Quelques exemples grammaticaux pris dans des chansons connues, anciennes ou récentes
Classement : grammaire ; grammaire française
Le but de
cette page est d’utiliser un corpus de textes d’usage général.
Sommaire
L’opposition
imparfait-passé simple
Le
futur
Le subjonctif présent
1) Utilisé après le
verbe « falloir »
2) Autres emplois
Le subjonctif
imparfait
Index des
chansons citées
Cécile (Claude Nougaro)
Comme
de bien entendu
(Jean Boyer)
Dans
les prisons de Nantes
(répertoire populaire)
Supplique
pour être enterré à la plage de Sète
(Georges Brassens)
Le Tambour miniature
(Ah il fallait pas qu’il y aille) (répertoire militaire)
L’OPPOSITION
IMPARFAIT-PASSÉ SIMPLE
*Comme de bien entendu (Jean Boyer)
*Comme de bien entendu (Jean Boyer)
« Elle était jeune et belle, comme de bien
entendu,
Il eut le béguin pour elle, comme de bien
entendu,
Elle était demoiselle, comme de bien
entendu,
Il s’arrangea pour qu’elle ne le soit plus,
comme de bien entendu. »
Ce couplet vient de
la chanson du film de Jean Boyer Circonstances
atténuantes (1939), avec Michel Simon et Arletty.
*Cécile (Claude Nougaro)
« Elle voulait un enfant,
Moi je n’en voulais pas,
Mais il lui fut pourtant facile,
Avec ses arguments,
De te faire un
papa,
Cécile,
Ma fille. »
Ces exemples
montrent que l’opposition imparfait (situation)/passé simple (action) est claire pour les auteurs de ces chansons, et on peut le supposer, comprise par leur public (populaire). Il n’y a donc pas lieu de dire que « le passé simple est un temps
désuet » ; il est vrai que personne ne l’utilise dans l’expression orale
courante, mais il est très bien compris dans des textes qui n’ont rien d’
« élitiste ».
*Dans les prisons de Nantes : un cas particulier
« Dans les prisons de Nantes
Y avait un prisonnier.
Y avait un prisonnier.
Personne ne le vint "vouère"
Que la fille du geôlier.
Que la fille du geôlier.
Un jour il lui demande :
Et que dit-on de "moué" ? »
Et que dit-on de "moué" ?
Ici, on a bien une opposition imparfait-passé simple, mais assez curieuse : il serait plus logique de trouver « personne ne venait le voir », puis « un jour il lui demanda » ; mais le texte délaisse le passé simple au profit du présent (narratif) et utilise le passé simple de façon paradoxale, ce qui est peut-être lié à la relative ancienneté de cette chanson.
LE
FUTUR
*Dans les prisons de Nantes
« Je chante pour les belles
Surtout celle du geôlier
« Je chante pour les belles
Surtout celle du geôlier
Si je reviens à
Nantes
Oui je l'épouserai
Oui je l'épouserai
Dans les prisons de
Nantes
Y avait un prisonnier »
Y avait un prisonnier »
L’intérêt de ce
texte est d’indiquer une prononciation du futur 1ère personne en –é,
puisque « épouserai » rime avec « prisonnier »,
« geôlier » (et bien d’autres mots en –é), alors que la tendance
(actuellement dans la région de Nantes) est de prononcer le futur 1ère
personne en –è (proche du conditionnel présent 1ère personne)
LE
SUBJONCTIF PRÉSENT
1) Utilisé après le
verbe « falloir »
*Le tambour miniature
« Ah, i fallait pas, il fallait pas qu’il y aille,
Ah, il fallait pas,
il fallait pas y aller. »
*Dans
les prisons de Nantes (version des Tri Yann)
« On dit de vous en
ville
Que pendu vous
serez.
Mais s'il faut qu'on me pende,
Déliez-moi les
pieds. »
*Autre version
« Le bruit court par
la ville
Que demain vous
mourrez
Puisqu'il
faut que je meure
Déliez-moi les
pieds. »
2) Autres emplois
a) Après « pour
que »
*Comme
de bien entendu
(Jean Boyer)
« Elle était
demoiselle, comme de bien entendu,
Il s’arrangea pour qu’elle ne le soit plus, comme de
bien entendu. »
L’auteur ne fait
malheureusement pas la concordance des temps (« Il s’arrangea pour qu’elle
ne le fût plus »), qui a dû paraître trop formaliste.
LE
SUBJONCTIF IMPARFAIT
*Supplique
pour être enterré à la plage de Sète
(Georges Brassens)
« Note ce
qu'il faudrait qu'il advînt de mon corps,
Lorsque mon âme et
lui ne seront plus d'accord
Que sur un seul
point : la rupture. »
Brassens fait une
concordance des temps et modes entre le conditionnel
présent et le subjonctif imparfait, qui est peut-être discutable ( « ce qu'il faudrait qu'il advienne » ?) et est peut-être lié à la prosodie de l'alexandrin (il me semble qu'on dirait : « il faudrait qu'il vienne » et non pas « il faudrait qu'il vînt »).
Une version trouvée
sur Internet donne : « Note ce qu’il faudra qu’il advint de mon
corps » (lien), mais elle ne tient pas debout du point de vue grammatical (>
ce qu’il faudra qu’il advienne). Une autre version (Facebook INA, lien) donne : « Note ce qu’il faudrait qu’il advint de mon corps », où le subjonctif imparfait est remplacé par un passé simple.
Ces confusions montrent que le subjonctif imparfait est probablement le temps le moins familier, le moins bien reconnu.
Création : 26 juillet 2020
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 97. La grammaire française dans la chanson
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2020/07/la-grammaire-francaise-dans-la-chanson.html