mardi 4 décembre 2018

50. Pour ceux qui croivent qu'on paye moins d'impôts en faisant des dons

Quelques remarques sur une croyance fiscale erronée mais bien enracinée


Classement : économie ; fiscalité ; niches fiscales




Beaucoup de gens et, parmi eux, nombre de journalistes, voire de spécialistes de l’économie, sont persuadés qu’en faisant un don à une association (reconnue d’utilité publique), on diminue son impôt sur le revenu. Ils désignent donc les dons aux associations comme une « niche fiscale ».

Cette page a pour but de démontrer que ces idées sont infondées.

Le processus fiscal concernant les dons aux associations
Le processus des dons se déroule comme suit : une année donnée, vous faites à une association un don de (mettons) 120 euros ; l’année suivante, vous indiquez ce don dans la déclaration d’impôt et lors du calcul de l’impôt dû, vous bénéficiez d’une diminution égale à 66 % du don soit, dans l’exemple choisi, 80 euros. Si l’impôt que vous devriez payer est de, mettons, 1000 euros, vous n’en paierez que 920.
Effectivement « vous avez payé moins d’impôt » que ce que vous auriez payé en l’absence de don.

Analyse
Il devrait pourtant sauter aux yeux que vous n’avez pas fait une bonne affaire. En effet, vous avez reçu 80 euros de l’Etat, mais vous avez payé 120 euros à l’association. Objectivement, vous avez « perdu » (en tout cas, dépensé) 40 euros.
Ce phénomène peut être présenté de façon mathématique par une équation dans laquelle j’appelle I le montant de l’impôt dû et D le montant du don :

D + (I - [(D/3)x2)]) = I + D/3
(don + impôt dû diminué de 2/3 du don = impôt dû + 1/3 du don)

Considérant la seconde partie de l’équation, on pourrait dire que, sur le plan comptable, tout se passe comme si vous aviez payé le montant de l’impôt dû à l'Etat et versé un tiers du don à l’association.
Ce n’est pas seulement une apparence : c’est la réalité la plus stricte. Dans la première partie de l’équation, on voit que l’association reçoit un don « complet », alors que dans la seconde, elle ne reçoit qu’un tiers de ce don. Pour qu’elle obtienne le don complet, il faut et il suffit que l’Etat, ayant reçu le montant de votre impôt, s’en serve pour verser deux tiers du don à l’association (c’est en fait ce à quoi il s’est engagé par la loi sur les dons aux associations ; et même, dans certains cas, suite à la « loi Coluche », il verse ¾ du don).
Dans la pratique, lorsque vous versez le montant du don, vous versez à la fois votre part (un tiers) et celle de l’Etat (deux tiers) ; l’année suivante, l’Etat vous rembourse la somme que vous avez versée à sa place.
C’est ce décalage temporel qui occulte le processus réel au profit d’une construction illusoire.

La question des niches fiscales
Il n’y a ici aucune « niche fiscale » ; simplement, à votre don réel (40 euros), l’Etat ajoute une subvention d’un montant double (80 euros).
D’une façon plus générale, ce que beaucoup de gens se délectent à appeler « niches fiscales » consiste simplement en subventions de l’Etat versées par le biais de réductions d’impôt. 
Lorsqu’il s’agit de subventionner, par exemple, un changement de chaudière, la subvention est versée au contribuable, qui y gagne évidemment quelque chose (il paie sa chaudière moins cher) ; dans le cas d’un don à une association, la subvention est versée à l’association, le contribuable n’y gagne rien.
L’emploi du terme « niche fiscale », terme en général assez stupide (il n'explique rien et masque la réalité de ce qui se passe), est donc totalement absurde dans le cas des dons aux associations.

Dans une page à suivre, je donne des exemples prouvant que ces croyances sont courantes dans la presse française.

A suivre



Création : 4 décembre 2018
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 50. Pour ceux qui croivent qu'on diminue ses impôts en faisant des dons
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2018/12/pour-ceux-qui-croivent-quon-diminue-ses.html








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