jeudi 30 novembre 2017

27. L'écriture inclusive 1. le point médian

A propos de l’écriture « inclusive » : le point médian


Classement : linguistique ; grammaire française ; orthographe




Dans la foulée de l’affaire Weinstein, il semble que la « parole se soit libérée » dans d’autres domaines, de façon pas forcément aussi légitime. Notamment sur les questions de l’ « écriture inclusive » et de la « féminisation de la langue » (un autre domaine de « libération de la parole » est celui de la soi-disant racisation de la société française).
Je commencerai par évoquer la tentative d’introduction d’un nouveau signe d’écriture : le « point médian ».

Cette notation permet de contracter l’écriture de deux mots proches, différenciés par les marques « masculin » et « féminin » : par exemple « les citoyens et citoyennes ».
La forme contractée sera donc « les citoyen.ne.s » qui est supposée être lue « les citoyens et citoyennes » [normalement, les points dans « citoyen.ne.s » ne seraient pas en bas (point de phrase), mais au milieu de l’interligne. On s’en fout].
L’usage de cette contraction est compréhensible dans certains cas : dans les petites annonces (pour gagner de la place et payer moins cher), sur les banderoles de manif (pour gagner de la place), dans les SMS, si on veut (mais on peut aussi y écrire des tas de choses qui ne seront jamais reconnues officiellement, sauf comme référence à ce type d’écrit ou pour un effet comique : « Ma 6t va craquer »).
En revanche, cela ne paraît pas justifié dans la presse ou le livre, ni dans la langue administrative. Les journalistes et chroniqueurs qui l’utilisent (comme dans un récent numéro de Libération) prouvent simplement qu’ils sont très satisfaits d’eux-mêmes en se donnant des airs de « rebelle attitude » (regardez, ce que je suis iconoclaste, k mèm).
Evidemment, cette notation résulte d’une situation où on avait tendance à écrire (manifs, notamment) « les citoyens » pour désigner tout le monde (mâles et femelles) ; l’ajout de ces signes bizarres constituait un coup de force idéologique (très minuscule, cependant) assez marrant, qui pouvait être justifié. Il ne s’ensuit pas que cela doive devenir une norme générale : si on veut différencier les mâles et les femelles, il vaut mieux écrire dans les domaines d’écriture normée, « les citoyens et citoyennes » ou « les citoyennes et citoyens » (dans les discours, la formule est « Mesdames, Messieurs » et non pas l’inverse. Faudrait-il écrire « Mes.dame.sieur.s ». Là où il n’y a pas de norme, « les citoyen.ne.s » peut bien le faire !
Du reste, s’il s’agit de rendre aux femmes la place qu’elles méritent, je ne suis pas sûr que la graphie« les citoyen.ne.s » apporte grand-chose. En effet, c’est le radical qui est mis en valeur, or le radical évoque plus le genre masculin, pour la simple raison qu’en français, quand la différence lexicale existe, le mot « masculin » est presque toujours plus court (surtout à l’écrit) que le mot « féminin » (« petit, petite », « maçon, maçonne », « ajusteur-outilleur, ajusteuse-outilleuse »), exception, par exemple : « cane » et « canard », et non pas « canarde ») ; par conséquent, le mot « masculin » est souvent plus proche du radical que le mot « féminin ». Donc « les citoyens et citoyennes » ou « les citoyennes et citoyens » sont des formules beaucoup plus efficaces, et plus naturelles (cela dit indépendamment de toute idée de « déconstruction des stéréotypes »), pour valoriser les femmes en tant que membres de la 6t.

Morceaux choisis
*Libération, 25 novembre 2017, chronique de l'écrivain Camille Laurens« nous savons bien qu'il ne faut pas dissocier le sort des canard.e.s de celui des humain.e.s ».
Cette remarque est fondée sur le fait que le 25 novembre est à la fois la Journée pour l'élimination de la violence contre les femmes et la Journée mondiale anti-foie gras.
Dans sa formulation, on a l'impression que la femelle du canard est appelée « canarde » !  Problème : comment écrire inclusivement l'opposition « cane/canard » ? Can.e.ard ? Logiquement en effet, c'est l'élément le plus court (généralement le masculin, ici le féminin) qui devrait venir en premier...



Création : 30 novembre 2017
Mise à jour : 20 décembre 2017
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 27. L'écriture inclusive 1. le point médian
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mercredi 29 novembre 2017

26. La bande à Baubérot

A propos d’un livre de Caroline Fourest, d’un article de Magnaudeix (Mathieu) contre Caroline Fourest et d’une tribune de Baubérot (Jean) (et d’autres) contre le livre de Caroline Fourest


Classement : vie intellectuelle en France ; falsification intellectuelle




Références
*Caroline Fourest, La Tentation de l’obscurantisme, Grasset, 2005
*Mathieu Magnaudeix, « Les croisades de Caroline Fourest », Mediapart, 21 février 2017, et Le Crieur, 2017 (lien https://www.mediapart.fr/journal/france/230217/les-croisades-de-caroline-fourest?onglet=full)
*Jean Baubérot (EPHE), Bruno Etienne, Franck Fregosi (CNRS), Vincent Geisser (CNRS), Raphaël Liogier (professeur des U.), « Les lauriers de l’obscurantisme », Le Monde, 18 avril 2006
Les auteurs de ce dernier texte sont collectivement désignés comme « la bande à Baubérot » ou « la bande ».

Présentation de l’article de Magnaudeix
Il s’agit d’un réquisitoire à charge contre Caroline Fourest.
Je n’ai pas l’intention de le décortiquer, je vais seulement m’intéresser à un passage où Magnaudeix évoque le livre paru en 2005, La Tentation de l’obscurantisme, qui a reçu en 2006 le prix du Livre politique de l’Assemblée nationale. Dans la foulée, Magnaudeix évoque la protestation (contre le prix et contre l'ouvrage) de plusieurs universitaires, parue dans Le Monde, signée par, notamment Jean Baubérot. Cette référence suffit à Magnaudeix pour prouver que le livre de Caroline Fourest ne vaut rien (voire pis). Manifestement, il considère que les grands noms des signataires sont une garantie de la valeur de leur texte.

Présentation de la tribune de « la bande à Baubérot »
Il se trouve qu’à l’époque, ayant lu le livre, puis la tribune, j’avais été un peu interloqué par la vivacité intellectuelle manifestée par la bande et effectué une assez longue étude des deux textes, adressée quelques mois plus tard au Monde (fin décembre 2006).
Je fournissais des exemples précis montrant que la tribune de la « bande à Baubérot » était d’un niveau lamentable (voire pis) et que ces universitaires n’avaient porté atteinte qu’à la réputation de l’Université française (qui les emploie) et à la leur propre (si l’on peut dire).
J’ai reçu du Monde un accusé de réception, et été informé que mon texte avait été transmis aux membres de la bande.

Texte
Je le reproduis ci-dessous, sans rectifications autres que quelques corrections orthographiques décelées à la relecture et quelques rectifications typographiques (gras, majuscules > minuscules).
« Le 18 avril de l’année en cours, paraissait dans votre journal une tribune, signée de Messieurs Baubérot, Etienne et alii, tribune qui avait la prétention de critiquer le livre de Caroline Fourest (La Tentation obscurantiste), ainsi que l’attribution par l’Assemblée nationale du Prix du Livre politique 2006 à cet ouvrage. Désolé pour le retard, mais leurs « Lauriers de l’obscurantisme » ont nécessité un long travail de débroussaillage et de mise au net….
Si je n’avais pas eu la moindre connaissance de La Tentation obscurantiste, la tribune de Messieurs Baubérot, Etienne et alii, m’aurait incité à penser qu’il s’agit, pour faire simple, d’un livre nul et abject. Frappante, en effet, l’abondance des formulations péjoratives, parfois très péjoratives et méprisantes :
Un livre nul
« frauduleusement »
« trafic des émotions »
« ânonner des lieux communs »
« philosophes autoproclamés »
« catégories sectaires »
« tour de passe-passe »
« rhétorique conspirationniste »
« invectives gratuites »
Un livre abject
« discours inquisitorial »
« flatter les ventres pleins de préjugés »
« républicanisme forcené »
« ses propres turpitudes »
« haine viscérale de la connaissance scientifique »
« délation ».
Liste non exhaustive : assez effarante, pas nécessairement dans le sens espéré par les auteurs. Ces chercheurs, universitaires, membres de l’élite intellectuelle de la nation ont-ils conscience de l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes en cherchant, avec un tel systématisme, à discréditer Caroline Fourest et d’autres personnes ?
Un systématisme vide, de surcroît, puisqu’ils ne fournissent, pour étayer leurs affirmations, aucun élément concret, aucune référence précise au texte incriminé. Le lecteur doit se fier à leur parole, gagée sur
1) des appartenances universitaires (« EPHE » ! « CNRS » ! « CNRS » !)
2) la revendication d’une pratique de la véritable recherche (évocation du « terrain », de la « complexité » de la réalité étudiée)
3) une invocation à Pierre Bourdieu (la désignation de Caroline Fourest, et d’autres, comme « intellectuel négatif » s’apparentant manifestement à une anathémisation).
Aucune de ces trois garanties ne me satisferait, personnellement, bien que je ne sois professeur que dans un collège de France : ce que je préférerais, ce sont des preuves. Les auteurs invoqueront-ils le manque de place ? Dans ce cas, il aurait fallu examiner (de préférence sans haine et sans passion) un ou deux points seulement. Il était inutile d’aligner cinq ou six griefs, sinon plus, présentés comme rédhibitoires, sans les étoffer autrement que de façon rhétorique.

Il se trouve que j’avais lu le livre de Caroline Fourest avant de prendre connaissance de leur tribune ; après quoi, je l’ai relu à deux reprises. J’admets qu’il est fondé sur un parti pris anti-islamiste (c’est-à-dire : opposé à l’islamisme, non pas antimusulman), mais je n’y ai pas trouvé les multiples défauts qui lui sont attribués, pas au point indiqué en tout cas. Quelques exemples :
Invectives
Un relevé assez systématique aboutit à une liste non négligeable, mais il s’agit tout de même d’un livre de 150 pages, pas d’une demi-page de journal. Dans l’ensemble, les invectives que j’ai relevées ne me paraissent pas aussi violentes que celles des « Lauriers ». Bien entendu, on se trouve dans un domaine où l’évaluation est difficile.
Pour essayer d’être plus probant, je vais citer des passages concernant des personnes d’un avis opposé à celui de Caroline Fourest (en général ou en ce qui concerne le sujet abordé dans le livre).
Françoise Gaspard (page 88) :
A leurs côtés, Françoise Gaspard, sociologue féministe et ancienne maire socialiste de Dreux, milite contre la prostitution, mais tolère le voile à l’école dans l’espoir que l’Education nationale fasse évoluer les filles voilées…Etait-elle pour autant obligée de signer avec Une Ecole pour tous et de donner des conférences aux côtés de partisans du voile et des islamistes ? Un choc pour tous ceux qui se sont battus à ses côtés contre les intégristes chrétiens anti-PACS.
Tariq Ramadan (page 58)
Autant les provocations de Dieudonné font relativement consensus contre elles, autant des positions plus ambiguës peuvent mettre la gauche sens dessus dessous. C’est le cas du texte commis par Tariq Ramadan à la veille du Forum social européen de Paris en octobre 2003. Son article, « Critique des (nouveaux) intellectuels communautaires », n’était pas à proprement parler antisémite mais essentialiste, au sens où il sommait une liste d’intellectuels juifs de prendre position contre Israël, comme si le fait d’être d’origine juive les rendait coresponsables des actes du gouvernement israélien. Une tribune calibrée pour faire exploser le consensus entre militants prioritairement tiers-mondistes et antitotalitaires. Sans surprise, les progressistes ayant une fibre plutôt tiers-mondiste… ont fait corps avec Tariq Ramadan. Tandis que des militants plutôt antifascistes ont été choqués par cette complaisance envers un propos flirtant avec le racisme ; qui plus est tenu par un leader islamiste, dans un contexte de reprise des agressions antisémites.
Ni dans un cas, ni dans l’autre, Caroline Fourest n’utilise des procédés de dépréciation ; on comprend qu’elle est plus proche de Françoise Gaspard que de Tariq Ramadan, mais même ce dernier n’est pas traité comme … je ne saurais dire quoi, du reste, n’étant ni universitaire, ni chercheur, ni membre de l’élite intellectuelle de la nation. Sauf erreur de ma part, le texte de Tariq Ramadan n’est pas disqualifié a priori…Evidemment, on peut dire que l’expression « texte commis par Tariq Ramadan » a des implications tout à fait significatives !!! Voire révélatrices !!!

Délation
Je suppose qu’ils évoquent les listes de personnalités et d’organisations fournies par Caroline Fourest, en abrégé dans le corps du texte, plus complètement dans les notes. Est-il légitime de parler de « délation » ? La délation n’existe que par rapport à la possibilité d’une répression, et par rapport à une activité clandestine ! Les gens qui ont signé une pétition ont accepté que cela soit connu ; est-il immoral qu’un adversaire de cette pétition informe ses lecteurs de la liste des signataires ? Au contraire, on pourrait dire que Caroline Fourest risque de desservir sa cause auprès de lecteurs dont l’opinion n’est pas arrêtée, et qui pourraient être attirés vers un point de vue soutenu par José Bové ou Françoise Gaspard. On pourrait dire qu’elle fait preuve d’une certaine honnêteté en citant tous ces noms, en donnant les références de tous les livres, publications, sites qui défendent le point de vue opposé au sien !

Je ne vais pas exposer mon analyse de tous les reproches faits à Caroline Fourest ; je les crois aussi mal fondés que les précédents, et ce serait un peu long.
Quant à savoir si « La Tentation obscurantiste » méritait le prix de l’Assemblée Nationale… Est-ce que le prix de l’Assemblée Nationale a une telle importance ? Personnellement, j’ignorais son existence avant de lire leur tribune : elle n'aura donc pas été tout à fait inutile !
Autre question : Est-ce que les procédures légales de l’attribution ont été respectées ? Si c’est le cas, sachant que l’Assemblée Nationale est plutôt anti-islamiste, son choix n’est pas inconséquent. De là à supposer qu’une majorité des jurés aient décidé de couronner un ouvrage aussi lamentable qu'on nous le dit, c’est jeter le discrédit sur des parlementaires autant que sur l’ouvrage !

Il est donc un reproche qu’on ne peut pas faire aux auteurs : celui de manquer de conviction et d'ardeur juvénile dans l'expression de leurs opinions, malgré leur statut élevé dans le monde de la recherche scientifique française.
Je n’ai cependant pas été convaincu par leur tribune, qui, curieusement, dénonce chez Caroline Fourest (en grande partie injustement, à mon avis) des défauts dont elle-même est remplie : invectives et absence d’argumentation. Cela fait un peu penser à certains monuments de l’histoire judiciaire, les réquisitoires de procès de Moscou, par exemple. Je précise, afin d’éviter tout malentendu que si M. Baubérot et ses collègues ont dans une certaine mesure la même façon de penser, ou d’exprimer leurs opinions, que le non regretté Vychinski, ils ne présentent pas le caractère de dangerosité institutionnelle de ce personnage à l’égard des personnes qu’ils mettent en cause, pas plus du reste que Caroline Fourest à l’égard de celles qu’elle « dénonce ». »

Autres thèmes (ces paragraphes n'ont pas été transmis au Monde)
Philosophes autoproclamés
Dans leur tribune, les auteurs utilisent cette formule sans citer aucun nom. Peut-être veulent-ils éviter l’attitude « délatrice » qu’ils reprochent à Caroline Fourest. Néanmoins, je suppose que « autoproclamé » ne peut pas être considéré comme un éloge, cela jette le discrédit sur un groupe indéfini de personnalités, à charge pour le lecteur de comprendre de qui il s’agit : Alain Finkielkraut ? Pascal Bruckner ? Michel Onfray ? Gilles Kepel ? En pratique, il serait plus intéressant que les auteurs aient pris leurs responsabilités et donné au moins le nom des « meneurs » (pour rester sur le registre de la rhétorique répressive).
Disqualifier comme « islamiste » tout musulman qui …
Caroline Fourest évoque des personnes de tradition musulmane devenues athées, mais aussi des musulmans d’orientation laïque, tout en ayant conservé leur religion.
Page 27 :
« ProChoix s'est donc mis à mener des enquêtes sur l'intégrisme musulman...mais en prenant mille fois plus de précautions pour distinguer "islam" (la religion) et "islamisme" (l'intégrisme) que nous ne l'avons jamais fait pour distinguer le christianisme de sa tentation intégriste. »
Page 137 :
« des militants croyants qui n'ont toutefois jamais réduit "leur identité à leur religion". »
Page 155 :
« le mot "islamisme" désigne non pas la religion musulmane mais l'idéologie politique réactionnaire et intégriste produite au nom de l'islam. »
Absence d’argumentation
Le livre n’a pas pour sujet l’islamisme, la dangerosité de l’islamisme étant pour elle un point de départ (elle part d’autres livres qu’elle a écrits), elle ne cherche effectivement pas à prouver cette dangerosité ; le sujet du livre, c’est l’attitude d’une partie de la gauche (principalement ; elle évoque aussi la droite, mais de façon secondaire). Sur ce point précis, la notion d’absence d’argumentation n’est pas acceptable. Elle cite de nombreux textes, de nombreux faits (voir, par exemple, le passage sur Tariq Ramadan, supra).
Eluder la question des alliances surprenantes
Ce n’est pas tout à fait exact ; ce point est évoqué… Peut-être que Caroline Fourest ne développe-t-elle pas suffisamment, mais elle n’ignore pas le problème.

Conclusion
Je me dois de dénoncer une lamentable collusion : en 2006, la bande à Baubérot produit un faux ; en 2017, Magnaudeix fait sans la moindre hésitation usage de ce faux.
Le reste de son article est du même acabit. Je reconnais volontiers qu’il ne présente pas les mêmes symptômes de déchaînement intellectuel que la tribune de la bande.

Ajouts (30 novembre 2017)
1) La bande à Baubérot existe encore
Lors de l'affaire Bianco/Observatoire de la laïcité en janvier 2016, la pétition de soutien à Bianco est fortement promue par Baubérot et Liogier, et on retrouve parmi les signataires Fregosi et Geisser (voir article dans la revue de Caroline Fourest, Prochoix (lien).
En revanche, ils n'ont pas participé à la tribune dirigée contre Kamel Daoud (Le Monde, 11 février 2016, lien), texte dans lequel un Algérien était accusé de racisme antimusulman.
2) Le rôle du Monde
Quelle est sa part de responsabilité (question concernant tout organe médiatique qui publie une tribune) ? Certes, il n'est pas « l'auteur », mais il donne, au moins de facto, une caution importante à ce qui, à l'analyse, est un pensum mensonger, qui de surcroît ne respecte pas les normes de l'expression civilisée. Personne du Monde n'a lu la tribune avant de la publier ? Personne n'a tiqué devant l'avalanche de termes méprisants et blessants ? 
Bon, d'accord, déjà en 2006, je considérais Le Monde comme un journal le plus souvent immonde, avec notamment le boucher, mais tout le monde ne pense pas la même chose.



Création : 29 novembre 2017
Mise à jour : 30 novembre 2017
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 26. La bande à Baubérot
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lundi 27 novembre 2017

25. La moustache à Plenel

A propos de la caricature d’Edwy Plenel dans Charlie Hebdo


Classement :




Référence
*Charlie Hebdo, n°1320, 8 novembre 2017, page 1

Texte et image
(version publiée dans L'Express)
« Affaire Ramadan, Mediapart révèle : "ON NE SAVAIT PAS" »

La réaction de Plenel (alias Moustacha Kamal)
Visiblement, Plenel n’a pas apprécié. Il a exprimé ses sentiments en montant rapidement très haut : « ils ont beau me haïr, ils ne m’apprendront pas la haine » (il cite Romain Rolland) ; il parle ensuite de « l’affiche rouge de Charlie Hebdo » puis affirme péremptoirement que cela fait partie d’une campagne de « guerre contre les musulmans ».
Il a reçu le soutien de 130 personnes (dont Piketty, que, vu son manque d’humour, on imagine bien « indigné », de Haas) qui estiment que cette couverture met gravement en cause un média indépendant, honorable, etc. avant de recourir à du vocabulaire extrême (« une couverture haineuse et diffamatoire »).

Le dit et le non-dit de la une de Charlie Hebdo
Le dit
« Affaire Tariq Ramadan
Mediapart : on ne savait pas ».
Tout ce qu’on peut reprocher à cet énoncé, c’est de ne pas tenir compte de la présomption d’innocence de Ramadan (dans le domaine sexuel). Le texte suppose que Ramadan est coupable et que Mediapart, qui est assez proche de lui, est un peu dans la mouise à cause de cette affaire. La parade défensive « on ne savait pas » est évidemment un peu bancale pour un organe qui se prétend « d’investigation ».

Le non-dit
1) le double jeu idéologique de Ramadan
Du point de vue de Charlie, ce n’est pas le comportement sexuel de Ramadan qui importe réellement (encore que cette affaire soit plutôt amusante concernant un « dignitaire » si propre sur lui, qui n’aime pas les femmes adultères), c’est son double jeu dans le domaine idéologique. Pour Charlie, Ramadan est un islamiste, certes pas terroriste, mais tout de même ambigu dans le domaine politico-institutionnel (refusant de condamner catégoriquement la lapidation, par exemple).
Et sur ce plan, il est évident que Mediapart en général, et Plenel en particulier, ont fait le maximum pour ignorer ou plutôt pour occulter le double jeu de Ramadan, qu’ils ont toujours préféré à Abdelwahab Meddeb ou à Abdennour Bidar.

2) Edwy Plenel est ridicule
La une de Charlie Hebdo est certainement méchante et vacharde, mais ne marque pas la moindre « haine » envers Plenel, seulement  la volonté de profiter de l’affaire Ramadan pour le ridiculiser et lui marquer un certain mépris (plutôt amusé que tranchant, du reste).
Pour cela, Coco s’attaque à un détail physique de la personne de Plenel : la moustache, qu’il arbore avec tant de fierté. En la dotant de petits bras et mains, elle en fait l’instrument de l’ignorance de Plenel et ridiculise à la fois la moustache et la personnalité de Plenel.
En l’occurrence, il ne s’agit pas d’une infirmité (une bosse, un pied bot), mais d’un attribut facultatif que Plenel a choisi d'arborer et dont il a choisi la forme, plutôt voyante.
Je suppose que Plenel n’avait jusqu'à cette date jamais subi publiquement d’atteinte à sa grosse moustache ; ne pouvant s’indigner (comme il aurait pu le faire si on avait ironisé sur une bosse), au lieu d’assumer (en la fermant, ou en ironisant gentiment), il adopte la posture de l’offense politique majeure (contre Mediapart, contre les musulmans) et porte le conflit à des niveaux qu’il n’avait pas lieu d’atteindre. En fin de compte, la « haine » dont il parle n’est pas celle que Charlie Hebdo n’a pas pour lui, mais celle que lui a pour Charlie Hebdo (pas pour Coco, auteur du dessin, mais pour un journal que, cependant, « il ne lit pas »).
Un détail intéressant de la caricature est la véracité du dessin des yeux de Plenel, cette espèce de sourire qu’il a dans les yeux, quand du moins, il parle, à Mediapart, avec des « amis », quand il veut leur manifester son infinie bienveillance. Le réalisme du dessin des yeux contraste avec le délire du dessin de la moustache !

3) les musulmans
Seuls sont mis en cause dans cette une : Ramadan, Plenel et Mediapart. En aucun cas, les musulmans ne le sont. « Les musulmans » ne font nullement partie du non-dit. Il est donc remarquable que Plenel les ait réintroduit dans le débat sur cette une.
Apparemment, il ne voit pas ce qui est évident (le double jeu de Ramadan) mais voit ce qui n’est pas (les musulmans dans la une de Charlie). Peut-être pensait-il à la une précédente (« Je suis le sixième pilier de l’islam »), où les musulmans ne sont pas plus présents, du reste, mais l’islam, oui.

De Plenel à Strauss-Kahn
La réaction de Plenel me fait un peu penser à la réaction de Strauss-Kahn après la chronique de Stéphane Guillon : venu à France Inter pour parler de son rôle comme directeur du FMI et de sa future candidature à la présidence de la République, il est mis en cause par l’humoriste, de façon vacharde et méchante, mais hilarante, sur son comportement sexuel (ceci bien avant l'affaire de New-York) ; réaction : il la joue « colère froide » (non-dit : « tu as de la chance que je ne sois pas Staline »). Deux ans après, il se retrouve en taule pour avoir fait ce dont il s’était indigné que Stéphane Guillon l’évoque (agresser une femme).



Création : 27 novembre 2017
Mise à jour : 10 décembre 2017 (illustration)
Révision : 8 septembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 25. La moustache à Plenel
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jeudi 23 novembre 2017

24. Alain Finkielkraut et les vaches carnivores

A propos d’un lieu commun inadéquat


Classement :




Dans l’émission Répliques du 4 novembre 2017, consacré au film d’Hubert Charuel, Petit paysan, Alain Finkielkraut a repris une formulation fréquemment utilisée à l’époque de la crise de l’ESB : « Les vaches tombaient malades parce qu’on les avait rendues carnivores ».
Il me semble que cette formule n’est pas adéquate.
1) Tout d’abord, les vaches sont tombées malades parce qu’on leur fournissait une nourriture (farine de viande) contaminée par la tremblante du mouton ; en revanche les farines de poisson n’ont provoqué (pour autant que je sache) aucune maladie chez les vaches, ni les farines de viande non contaminées.
2) D’autre part, peut-on qualifier de « carnivore » l’absorption de farines de viande ?

Lorsqu’on prononce ce mot, on évoque presque automatiquement des images de dents acérées, de lacération, d’arrachement de chairs sanguinolentes, etc. Ce n’est évidemment pas le cas. Les dents des vaches n’avaient nul besoin de devenir plus pointues, ni leur pelage de se doter de rayures noires.
D’un point de vue plus scientifique, peut-on assimiler la consommation de viande (fraîche ou cuite), de fibres, de graisse, de sang, donc, avec la consommation de farine produite à partir de viande animale. Il est évident qu’il n’y a pas d’analogie de structure (ce qui aurait des conséquences sur le plan digestif). Qu’en est-il sur le plan chimique : les composants de ces farines sont-ils équivalents à ceux de la viande ? (de la même façon, par exemple, qu’absorber du charbon de bois réduit en poudre, ce ne serait pas manger du bois, mais du carbone).

Il me semble qu’il y a dans cette phrase une dimension exagérément catastrophique. Une espèce de lieu commun apocalyptique (une évocation de l’inverse de l’ « âge d’or », période durant laquelle nos carnivores mangeaient de l’herbe).
Ce qui ne signifie pas qu’il y ait lieu de donner des farines, en particulier animales, à des vaches ! Mais pas non plus de dire un peu n’importe quoi…

Par ailleurs, cette émission montre qu’Alain Finkielkraut n’est pas préoccupé exclusivement par l’islam : ce jour-là, il s'intéressait aux problèmes de la paysannerie, de l'agriculture... 

Ajout (14 décembre 2017)
Les déclarations d'Alain Finkielkraut sur l'affaire Weinstein (destinée à détourner l'attention du machisme musulman) et sur les funérailles de Johnny Hallyday (les non souchiens n'y étaient pas) sont, disons, extrêmement décevantes...
A son sujet, un texte très intéressant de Claude Askolovitch sur Slate (lien).

Ajout (6 septembre 2018)
Ce jour, dans l'émission de France Inter Le téléphone sonne, thème : « Vegans contre viandards ».
Au début de l'émission, le scandale des vaches carnivores a été dûment quoique rapidement évoqué.
Envoyé un message : 
« Est-ce qu'une vache qui absorbait des farines d'origine animale, était devenue "carnivore" (attentant ainsi à l'ordre établi par Dieu, qui a justement puni le responsable, l'homme) ?
Les farines ne contiennent ni sang, ni "chair" : c'est de la chair qui a subi une telle transformation qu'elle n'en est plus vraiment. Être carnivore, cela implique de déchirer des fibres musculaires ; ce n'est plus le cas avec des farines (comment être carnivore quand on a perdu toutes ses dents en 1 leçon).
Le vrai problème dans l'histoire de la vache folle, c'était de donner des farines contaminées par la tremblante du mouton. Bon, je dis ça, je dis rien. Je ne suis pas journaliste...»




Création : 23 novembre 2017
Mise à jour : 6 septembre 2018
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 24. Alain Finkielkraut et les vaches carnivores
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/11/alain-finkielkraut-et-les-vaches.html








jeudi 9 novembre 2017

23. Quand les sociologues se mettent les pieds dans le plat

Quelques remarques sur ce que signifie poser ses godasses sur les sièges du RER, selon des sociologues


Classement : confusionnisme sociologique




Référence
*Serge Paugam, Bruno Cousin, Camila Giorgetti et Jules Naudet, Ce que les riches pensent des pauvres, Paris, Le Seuil, 2017, page 122

Texte
« Quelques interviewés se plaignent du fait que certains passagers, le plus souvent identifiés comme des hommes ou des jeunes garçons des classes populaires, dégradent l’environnement du train en crachant par terre dans les wagons ou à l’intérieur des stations, et en posant leurs pieds sur les sièges (cette dernière attitude étant aussi parfois perçue, on le verra ci-dessous, comme menaçante, du fait qu’elle est interprétée par les classes supérieures des beaux quartiers comme un refus ostentatoire des règles minimales d’urbanité, ce qui leur semble de mauvais augure en cas d’interaction). »

Analyse au pied de la lettre
Pour les auteurs de ces lignes, le fait que ces jeunes posent leurs pieds sur les sièges (des trains) constitue donc une preuve évidente (« ostentatoire ») de respect des règles élémentaires de politesse, et un très bon augure sur le déroulement de la conversation, au cas où il s’en produirait une !
Les riches (ces salopards) interprètent complètement de travers l’attitude de ces jeunes gens, à qui on ne saurait reprocher ni égoïsme, ni manque d’éducation.
Heureusement les sociologues sont là pour rétablir la possibilité du « vivre ensemble » : les jeunes gens occuperont deux sièges (dont un avec leurs pieds, ou plus exactement, leurs godasses) et les salopards resteront debout, mais ne devront pas du tout se sentir vexés, humiliés ou en colère. Ils donneront même volontiers du feu au jeune homme si celui-ci leur en demande.

Analyse plus subtile
Est-ce cela que pensent nos quatre lascars, les quatre zauteurs de ce livre, tous sociologues dûment certifiés ?
Non.
C’est pourtant ce qu’ils sous-entendent, de façon quasi « ostentatoire ».
Mais ils ne le pensent pas.
Ce qu’ils pensent, c’est que l’attitude consistant à poser ses pieds sur le fauteuil en face ne signifie pas CATÉGORIQUEMENT que ces jeunes le fassent consciemment comme une transgression, ni qu’ils adopteront un comportement hostile si on leur demande de libérer le siège.

Conclusion
De fait, il est possible que, sollicité (l'« interaction » envisagée plus haut), le jeune se fende d’un grand sourire franc et sympa, et retire ses godasses en s’excusant (ou pas).
Mais il est aussi possible qu’il réponde : « Va te faire foutre, je nique ta mère ! », ce qui n'est pas de très bon augure.
Personne ne sait ce qu’il fera. 
En tout cas, en aucun cas il ne posera son cul à l’endroit où il avait posé précédemment ses godasses, ni ne sortira son mouchoir pour essuyer le siège.
Et ni Paugam, ni Cousin, ni Giorgetti, ni Naudet, ne viendront le faire à sa place !



Création : 9 novembre 2017
Mise à jour :
Révision : 12 mars 2019
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 23. Quand les sociologues se mettent les pieds dans le plat
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/11/les-sociologues-mettent-les-pieds-sur.html








jeudi 2 novembre 2017

22. L'idéologie du don



Classement : confusionnisme post-bourdieusiste


Il est de bon ton chez les sociologues main stream de l'éducation (qui sont des post-bourdieusistes) de parler avec mépris ou dérision ou condescendance de ce qu’ils appellent « l’idéologie du don », le fait que dans nombre de familles la réussite scolaire de tel ou tel enfant était attribuée à un « don » personnel nécessaire à cette réussite.
Pour eux, c’est une idéologie car la vérité scientifique est qu’on réussit à l’école en fonction de ses origines sociales.

Il me semble que cette idée d'« idéologie du don » n’est pas adéquate. Il est évident qu’au niveau macro-social, on ne peut pas expliquer la réussite scolaire par des « dons », mais cette notion n’était pas utilisée au niveau macro-social, elle l’était à un niveau beaucoup moins élevé, au cours de conversations familiales ou amicales sans prétention intellectuelle : celui des familles (notamment populaires) où, parfois, il fallait bien constater que parmi les membres d’une phratrie, un ou plusieurs réussissaient à l’école (primaire, en premier lieu), tandis que d’autres étaient nettement en retrait. 

Je pourrais citer en exemple d’une famille bien connue de moi, où les parents étaient cheminots au niveau le plus bas (manœuvre et garde-barrière) : sur leurs trois enfants, une fille (seconde de la phratrie) a réussi, par le biais de la bourse de 6ème, de l’Ecole primaire supérieure de Savenay, puis de la bourse d’Ecole normale, à passer le baccalauréat et à devenir institutrice, alors que son frère (l’aîné) et sa sœur se sont contentés du CEP et de carrières d’ouvrier et d'ouvrière.

Ce fait, qui n’est pas isolé (on peut aussi citer, dans la littérature, le cas de Julien Sorel, l’intellectuel, le mouton noir de sa famille d’entrepreneurs du bois), est difficile à expliquer d’un point de vue macro-social, les conditions socio-économiques familiales n’ayant pas changé dans les quinze années (de l'entre-deux-guerres) où s'est déroulé le cursus scolaire de base de ces trois enfants.

Bien entendu, on peut supposer qu’il existe des explications relevant de l’histoire familiale, de l’histoire personnelle (rencontre d'un maître...), etc. Mais il est difficile de les établir rétrospectivement ; c’est pourquoi les familles et leurs proches tombaient d’accord pour dire « Elle est douée pour l’école, et les autres non ! ».

La notion de « don » n’est donc pas, à mon avis, une « idéologie », mais l’explication trop simple d’un fait bien réel, particulièrement visible à une époque où tout le monde ne faisait pas d’études secondaires, et qui n’a sans doute pas complètement disparu.

Du reste, la dénonciation rituelle de « l’idéologie du don » n’a aucun effet réel (notamment parce que les membres des familles populaires ne lisent pas, en général, d’articles de sociologie de l’éducation) : mais elle permet aux sociologues qui l’utilisent au détour d’un texte plus ou moins polémique de faire l’impasse sur les conditions réelles de la réussite scolaire, pour promouvoir une théorie qui n'est pas totalement adéquate. 
Le « don » n’est pas une notion suffisante pour faire avancer les choses, mais celle d’« idéologie du don » est encore plus inutile, elle ne fait que masquer l'ignorance et l’impuissance de ceux qui s’y réfèrent, elle ne fait que révéler leur lamentable suffisance intellectuelle.

Ajout 
Si on peut reprocher quelque chose à la notion de « don » en matière scolaire, c'est qu'elle induit, ou au moins est le résultat, d'une résignation vis-à-vis du système scolaire. Lorsqu'on invoque le don de tel enfant, on admet implicitement qu'on n'y pouvait rien, etc. Cette idée est évidemment fausse, mais il n'est pas facile d'en tirer les conséquences, surtout après coup. Elle jouait fortement dans les campagnes de Loire-Atlantique dans les années 1950 : au Gâvre, les enfants des familles de paysans, encore assez nombreux, et leurs parents, n'envisageaient pas d'études secondaires (en 1960-1961 encore) ; leur horizon d'attente était le CEP. Il fallait donc être particulièrement « doué » pour surmonter cette résignation familiale. 
Pour autant que je sache, il n'en allait pas de même dans un département pas très lointain, le Finistère, où l'accès aux études secondaires n'était pas considéré comme une grâce divine (et encore moins « bourdivine »). Ce qui explique par exemple qu'un village banal (Plozévet) ait pu fournir un nombre assez élevé de diplômés de l'enseignement supérieur...
Il est évident que la généralisation de l'accès à l'enseignement secondaire à partir des années 1960 a eu un effet concret très important : à l'heure actuelle, l'horizon d'attente de toutes les familles est bien au-dessus du niveau primaire. 

Ajout (18 octobre 2018) : don et mérite
Le refus de la notion de don s'accompagne dans la mouvance bourdieusienne du refus de la notion de mérite. Curieusement, on ne peut pas bénéficier de la grâce, mais on ne peut pas non plus obtenir le salut (la réussite scolaire) par les œuvres. 
Certains problèmes de l'idéologie bourdieusienne (c'est-à-dire tout ce qui dans les écrits de Bourdieu, et encore plus dans ceux de ses disciples, outrepasse l'observation scientifique et devient de l'idéologie) sont à mon avis correctement pointés par Jean-Claude Michéa (notamment dans Le Complexe d'Orphée).



Création : 2 novembre 2017
Mise à jour : 18 octobre 2018
Révision : 18 octobre 2018
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 22. L'idéologie du don
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/11/lideologie-du-don.html