Quelques remarques sur un procédé journalistique habile pour présenter incorrectement
les faits
Classement :
Référence
*Natacha Triou, « Le journal de la culture », France
Culture, 1er août 2019, 8 h 30 (lien)
L’auteur
Natacha Triou est journaliste
et productrice à France Culture.
Texte
Après avoir indiqué que le site du Machu Picchu est visité par un
million de visiteurs (par an) alors que 500 000 sont préconisés, elle
ajoute :
« Le
gouvernement péruvien prévoit la construction d’un nouvel aéroport
international à quelques kilomètres de là. »
Analyse
Remarquable travail d’écriture médiatique : en une
ligne et demie, elle réussit à énoncer trois approximations qui sont très
proches du mensonge.
Elle s’adresse à des auditeurs qui, pour la plupart, connaissent le Machu Picchu, mais n’ont jamais entendu parler de ce projet d’aéroport (que personnellement, je ne connais que depuis un voyage au Pérou en mai dernier). Ils vont donc être enclins à penser :
Elle s’adresse à des auditeurs qui, pour la plupart, connaissent le Machu Picchu, mais n’ont jamais entendu parler de ce projet d’aéroport (que personnellement, je ne connais que depuis un voyage au Pérou en mai dernier). Ils vont donc être enclins à penser :
1) qu’il existe déjà un aéroport international pas loin du
Machu Picchu ;
2) que le « nouvel aéroport international » va être
construit à une distance de 5 à 15 km du site (« quelques kilomètres ») ;
3) que ce nouvel aéroport a spécifiquement pour but de
desservir le site du Machu Picchu (un peu comme la gare de
Chessy-Marne-la-Vallée dessert Disneyland).
Commentaire
Commentaire
Bien sûr, « il n’existe pas de faits objectifs » :
néanmoins, je crois nécessaire de préciser (avec l'aide d'une carte du Pérou centrée sur le Machu Picchu et Cuzco) :
1) que le Pérou ne compte actuellement qu’un seul aéroport
international, l’aéroport Jorge-Chavez, situé à Lima (à environ 500 km de là, au nord-ouest) ;
2) que le nouvel aéroport doit être construit à une
distance à vol d’oiseau d’environ 50 km, beaucoup plus par la route (il faut
passer par Urubamba et Ollantaytambo) ;
3) que ce nouvel aéroport doit d’abord desservir la ville
de Cuzco, d’autant plus que l’accès au Machu Picchu est on ne peut plus
contrôlable et contrôlé (il faut prendre un train à Ollantaytambo, et, arrivé à
Aguas Calientes (carte) prendre une des navettes bus autorisées à rouler sur la piste
vers le site) ou monter à pied ; de toute façon, il faut avoir un ticket d'entrée pris à l'avance.
Conclusion
Bien entendu, ce projet d’aéroport est critiquable ; néanmoins, il n’appartient pas à une journaliste, fût-elle de France Culture, de fonder sa critique en prenant de telles libertés avec la réalité (tout en prenant garde de ne pas mentir explicitement).
Création : 2 août 2019
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 63. Le journalisme à la française au Machu Picchu
Lien : https://lesmalheursdesophisme.blogspot.com/2019/08/63-le-journalisme-la-francaise-au-machu.html