mardi 6 novembre 2018

48. Ecriture inclusive : Daniel Schneidermann et l'accord de genre

Quelques remarques sur le positionnement très « rebelle-attitude » de Daniel Schneidermann à propos de l’écriture inclusive


Classement :




Ceci est une suite de la page L'écriture inclusive 1. le point médian.

Référence
*Daniel Schneidermann, Libération, 27 novembre 2017

Présentation
Dans sa chronique hebdomadaire, Schneidermann évoquait l’émission de télévision de Dominique Taddéi à laquelle il avait été récemment invité, en même temps que deux femmes (apparemment).

Texte
« Ses trois invitées (je pratique pour la circonstance l’accord de majorité) étant grosso modo d’accord sur l’existence d’un problème, à propos de la monstration des rapports homme-femme dans le cinéma, il se faisait l’avocat du diable. »

Commentaire
A mon avis, « l’accord de majorité » est acceptable en ce qui concerne des mots dont le référent n’est pas sexué (« chaise », « fauteuil », « lit », « armoire ») ; ces mots ont un « genre (grammatical) » (dit « masculin » ou « féminin »), mais les référents n’ont ni sexe, ni « genre (personnel) ».
En revanche, quand les référents d’une liste sont sexués, ça colle moins bien (« les verrats et les truies sont très grosses ») ; du reste, dans l’exemple de Schneidermann, il ne s’agit que d’orthographe (à l’oral, il n’y a pas de différence entre « ses trois invités » et « ses trois invitées », mais il n'en irait pas de même s’il s’agissait de « ses trois importantes invitées » ? Daniel Schneidermann accepterait-il volontiers d’être catalogué comme « importante invitée » de Taddéi ? (il se croirait obligée [sic] de dire « oui », mais au fond du fond ?)
A moins évidemment qu’il se présente désormais comme « Daniel.le Schneider.mann.frau » ?
Cela dit, rien n'est simple : si la formule « ses trois importants invités » peut convenir en référence à un homme et deux femmes (nonobstant l’écriture inclusive), il n’en va pas de même avec « ses trois beaux invités » (sans doute du fait que le champ sémantique de « beau » est plus sexué que celui d’ « important »). Le résultat est que, en pratique dans un tel cas, cette formule ne sera pas utilisée, on recourra à une formulation plus longue pour signifier qu’un homme et deux femmes peuvent tous les trois être considérés comme « beau » et « belles ».
Cela montre qu’on ne peut pas absolument tout dire dans une langue en respectant un schéma formel contraignant.



Création : 6 novembre 2018
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 48. Daniel Schneidermann et l'accord de genre
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2018/11/daniel-schneidermann-et-laccord-de-genre.html








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