Sur une
incongruité grammaticale proférée par le linguiste belge Marc Wilmet dans Télérama
Classement : grammaire ; linguistique
Référence
*Marine Landrot,
« Un enseignement néfaste pour l’intelligence » (entretien avec Marc
Wilmet), Télérama n° 3503, 1° mars
2017, pages 26-28
Présentation
Dans ce numéro,
Télérama consacre à l’ « affaire
du prédicat », sous le titre Faut-il
supprimer l’enseignement de la grammaire à l’école ?, un dossier composé
d’un article de Marion Rousset, « Grammaire : simplifier, c’est
compliqué », et de l’entretien référencé.
Marc Wilmet
énonce un certain nombre de choses plus ou moins intéressantes, puis il advient
que son discours dérape sérieusement, sans que Marine Landrot s’en offusque.
Texte
Analyse
Pour ma
part, ayant reçu mon instruction primaire dans les années 1950, je me rappelle
parfaitement que pour trouver le sujet, on devait poser la question « Qui est-ce qui… ? ». Par
exemple, pour la phrase « Le chat a mangé une souris » (ça arrive),
on se demande « Qui est-ce qui a mangé une souris », réponse : « le
chat », qui est donc « le sujet ». Si en revanche on s’intéresse
à la souris, on pose la question « Qu’est-ce
que le chat a mangé ? », réponse « une souris », qui est
donc « le complément » (bien entendu, ce n’est pas la souris-animal
qui est le complément, mais le groupe de mots « une souris »).
« Qui
est-ce qui… ? » et « Qu’est-ce que… ? » : voilà
les deux questions que j’ai appris à poser.
De ce fait, la
question « Qu’est-ce qui… ? »
me parait quelque peu bizarroïde pour localiser le sujet, ou même le
complément. Du reste, Marc Wilmet l’abandonne aussitôt ; à propos de son
exemple « Il pleut des hallebardes », il pose la question « Qu’est-ce
qu’il pleut ? ». Or cette formulation correspond à la question « Qu’est-ce
que… ? », avec élision du « e » de « que » devant
voyelle ; elle ne peut en aucun cas être dérivée de la question « Qu’est-ce
qui… ? ».
Si on veut
respecter la norme de la pédagogie ancienne, pour trouver le sujet de cette phrase, il faut poser la
question « Qui est-qui pleut des hallebardes ? », et la réponse
ne peut être que « il ». « il » est le sujet grammatical,
indépendamment de tout sens (puisque « il » ne renvoie a priori à rien). A
partir de là, on peut s’intéresser aux hallebardes et poser la question « Qu’est-ce
qu(e)’il pleut ? », réponse : « des hallebardes », qui est donc
déterminé comme complément (la grammaire traditionnelle parlait de « sujet réel », ce qui est absurde).
En fait,
Marc Wilmet a choisi un exemple retors, la formulation « impersonnelle ».
Il est évident que « il pleut », « il neige », « il
faut » posent des problèmes d’articulation du sens avec la structure
linguistique, étant donné qu'on ne sait pas du tout ce que représente ce « il ».
Et sur son
exemple retors, il pose une question tordue (« Qu’est-ce qui… ? »),
une question qu’il a inventée de toute pièce, une question qui ne peut pas être
posée en français ! Peut-être a-t-il pensé à un énoncé du type « Qu’est-ce
qu’i fait, s'gars-là ? ».
Conclusion
Bravo la
linguistique belge (ou téléraméenne ?) !!!
Création : 21 mars 2017
Mise à jour :
Révision : 2 septembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 14 A propos de la grammaire en Belgique
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/03/a-propos-de-la-grammaire-en-belgique.html
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