vendredi 11 novembre 2016

7 Bouvet, il n'en fait pas partie, des élites ?

Sur un passage croquignolet de Laurent Bouvet, professeur de sciences politiques


Classement : confusionnisme bourdieusiste ; polémique pleine de mauvaise foi




Message adressé à Marianne, Courrier des lecteurs, suite à l’entrevue de Laurent Bouvet dans le numéro 1024 de Marianne (11 au 17 novembre 2016), page 12 : « L’enjeu c’est l’identité » (propos recueillis par Renaud Dély)

« Salut les poteaux !
Dans les propos de Bouvet, je trouve particulièrement gratiné le passage sur « l'excellence scolaire » : « les élites se claquemurent dans des ghettos de privilégiés et refusent de partager l'excellence scolaire avec des catégories populaires. »
N'importe quoi, mec* !
L'excellence scolaire, ce n'est pas aux « élites » de la « partager », c'est aux « catégories populaires » de l'atteindre ! Comment ? En bossant à l'école au lieu de passer leur temps à la mosquée* !
Bon, assez rigolé : qu'est-ce qu'y font ses gamins, à Bouvet ? Y seraient pas en prépa* à LLG* ou à H4* ?
Et quand un enfant de « prof* » entre à Normale sup' (Héloïse Letissier* par exemple, avant qu'elle devienne Christine and the Queens), c'est un représentant de l'élite ? Ou alors, Normale sup', c'est pas de l'excellence scolaire ?
Bref, Bouvet, y dit vraiment n'importe quoi par moment ! »

Notes
*mec !: en bon français, « man ! »
*à la mosquée : notation pleine de mauvaise foi ; il y a aussi ceux qui passent leur temps à l'église ou à la synagogue
*prépa : classe préparatoire aux grandes écoles
*LLG : Louis-le-Grand, lycée parisien d'élite 
*H4 : Henri-IV, lycée d'élite parisien
*prof : professeur de l'enseignement secondaire
*Héloïse Letissier : elle a fait ses études secondaires dans un collège de la banlieue de Nantes, puis dans un lycée de Nantes ; elle a été ensuite été reçue à l'Ecole normale supérieure de Lyon



Création : 11 novembre 2016
Mise à jour :
Révision : 29 septembre 2017
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 7 Bouvet, il en fait pas partie, des élites
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samedi 22 octobre 2016

6 Déchaînement anti-profs



Classement : tics médiatiques


Le monde médiatique fait preuve, à l'encontre des professeurs de l'enseignement secondaire, d'un mépris condescendant, dont le marqueur le plus important est l'utilisation systématique du terme « prof ». 
J'en ai donné un exemple comique sur la page Graves incivilités à Bordeaux (journal Sud-Ouest du 7 octobre 2016).
En voici quelques autres : 

*Blog du Monde, 20 septembre 2016 (lien)
Un article de Violaine Morin est intitulé :
Deux profs d’histoire détricotent les propos de Nicolas Sarkozy sur les « Gaulois »
Il s'agit de Mathilde Larrère, « maître de conférences à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée », et Laurence De Cock, « professeure d’histoire-géographie à Paris » [notons comment la « prof » du titre devient « professeure » dans le corps de l'article]. Les conceptions déconstructionnistes et la pratique de l'histoire à coup de touite de Mesdames Larrère et De Cock mériteraient par ailleurs une analyse sérieuse.

*Aujourd'hui, 18 octobre 2016
Partis à la chepê, tiens !

*Marianne, 21 octobre 2016
Cependant, à l'intérieur, l'article d'Alain Bentolila est titré « Ces agressions de professeurs que nous ne pouvons plus tolérer » ; dans l'article lui-même, il emploie le plus souvent le mot « enseignants ».
Dans le même numéro de Marianne, l'éditorial de Renaud Dély « Une colère bleue » énonce : 
Flics, profs, même combat !

*Libération, 6 décembre 2016, page 12, chapeau d'un article de Marie Piquemal, alias M. Pi
Les profs, c'est pas des balances !

*Un ouvrage grand public

*Marianne, 9 décembre 2016, couverture
Dans le même numéro : 


*Causeur, décembre 2016, page 22, article de Régis Soubrouillard, « Collège : ces langues mortes qu'on assassine »

Comment peut-on être « prof de lettres classiques » ? De lettres modernes (voire postmodernes), à la rigueur...



Création : 22 octobre 2016
Mise à jour : 16 février 2017
Révision : 29 septembre 2017
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 6 Déchaînement anti-profs
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2016/10/dechainement-anti-profs.html








vendredi 14 octobre 2016

5 Graves incivilités à Bordeaux



Classement : tics médiatiques 



Sans oublier l'incivilité des journalistes qui les appellent « profs » !

Notes
*Extrait de Sud-Ouest (Bordeaux Rive Gauche) du vendredi 7 octobre 2016
*le lycée Nicolas Brémontier (152, Cours de l'Yser) est situé entre le centre de Bordeaux et la gare Saint-Jean.

A suivre
*Déchaînement anti-profs, créée le 22 octobre 2016



Création : 14 octobre 2016
Mise à jour :
Révision : 29 septembre 2017
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 5 Graves incivilités à Bordeaux
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mercredi 12 octobre 2016

4 Les conventions ZEP de Science Po



Classement : confusionnisme médiatique ; bourdieusisme médiatique 
  

Le problème avec les conventions ZEP de l’IEP de Paris, ce n’est pas leur existence, mais la rhétorique médiatique mystificatrice qui les entoure (que j'étudierai éventuellement ultérieurement). Je me bornerai ici à un point précis.

Un problème essentiel est l’occultation par ces médias d’un fait très simple : si ces conventions ZEP n’existaient pas, il est probable que les intéressés ne seraient pas allés à Sciences Po, mais est-ce que pour autant ils n’auraient pas fait des études correctes ? Science Po recrute des élèves de ZEP qui lui paraissent capables de réussir le diplôme maison, c'est-à-dire, globalement, des élèves qui ne sont pas mauvais, pour ne pas dire plus. Hors de Sciences Po, ils auraient probablement suivi, au minimum, un cursus de BTS ou d’IUT, et auraient sans doute poursuivi au-delà des deux années correspondant à ces diplômes. D’ailleurs, très concrètement, on pourrait se demander ce qu’il advient de ceux que Sciences Po n’a pas recruté, mais qui étaient proches des derniers admis…
Bien entendu, Sciences Po est une école plus prestigieuse (bof), mais pas l’alpha et l’oméga de toute formation !



Création : 12 octobre 2016
Mise à jour : 
Révision : 29 septembre 2017
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 4 Les conventions ZEP de Science Po
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dimanche 4 septembre 2016

3 Olivier Postel-Vinay, Bourdieu et les élites



Classement : Bourdieusisme médiatique


Dans sa récente (1° septembre 2016) tribune de Libération, OPV fait la promotion de la sélection méritocratique à l'Université, victime (selon lui) d'une démagogique ouverture à tous les bacheliers, signalant au passage que "les élites, pour assurer leur reproduction, misent sur sur le système hyper-sélectif des grandes écoles".

Cela nous apprend deux choses sur OPV : 
1) il ne se considère pas comme faisant partie des élites ;
2) il croit intelligent, pour dénoncer ces "élites" dont il ne fait pas partie, de faire allusion aux théories de Pierre Bourdieu.

Sur le premier point, on se demande à quelle couche sociale appartient le directeur d'une publication portant le titre de Books (Livres, pour dire les choses simplement) ; mais peut-être se considère-t-il en fait comme membre d'une élite de niveau mondial et est-ce à ce titre qu'il critique les élites françaises (provinciales)...
Sur le second, on peut d'abord se demander ce que signifie le terme "miser" dans ce contexte ; cette référence au monde du pari (miser sur le mauvais cheval) est particulièrement inepte à propos d'un système (les grandes écoles) où le hasard a peu de place dans la réussite (bien qu'il en ait sans doute une à la marge). 
Et puis, en réalité, les "grandes écoles" ne jouent pas un si grand rôle que cela pour la "reproduction des élites" (en revanche, elles en jouent un dans leur structuration, à travers les réseaux dont elles sont le fondement). Les "grandes écoles" ne sont que de la poudre aux yeux pour les élites, et le fondement de leur reproduction, c'est 1) le pognon 2) les liens familiaux 3) les liens personnels. Le passage par les "grandes écoles" (Ernest-Antoine Seillière, par exemple) n'est qu'un ornement supplémentaire, une amusette, une marque de condescendance envers le bon peuple...
Mais, bien entendu, pour OPV, spécialiste du lieu commun mystificateur, il est important de faire croire que le facteur secondaire est plus important que les facteurs principaux.

Ajout
En fait, c'est un peu plus compliqué ; l'accès aux très grandes écoles est une épreuve pénible pour les individus qui s'y essaient, quels que soient la fortune familiale et le soi-disant "capital culturel" ; cela constitue une sorte de "contrainte méritocratique" qui va à l'encontre d'une tendance aristocratique à la nonchalance scolaire (opposition ancienne entre l'homme de goût et le pédant de collège). L'investissement des grandes écoles par les enfants de familles de la classe dirigeante indique de leur part une acceptation de la démocratie scolaire : mais le résultat de cette "démocratisation" est l'éviction de candidats issus de familles moins favorisées, de sorte que le recrutement paraît actuellement moins démocratique qu'il y a une quarantaine d'années (il y a sans doute d'autres raisons).
Mais cela ne remet pas en cause le fait que l'analyse d'OPV est superficielle.




Création : 4 septembre 2016
Mise à jour : 22 septembre 2020
Révision : 22 septembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 3 Olivier Postel-Vinay, Bourdieu et les élites
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2016/09/3-olivier-postel-vinay-bourdieu-et-les.html








samedi 3 septembre 2016

2 La jeune musulmane et la science



Classement : l'islam entre tradition et modernité


Dans un article récent (dont je n'ai pas la référence, peut-être un OBS d'avril, mai ou juin 2016), était évoqué le cas d’une jeune musulmane scolarisée en Terminale S, qui déclarait : « La théorie de l’évolution ? Bah, ce n’est qu’une théorie… ».
Sous entendu : ça n’a donc pas plus de valeur que la théorie musulmane sur le sujet des origines de l’espèce humaine.
Libre à elle de « penser » cela, mais quand on parle de « théorie de l’évolution », il s’agit non pas d’une « simple supposition », mais de l’ « interprétation méthodique d’un certain nombre de faits », tels que l’existence de tels et tels fossiles, etc. etc. (il y en a beaucoup).
La théorie de l’évolution, ce n’est pas une simple phrase : « L’homme descend du singe », à laquelle on pourrait opposer une autre phrase : « L’homme a été créé par Allah ».
Phrase dont la seule caution est d’être supposément d’origine divine.

Conclusion
Le fait que cette jeune musulmane soit en Terminale S ne prouve en rien qu’elle soit le moins du monde scientifique (pas plus que les ingénieurs djihadistes du 11 septembre ne l'étaient). On la qualifierait plus volontiers comme une imbécile heureuse...
Sa déclaration montre en revanche l'anachronisme intellectuel de l'islam mainstream, qui contrairement au christianisme (à une bonne partie du moins), refuse encore de prendre en compte un certain nombre d'avancées réalisées depuis la fin de l'Antiquité...



Création : 3 septembre 2016
Mise à jour : 22 septembre 2020
Révision : 22 septembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 2 La jeune musulmane et la science
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2016/09/la-jeune-musulmane-et-la-science.html








jeudi 1 septembre 2016

1 Histoire, Europe, islam



Classement : l'islam, entre tradition et modernité


Salaam aleïkoum !
Dans le Monde diplomatique d'août 2016, Mrs. Dérens et Geslin, spécialistes des Balkans, écrivent à propos du Plus vieil islam d'Europe : « Victor Orban affirmait : "L'islam n'a rien à voir avec l'Europe." [...] Il s'est attiré une verte réponse du chef de la communauté islamique de Bosnie-Herzégovine. Le reis-ul-ulema Husein Kavazavic lui a rappelé que le judaïsme et le christianisme étaient également nés hors d'Europe. »
C'est malheureusement un petit sophisme, au moins en ce qui concerne le christianisme qui, certes originaire de Palestine, est surtout né dans l'Empire romain, dont l'Europe actuelle est un lointain avatar : le christianisme est véritablement né lorsque les chrétiens ont décidé de rompre avec le judaïsme (abandon de la circoncision) et de quitter la Palestine ; politiquement, l'histoire du christianisme a été très tôt liée à à l'histoire de l'Empire romain en général, plus particulièrement à celle de Rome, dès la première génération (Pierre évêque de la Ville) ; intellectuellement, il a été très tôt lié avec la pensée grecque de l'Antiquité, autre source de la pensée européenne.
Bien entendu, le point de vue d'Orban  ne reflétait que son ignorance et son racisme religieux ; mais cela n'oblige pas a cautionner comme parole d'évangile le point de vue simpliste d'un dignitaire musulman, fût-il reis-ul-ulema !

Compléments 
Vu d'aujourd'hui, il apparaît que le christianisme « européen », c'est celui de l'Empire romain d'Occident, qui fut longtemps en position d'infériorité face au christianisme de l'Empire d'Orient, mais  le christianisme d'Occident, à travers les phases et épreuves du christianisme médiéval (aristotélicien), de la lutte entre la Papauté et l'Empire, de la Renaissance, de la Réforme, de la Modernité scientifique et politique, de la déchristianisation, de la laïcisation, est effectivement une composante de l'Europe actuelle. alors que le christianisme d'Orient, devenu christianisme orthodoxe, a sombré dans l'absence de réflexion intellectuelle, l'inféodation au pouvoir politique et le repli sur des routines « médiévales », de sorte que l'« européanité » des pays de religion orthodoxe est sujette à caution (bien sûr, les individus qui y vivent peuvent être pleinement européens...).
Par là, il se rapproche de l'islam, qui à une époque lointaine, a été en connexion avec la pensée gréco-romaine, mais qui, par ses dérives hanbalite, puis wahabbite, a sombré dans une bien pire régression intellectuelle, dont le djihadisme actuel est la pointe la plus sauvage et le port du burkini l'aspect le plus grotesque.
Donc, malgré le reis-ul-ulema Kavazavic, malgré les musulmans des Balkans, malgré le Monde diplomatique, j'aurais tendance à penser que l'islam actuel a peu de chose à voir avec la civilisation européenne actuelle (en revanche, il a beaucoup à voir avec la civilisation européenne médiévale, dans laquelle le christianisme s'est illustré par les campagnes de conversion militaire (sous Charlemagne, par exemple), puis les croisades. 



Création : 1° septembre 2016

Mise à jour : 29 mars 2017
Révision : 22 septembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 1 Histoire, Europe, islam
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2016/09/histoire-et-islam.html