Classement :
Ceci est une suite de la page L'écriture
inclusive 1. le point médian.
L’accord de proximité
Selon les thuriféraires de l’écriture inclusive, lorsqu’un
mot doit être accordé simultanément avec un mot « masculin » et un
mot « féminin », l’accord ne doit plus être « masculin »
(comme le demande la « règle » actuelle), mais « masculin »
ou « féminin » selon le genre du mot le plus proche.
On nous dit que cette règle existait au XVIIème siècle,
avant que l’Académie en décide autrement.
Cette règle fonctionne sans problème dans certains cas.
En revanche, cela va moins bien dans d’autres : par
exemple, le vers de Racine cité en faveur de l’accord de proximité (Marianne, 17 novembre 2017, page 90):
« Armons nous d’un courage et d’une foi nouvelle ». Dans ce cas, en
effet, il ne s’agit pas d’un simple problème d’orthographe (qui n’existe qu’à l’écrit),
mais d’un problème d’expression (orale ou écrite). Peut-on, à l’oral, actuellement,
utiliser indifféremment « nouveau » (« masculin ») ou « nouvelle » (« féminin ») ? Dans ce cas, en effet, la
différence entre le « masculin » et le « féminin » n’est
pas seulement orthographique, elle est marquée oralement (c’est le cas de
beaucoup d’autres adjectifs : « petit », « grand », « fou », etc.). On
peut évidemment dire que personne dans un usage courant actuel ne dirait
« armons nous d’un courage et d’une foi nouvelle », ni du reste
« armons nous d’une foi et d’un courage nouveau » [notons qu’en
français actuel, s’il y a plusieurs mots qualifiés, on mettrait l’adjectif au
pluriel].
Je vais donc utiliser un exemple plus réaliste, avec les
mots « étudiant », « étudiante », « être »,
« tous », « présent ».
Cas d'école
Cas d'école
Avant de commencer une réunion, le doyen doit demander à
ses assesseurs :
« Les étudiants et étudiantes sont-XXs touXXs
présentXXs ? »
Dira-t-il :
1) « Les étudiants sont-ils tous
présents ? » (amalgame général du genre)
2) « Les étudiants et étudiantes sont-ils tous
présents ? » (accord usuel)
3) « Les étudiantes et étudiants sont-ils tous
présents ? » (accord de proximité et accord usuel)
4) « Les étudiants et étudiantes sont-elles toutes
présentes ? » (accord de proximité)
Il me semble que la phrase 4 ne sera pas prononcée
spontanément parce qu’elle serait ressentie comme illogique. Est-ce que ce
ressenti serait une « construction », le résultat de « décennies,
voire de siècles, de propagande en faveur du genre masculin » ? Il
faut reconnaître qu’avec ce type de question, on entre dans une zone de réflexion qui se rapproche
de la novlangue, créant une insécurité linguistique qui n’est pas souhaitable (mais qui est probablement l'objectif souhaité par les militants (et militantes) inclusivistes).
En revanche, les phrases 1, 2 et 3 sont spontanément acceptables,
mais seule la phrase 3 est conforme à la revendication de « l’accord selon
la proximité ».
Donc, l’ « accord de proximité » est acceptable à
condition qu’il n’entraîne pas d’illogisme sémantique, ce qui suppose une reformulation
de l’expression orale : pour conserver la formulation considérée comme
normale (adjectif au masculin), on devra mettre le mot masculin en
dernière position de la liste.
Création : 6 novembre 2018
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 49. L'écriture inclusive 2. L'accord de proximité
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2018/11/lecriture-inclusive-2-laccord-de.html