que Bonnet, Alain, dit « Soral », voie la main du Mossad dans les attentats de 2015 ! Que Trump, Donald, affirme qu’une foule clairsemée est « la plus grande jamais réunie pour l’intronisation d’un président des Ztats-Zunis » ! Que des gens consultent des sites affirmant la platitude de la Terre (on pourrait imaginer que Meyran dénonce cette addiction à une erreur, mais les guillemets dans la formule « autorités "légitimes" » » laissent planer un doute. Bon, il est anthropologue, il n’est pas tenu d’avoir des compétences en cosmologie, même élémentaire).
Meyran propose ensuite ce qu’on pourrait
appeler « une brève histoire de l’épistémologie de Karl Popper à Donald Trump ».
Ce point et les suivants seront examinés
dans une page à venir.
B) De la conception classique de la vérité
scientifique à la crise de la vérité dans le monde actuel
A venir
Création : 17 mars 2019
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 57. Sur le relativisme 2. L'épistémologie de Karl Popper à Donald Trump
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2019/03/sur-le-relativisme-2.html
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